(Washington) Retrait d’Afghanistan retardé, présence réduite en Irak, exercices annulés, pause dans les recrutements : en immobilisant les militaires à l’intérieur de leurs bases, la COVID-19 perturbe les opérations de l’armée américaine dans le monde.

« La mission numéro un pour l’armée américaine reste d’assurer la protection du peuple américain, du pays et de nos intérêts à l’étranger. Je vous assure que tout est sous contrôle », a affirmé vendredi sur Fox le secrétaire américain de la Défense Mark Esper.

Au même moment, le commandement central de l’armée américaine (CENTCOM), qui couvre notamment l’Irak et la Syrie, annonçait un « redéploiement » de ses forces dans cette zone.

« Pour prévenir une propagation de la COVID-19, l’armée irakienne a suspendu tout entraînement. Par conséquent, la coalition va renvoyer temporairement dans leurs pays dans les jours à venir certains de ses éléments spécialisés dans la formation », a indiqué le CENTCOM dans un communiqué.

L’armée américaine, qui représente la grosse majorité des forces déployées en Irak, a également décidé de retirer ses troupes de petites bases excentrées, où elles sont plus vulnérables aux attaques de groupes armés pro-iraniens, pour les regrouper sur des bases plus importantes et mieux protégées.

« À l’avenir, nous prévoyons que la coalition soutiendra les forces irakiennes depuis moins de bases, avec moins de monde », a prévenu le CENTCOM. Il a affirmé que la coalition restait « engagée à long terme » dans le combat contre le groupe État islamique (EI).

En Afghanistan, d’où les États-Unis se sont engagés à retirer plus de 5000 soldats, première étape de l’accord signé avec les talibans, tous les mouvements ont cessé.

« Pour préserver notre force, qui est actuellement en bonne santé », des ajustements « nécessaires » sont effectués, « en arrêtant tous les mouvements sur le théâtre » de guerre, a annoncé le général Austin Miller, commandant des forces américaines dans le pays.

« Dans certains cas, ces mesures vont conduire à ce que certains membres des forces armées restent [en Afghanistan] au-delà de la période prévue et poursuivent leur mission », a-t-il précisé jeudi dans un communiqué.

Recrutement en ligne

Depuis l’apparition du coronavirus, de nombreux exercices militaires ont été annulés, notamment en Corée du Sud et en Afrique. Le grand exercice Defender-20, qui devait mobiliser 20 000 soldats américains sur le continent européen à l’heure de la « concurrence stratégique » avec Moscou, a été fortement réduit.

Si tout va bien, Defender-20, qui devait être le plus gros exercice de l’armée américaine en Europe depuis 25 ans, sera réalisé « à 45 % », a reconnu vendredi le secrétaire américain à l’Armée de terre, Ryan McCarthy.

Partout, les militaires américains sont confinés sur leurs bases, dont l’entrée est soigneusement filtrée, par des questionnaires et des prises de température. Les militaires présentant des symptômes ou contaminés sont mis en quarantaine dans des baraquements séparés, les précautions d’hygiène et limitations des contacts rigoureusement imposés et, discipline militaire oblige, respectés.

Le Pentagone a interdit dès le début du mois tout voyage international aux militaires américains, que ce soit pour partir à l’étranger ou pour revenir dans leur famille. Peu après, ce sont les voyages à l’intérieur du pays qui ont été interdits.

Le coronavirus a même modifié le fonctionnement du haut commandement militaire américain : le ministre Mark Esper et son chef d’état-major ne se parlent plus que par téléconférence.

Même le recrutement, particulièrement important au printemps, lorsque les candidats finissent leurs études, se fait désormais en ligne, a admis le chef d’état-major de l’armée de terre, le général James McConville.

« Nous passons au recrutement virtuel », a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse. « Le plus gros est fait sur les réseaux sociaux et cela nous permet de protéger nos soldats, mais aussi les nouvelles recrues ».

Pourtant, les militaires cherchent à dédramatiser, comptant sur le fait que leurs adversaires sont tout autant touchés qu’eux par le combat contre l’épidémie.

« Ils sont aussi très préoccupés par ce virus en Irak, en Afghanistan, certainement en Iran », a noté le général McConville. « Ça affecte les opérations de tout le monde ».