(Minneapolis) La colère suscitée par la mort d’un Afro-Américain aux mains de la police de Minneapolis a alimenté de nouvelles émeutes dans la nuit de vendredi à samedi et les manifestations se sont multipliées dans le pays, y compris sous les fenêtres de Donald Trump.

Malgré l’arrestation d’un des agents impliqués dans le drame, le déploiement de 500 soldats de la Garde nationale et l’imposition d’un couvre-feu n’ont pas empêché la grande ville du Minnesota de s’embraser pour la quatrième nuit consécutive.  

Des milliers de manifestants ont d’abord défilé pacifiquement en mémoire de George Floyd, un Afro-américain de 46 ans, mort lundi juste après son arrestation.

Mais dans la nuit, la situation a dégénéré auprès d’un commissariat du sud de la ville, avec plusieurs commerces incendiés, de nouveaux pillages et de nombreuses dégradations.  

  • Un manifestant se tient devant un immeuble incendié lors d'une manifestation à Minneapolis, vendredi soir.

    PHOTO CHANDAN KHANNA, AGENCE FRANCE-PRESSE

    Un manifestant se tient devant un immeuble incendié lors d'une manifestation à Minneapolis, vendredi soir.

  • Des manifestants lèvent les mains alors qu'ils regardent en direction des forces policières, à Minneapolis.

    PHOTO CHANDAN KHANNA, AGENCE FRANCE-PRESSE

    Des manifestants lèvent les mains alors qu'ils regardent en direction des forces policières, à Minneapolis.

  • Boaz Brownader montre une marque laissée par des éclats de gaz lacrymogènes lors d'une manifestation à Minneapolis.

    PHOTO CHANDAN KHANNA, AGENCE FRANCE-PRESSE

    Boaz Brownader montre une marque laissée par des éclats de gaz lacrymogènes lors d'une manifestation à Minneapolis.

  • Un manifestant confronte des policiers lors d'une manifestation à Los Angeles.

    PHOTO MARK RALSTON, AGENCE FRANCE-PRESSE

    Un manifestant confronte des policiers lors d'une manifestation à Los Angeles.

  • Un policier procède à l'arrestation d'un manifestant lors d'affrontements survenus à Boston.

    PHOTO JOSEPH PREZIOSO, AGENCE FRANCE-PRESSE

    Un policier procède à l'arrestation d'un manifestant lors d'affrontements survenus à Boston.

  • Une manifestante reçoit de l'aide après avoir été blessée lors d'un rassemblement à Boston.

    PHOTO JOSEPH PREZIOSO, AGENCE FRANCE-PRESSE

    Une manifestante reçoit de l'aide après avoir été blessée lors d'un rassemblement à Boston.

  • Des policiers de New York ont arrêté un manifestant lors d'un rassemblement Black Lives Matter.

    PHOTO TIMOTHY A. CLARY, AGENCE FRANCE-PRESSE

    Des policiers de New York ont arrêté un manifestant lors d'un rassemblement Black Lives Matter.

  • Un manifestant s'est couché au sol pour reproduire une scène ressemblant aux derniers moments de George Flyod, au Square Foley de New York.

    PHOTO TIMOTHY A. CLARY, AGENCE FRANCE-PRESSE

    Un manifestant s'est couché au sol pour reproduire une scène ressemblant aux derniers moments de George Flyod, au Square Foley de New York.

  • Une manifestation a été organisée devant le Barclays Center de Brooklyn.

    PHOTO ANGELA WEISS, AGENCE FRANCE-PRESSE

    Une manifestation a été organisée devant le Barclays Center de Brooklyn.

  • Des manifestants ont vandalisé le logo de CNN à l'extérieur du siège social d'Atlanta.

    PHOTO MIKE STEWART, ASSOCIATED PRESS

    Des manifestants ont vandalisé le logo de CNN à l'extérieur du siège social d'Atlanta.

  • Du lait a été aspergé dans le visage d'un manifestant victime des gaz lacrymogènes.

    PHOTO ANGELA WEISS, AGENCE FRANCE-PRESSE

    Du lait a été aspergé dans le visage d'un manifestant victime des gaz lacrymogènes.

  • Des policiers de Minneapolis ont utilisé des gaz lacrymogènes lors des manifestations.

    PHOTO CHANDAN KHANNA, AGENCE FRANCE-PRESSE

    Des policiers de Minneapolis ont utilisé des gaz lacrymogènes lors des manifestations.

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Les soldats et policiers anti-émeutes ont tiré des gaz lacrymogènes et des fumigènes pour éviter que ce commissariat ne subisse le même sort qu’un autre, incendié la veille au soir après avoir été déserté par ses occupants.

« La situation est extrêmement dangereuse », a lancé le gouverneur de l’État, Tim Walz lors d’une conférence de presse improvisée au milieu de la nuit pour appeler au calme. « Il n’y a rien d’honorable à brûler votre ville », a renchéri, à ses côtés, le maire Jacob Frey.  

« Chiens féroces »

La tension est également montée dans le reste du pays. Des centaines de personnes se sont rassemblées à New York, Dallas, Houston, ville d’origine de la victime, ou encore Las Vegas, Des Moines, Memphis et Portland, y compris devant la Maison-Blanche, à Washington.

Samedi, M. Trump a dénoncé les « cris et les diatribes » de ceux qu’il a qualifiés de « pseudo-manifestants », se réjouissant de l’efficacité de la police fédérale spécialisée dans la protection des personnalités.

