(Washington) L’administration de Donald Trump, qui mène une offensive contre l’Organisation mondiale de la santé (OMS), s’est livré jeudi à un véritable réquisitoire, accusant l’institution d’avoir négligé des informations-clés sur le coronavirus venues de Taïwan et d’avoir ainsi « privilégié la politique à la santé publique ».

Le président des États-Unis estime ouvertement depuis mardi que l’OMS « s’est plantée », avec des prises de positions « très favorables à la Chine », et menace de suspendre l’importante contribution américaine à cette agence de l’ONU pourtant au cœur de la riposte contre la pandémie.

Initialement vague sur ses griefs, le gouvernement américain les a détaillés.

Réaffirmant que le manque de transparence de la Chine avait fait perdre « un temps précieux au monde », Washington estime cette fois clairement que « les actes de l’OMS ont aussi coûté des vies humaines », selon un porte-parole du département d’État américain.

« L’OMS n’a pas déclaré que la COVID-19 était une urgence de santé publique de portée internationale avant le 30 janvier », alors qu’elle avait été « informée de l’épidémie en Chine en décembre », a-t-il dit à l’AFP pour déplorer ce retard dans la prise de conscience de la gravité de la crise.

« L’OMS a déclaré qu’il s’agissait d’une pandémie le 11 mars », a-t-il ajouté.

Surtout, ce porte-parole a dit la « vive préoccupation » des États-Unis au sujet d’informations selon lesquelles Taïwan avait « notifié l’OMS dès décembre 2019 d’une possible transmission du coronavirus entre humains, sur la base de contaminations parmi le personnel médical à Wuhan », berceau de l’épidémie en Chine.

« Nous sommes aussi profondément troublés par le fait que les informations de Taïwan n’aient pas été partagées avec la communauté sanitaire mondiale, comme le reflète la déclaration de l’OMS du 14 janvier 2020 selon laquelle il n’y avait pas de preuves d’une transmission entre humains », a encore souligné la diplomatie américaine.

« L’OMS a une fois de plus privilégié la politique à la santé publique, comme elle le fait en ce qui concerne le statut d’observateur de Taïwan à l’OMS depuis 2016 », a estimé le département d’État.

Les États-Unis estiment que Taïwan, totalement exclue ces dernières années de l’OMS sous la pression de Pékin, a eu une réaction exemplaire face à l’épidémie, contrairement à la Chine.

Washington déplore encore que ses propres mesures face à la crise, notamment la fermeture progressive de ses frontières, aient « rencontré une vive résistance de la part de l’OMC, qui a continué à saluer les dirigeants chinois pour leur “disposition à partager les informations” ».

« Ces recommandations ont eu des conséquences mondiales, puisque des pays ont tardé à limiter les vols directs et les échanges commerciaux avec la Chine sur la base d’un jugement inexact de l’OMS », a estimé le porte-parole américain.

Selon la diplomatie des États-Unis, « il y aura de nombreuses leçons à tirer », « notamment pour savoir où et comment le système OMS a échoué à remplir sa mission ».

« Nous pensons qu’une évaluation complète de l’attitude de l’OMS serait appropriée une fois que nous aurons fait face à l’actuelle pandémie », a-t-elle déclaré.