Les leaders afro-américains demandent une révision des politiques systémiques qui ont rendu leur communauté plus vulnérable à la COVID-19, alors que les données qui émergent pointent vers un bilan particulièrement mortel au sein de la communauté noire, souvent laissée pour compte en matière d’accès aux soins de santé et aux opportunités économiques.

Un nombre grandissant de professionnels de la santé, de militants et de politiciens souhaite que le gouvernement fédéral publie des données démographiques raciales détaillées des victimes de la COVID-19 aux États-Unis. Ils croient également que le gouvernement a voulu jusqu’ici cacher l’impact de la pandémie sur la communauté afro-américaine, ainsi que sur les autres communautés culturelles.

Vendredi, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies ont publié une première analyse des cas de la COVID-19 par race, démontrant que 30 % des patients dont la race est connue étaient des noirs. Cependant, 75 % des données fédérales ne contenaient pas d’information sur la race des patients. Les données ne permettaient pas non plus l’analyse démographique des cas de décès.

L’analyse la plus récente des données locales et des états qu’a réalisée l’Associated Press démontrait que près du tiers des personnes ayant succombé à la COVID-19 étaient de race noire, alors que cette communauté représentait environ 14 % de la population des régions couvertes par les données.

Plus de 33 000 décès liés à la COVID-19 avaient été enregistrés aux États-Unis en date de jeudi.

Environ la moitié des états, représentant moins du cinquième des décès liés à la COVID-19 au pays, n’ont pas encore publié de données démographiques concernant les décès. Dans les états qui les ont fournies, la race d’environ le quart des personnes décédées n’a pas été notée.

Les conditions médicales fréquentes dans la communauté noire — l’obésité, le diabète et l’asthme — rendent les Afro-Américains plus à risque face au virus. Ils sont aussi plus nombreux à ne pas avoir d’assurance médicale.

« C’est le résultat des efforts incomplets des États-Unis — nous sommes libres, mais pas égaux, a dit le révérend Jesse Jackson à l’Associated Press. Le coronavirus fait ressortir certains enjeux, il expose une faiblesse et une opportunité. »

Daniel Dawes, le directeur de l’école de médecine Satcher Health Leadership Institute au Morehouse College, a affirmé que le passé ségrégationniste et politique des États-Unis a provoqué cette disparité médicale raciale qui existe aujourd’hui.

« Si nous ne regardons pas la situation avec une perspective historique et en tenant compte des déterminants politiques, nous n’allons que gratter la surface du problème d’inégalité », a-t-il dit.

La publication des données démographiques des victimes de la COVID-19 demeure la priorité pour plusieurs militants des droits humains et de la santé publique. Ils croient que ces données sont nécessaires pour mieux cibler la réponse nationale à la pandémie.

Dans certaines régions, la communauté autochtone a aussi été durement atteinte. Au Nouveau-Mexique, les Autochtones représentent près de 37 % des 1484 cas de l’état, comparativement à 11 % de la population de l’état. Parmi les 112 décès dont la race est connue en Arizona, 30 étaient des autochtones.