« J’étais à l’intérieur, j’ai tout vu », a-t-il tweeté. « Personne n’est parvenu à rompre la clôture. S’ils l’avaient fait, ils auraient été accueillis par les chiens les plus féroces et les armes les plus menaçantes ».  

À Atlanta, des véhicules de patrouille de la police ont été brûlés.

Partout, les manifestants ont dénoncé les bavures policières et les disparités raciales. Et surtout, ils ont exigé justice pour George Floyd qui, dont l’arrestation mortelle a été filmée dans une vidéo devenue virale.

Le policier blanc Derek Chauvin qui, sur cette vidéo, maintient son genou pendant de longues minutes sur le cou du quadragénaire, a été arrêté vendredi et inculpé pour « homicide involontaire » et « acte cruel et dangereux ayant causé la mort ».  

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE DARNELLA FRAZIERVIA AFP

Derek Chauvin, agenouillé sur le cou de George Floyd lors de son arrestation, a été accusé de meurtre au troisième degré et d'homicide involontaire.

La famille de la victime a salué ce développement comme un premier pas sur « la voie de la justice », mais l’a jugé « tardif » et insuffisant.

« Nous voulons une inculpation pour homicide volontaire avec préméditation. Et nous voulons voir arrêtés » les trois autres agents impliqués dans le drame, a-t-elle affirmé dans un communiqué.

Ces derniers ont immédiatement été licenciés, comme Derek Chauvin, mais ne font encore l’objet d’aucune poursuite.

« Il faut qu’ils enferment ces gars », a lancé dans la nuit une femme noire de 34 ans croisée à Minneapolis, qui a requis l’anonymat. « C’est trop tard, maintenant tout va brûler », a-t-elle regretté, alors qu’un groupe de pilleurs entraient dans la boutique d’un prêteur sur gages.

L’armée en alerte

Selon les autorités, des tirs ont visés des policiers non loin de là.

Pour faire face à la gravité de la situation, des renforts militaires vont être portés à 1700 à Minneapolis et dans la ville voisine de Saint-Paul, d’ici à samedi soir, a annoncé dans la nuit le major-général Jon Jensen, qui dirige la Garde nationale du Minnesota.

Le président « a demandé au Pentagone de placer des unités de l’armée en alerte pour qu’elles puissent éventuellement intervenir à Minneapolis », a-t-il ajouté en estimant « prudent d’étendre les options disponibles » pour sécuriser la ville.

Donald Trump, qui a dénoncé à plusieurs reprises un crime « tragique », s’en était pris jeudi aux « casseurs ». « Les pillages seront immédiatement accueillis par les balles », avait ajouté dans un tweet, que le réseau social a décidé de signaler comme une « apologie de la violence ».

Sur un ton diamétralement opposé, son prédécesseur démocrate Barack Obama a dit partager « la détresse » des millions d’Afro-Américains, pour lesquels « être traités différemment sur la base de la race est tragiquement, douloureusement et de façon rageante “normal” ».   

L’émotion a dépassé les frontières américaines, et des appels à rendre justice à George Floyd se multipliaient sur les réseaux sociaux dans plusieurs pays.

L’affaire rappelle la mort d’Eric Garner, un homme noir décédé en 2014 à New York après avoir été asphyxié lors de son arrestation par des policiers blancs. Lui aussi avait dit « Je ne peux pas respirer », une phrase devenue un cri de ralliement du mouvement Black Lives Matter (« La vie des Noirs compte »).

« Trop c’est trop », a dit sa mère, Gwen Carr, à New York vendredi. « Il faut qu’ils arrêtent de venir dans nos quartiers et de terroriser et tuer nos jeunes ».

Un cocktail molotov dans une voiture de police occupée à New York

Une femme a lancé un cocktail molotov à l’intérieur d’un véhicule de police occupé par quatre agents à New York, lors d’une manifestation organisée après la mort de George Floyd, un Noir américain tué par un policier, a indiqué samedi à l’AFP la police de New York.

À proximité du Brooklyn Museum, une jeune femme de 27 ans a lancé le cocktail molotov sur la vitre arrière du van, qui s’est brisée sous le choc, a indiqué une porte-parole, mais les quatre policiers ont eu le temps de sortir du véhicule sans dommage.

Ils ont ensuite interpellé, notamment pour « tentative de meurtre d’un officier de police », cette femme venue du nord de l’État de New York, ainsi que sa sœur, qui tentait de s’interposer.

« C’est un miracle qu’aucun officier de police ne soit mort » lors des manifestations qui ont eu lieu vendredi à New York, a commenté le chef de la polie de New York Dermot Shea lors d’une conférence de presse samedi.

Plusieurs manifestations ont été organisées jeudi et vendredi à New York, tout comme dans de nombreuses villes américaines, pour protester contre les violences policières visant les Noirs après la mort de George Floyd lors d’une interpellation musclée à Minneapolis, lundi.

Après la tenue d’une première manifestation plus modeste au sud de Manhattan, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées vendredi en fin d’après-midi devant le Barclays Center, salle de spectacle de Brooklyn.

Durant plusieurs heures, de petits groupes de manifestants se sont ensuite opposés à la police, qui a procédé à plus de 200 interpellations, a indiqué Dermot Shea.

« C’était une manifestation bien préparée pour provoquer destruction et chaos », a-t-il affirmé, se référant notamment à des appels lancés via les réseaux sociaux.

D’autres manifestations étaient prévues durant le week-end, notamment à Harlem en début d’après-midi samedi.