(Washington) La pandémie de coronavirus a bouleversé la campagne pour la présidentielle américaine de novembre, en forçant le report de primaires démocrates et de la convention qui devrait désigner cet été, entre Joe Biden et Bernie Sanders, le rival de Donald Trump.

Depuis la mi-mars déjà, tous trois sont en plus privés de meetings de campagne, des événements qui rythment d’ordinaire la course à la Maison-Blanche.  

La convention démocrate devait rassembler des milliers de participants du 13 au 16 juillet, à Milwaukee, dans le Wisconsin.  Face à « la crise sanitaire sans précédent à laquelle » font face les États-Unis, le parti a annoncé jeudi qu’il la repoussait au 17 août, dans la même ville.   

Le virus a déjà fait plus de 5700 morts aux États-Unis, selon le comptage de l’Université américaine Johns Hopkins, qui dénombre plus de 230 000 cas.

Même reportée, les démocrates envisagent encore d’« ajuster la forme que prendra la convention, le nombre d’assistants et son agenda » afin de limiter les risques de contagion, a précisé le parti.  

« En ces temps difficiles, alors que l’envergure et l’échelle de la pandémie et son impact restent encore méconnus, nous allons continuer à surveiller la situation et suivrons les conseils » des professionnels de la santé, a précisé l’un des responsables de l’organisation, Joe Solmonese.  

L’ancien vice-président américain et ultra-favori des primaires Joe Biden, 77 ans, avait appelé à son report mercredi soir. Il est en lice contre le sénateur indépendant Bernie Sanders, 78 ans, mais dispose d’une avance pratiquement insurmontable.  

Comme près de neuf Américains sur dix appelés à rester à la maison, tous deux sont coincés chez eux, d’où ils donnent des interviews. Depuis la Maison-Blanche, Donald Trump participe lui au quotidien à de longues conférences de presse sur l’évolution de la pandémie.  

Une primaire mardi

La convention républicaine est prévue du 24 au 27 août à Charlotte, en Caroline du Nord mais sans grand suspense sur son issue : Donald Trump briguera un second mandat le 3 novembre.

En appelant au report de la convention démocrate mercredi soir, Joe Biden avait mis en garde sur NBC sur de nouveaux changements possibles pour les conventions : « Nous devons tout simplement être préparés à une alternative, or l’alternative, nous ne savons pas ce que cela va être jusqu’à ce qu’on ait une meilleure idée de si la courbe (des cas et décès, NDLR) va baisser ou monter ».  

Le président du parti démocrate, Tom Perez, a souligné jeudi l’importance qu’aura le Wisconsin, un « État clé », dans la présidentielle, puisqu’il avait créé la surprise en 2016 en choisissant Donald Trump après avoir voté deux fois pour Barack Obama.  

Aucune primaire démocrate n’a été organisée depuis le 17 mars et déjà 15 États ainsi que Porto Rico ont annoncé le report de leurs scrutins, donc certains été prévus au départ mi-mai.

Fortement critiquées, les autorités du Wisconsin maintiennent pourtant elles le scrutin prévu mardi prochain dans cet État, où la population a été appelée à rester chez elle.  

Un juge a refusé jeudi d’ordonner son report, mais a prolongé de fait de six jours le délai pour voter, en repoussant l’échéance limite du vote par procuration jusqu’au 13 avril, et d’un jour le délai pour réclamer ses bulletins, jusqu’à vendredi soir.  

Aux États-Unis, les électeurs ne pouvant pas se rendre aux urnes peuvent envoyer leur bulletin ou le déposer avant ou après la date du scrutin.   

« Les gens ne devraient pas être forcés de risquer leurs vies pour voter », avait dénoncé mercredi Bernie Sanders à propos du Wisconsin.