(Washington) Confiné chez lui depuis plus d’un mois, visé par une accusation d’agression sexuelle, le candidat démocrate à la Maison-Blanche Joe Biden reste peu audible dans un pays centré sur la crise de la COVID-19, malgré une série de soutiens de poids, avec, lundi, la puissante chef du Congrès, Nancy Pelosi.

« Alors que nous affrontons le coronavirus, Joe a été la voix de la raison et de la ténacité, en traçant un chemin clair pour nous mener hors de cette crise », a affirmé la présidente démocrate de la Chambre des représentants, dressant un contraste à peine voilé avec le président républicain Donald Trump, qui l’affrontera le 3 novembre.  

Plus de 2500 élus et personnalités se sont déjà ralliés à sa candidature, selon son équipe, avec en tête d’affiche Barack Obama, toujours très populaire chez les démocrates, et deux de ses grands anciens rivaux progressistes, les sénateurs Bernie Sanders et Elizabeth Warren.  

S’il ne sera officiellement désigné candidat démocrate que lors de la convention du parti, repoussée au mois d’août à cause du coronavirus, un tel rassemblement aussi tôt dans une primaire démocrate est rare.

Cet avantage aurait pu lui permettre, en faisant tôt campagne sur le terrain, de tenter de combler l’avance prise par Donald Trump, candidat à sa réélection pratiquement depuis son arrivée à la Maison-Blanche.  

Mais la pandémie a tout paralysé.  

Coincé dans son sous-sol, où il a installé un studio de télévision, Joe Biden, 77 ans, multiplie les tables rondes, interviews et a lancé un podcast.  

Ses interventions percent à peine aux côtés d’un Donald Trump, 73 ans, ultra-présent dans les médias, et d’autres personnalités démocrates qui, elles, apparaissent en public, comme le gouverneur de New York, Andrew Cuomo.

Ne devrait-il pas tenter de faire campagne sur le terrain ? « Il aimerait beaucoup si cela était possible en ce moment, mais nous faisons très attention à suivre les consignes des autorités sanitaires », a déclaré à l’AFP un conseiller de Joe Biden.

Et le milliardaire peut pâtir de sa surexposition, rythmée par des déclarations parfois hâtives, comme lorsqu’il a semblé, la semaine dernière, envisager de traiter le coronavirus à coup de désinfectant.  

« Biden veut faire de cette élection plutôt un référendum sur Trump », analyse Kyle Kondik, politologue à l’université de Virginie. « Le fait que Trump domine l’actualité » actuellement ne lui nuit donc pas forcément car « à ce stade, cela n’a pas mené à un élargissement du soutien » du président républicain.  

Accusation

Mais un autre front menace Joe Biden.  

Une femme, Tara Reade, l’a accusé, dans un podcast diffusé le 25 mars, de l’avoir agressée sexuellement en août 1993, lorsqu’il était sénateur et qu’elle travaillait pour son équipe à Washington.

Depuis, elle a répété ces accusations à plusieurs médias, puis présenté un rapport à la police de Washington début avril, sans citer le nom de Joe Biden, selon des médias américains.  

« Cela n’est absolument pas arrivé », a réagi la porte-parole de Joe Biden, Kate Bedingfield, le 13 avril. « Ce n’est pas vrai ».  

Depuis, l’équipe du candidat démocrate n’a plus fait de déclarations publiques, renvoyant l’AFP à ce communiqué.

Il y a un an, Tara Reade avait accusé, avec d’autres femmes, Joe Biden de gestes qu’elles jugeaient gênants mais ne relevaient pas d’une agression sexuelle.  

Le New York Times l’a depuis interviewée à plusieurs reprises ainsi que ses proches et une vingtaine de personnes qui ont travaillé avec M. Biden au début des années 1990.  

Un ami de Tara Reade a confirmé au journal qu’elle lui avait « raconté les détails de cette accusation à l’époque ».  

« Un autre ami et un frère de Mme Reade ont déclaré qu’elle leur avait parlé, au cours des années, d’un évènement traumatisant d’ordre sexuel impliquant M. Biden », écrivait le New York Times à la mi-avril.  

Parmi les anciens collaborateurs de Joe Biden, plusieurs ont affirmé n’avoir jamais entendu parler de ces accusations ou de gestes similaires de la part du vétéran de la politique.  

« Aucune autre accusation d’agression sexuelle n’est apparue au cours de cette enquête », a souligné le journal.

De nombreuses voix républicaines, comme le chef de la majorité au Sénat Mitch McConnell lundi, accusent les grands médias et les démocrates de s’intéresser « peu ou pas » à ces accusations tandis qu’ils « étaient indignés » par celles visant le juge conservateur de la Cour suprême Brett Kavanaugh.

Le président Donald Trump a été accusé par plusieurs femmes de harcèlement et agressions sexuelles.