(Washington) Le milliardaire américain Mike Bloomberg a annoncé mercredi, au lendemain de résultats très décevants lors du « Super mardi », son retrait de la primaire démocrate et a apporté son soutien à l’ancien vice-président Joe Biden.

« Il y a trois mois, j’ai présenté ma candidature à la présidentielle pour battre Donald Trump. Aujourd’hui, je me retire de la course pour la même raison : battre Donald Trump, car il est devenu clair à mes yeux que continuer aurait rendu plus difficile d’y parvenir », a-t-il déclaré dans un communiqué.

Il a ajouté apporter son soutien à Joe Biden, qui représente comme lui l’aile modérée du parti démocrate, estimant qu’il était désormais le « meilleur » candidat pour battre le président républicain en novembre.

« Je connais Joe depuis très longtemps. Je connais sa décence, son honnêteté, et son engagement dans les causes si importantes pour notre pays », s’est justifié l’ancien maire de New York, âgé de 78 ans.

Entré tardivement en campagne, Mike Bloomberg avait opté pour une stratégie inédite en faisant l’impasse sur les quatre premiers États à voter dans la primaire avant la grande journée électorale du « Super mardi ».

L’homme d’affaires new-yorkais, qui compte parmi les dix hommes les plus riches de la planète, avait puisé sans compter dans son immense fortune personnelle pour financer spots publicitaires et équipes de campagne fournies sur le terrain.

Ces investissements avaient semblé payer au départ, le poussant jusqu’à la troisième place des sondages nationaux, mais il était sorti affaibli de deux mauvaises performances lors de débats télévisés en février.

Raillé par Donald Trump, un autre milliardaire new-yorkais, et cible d’attaques répétées de la part de ses rivaux démocrates, Mike Bloomberg a enregistré mardi des résultats très décevants lors du « Super mardi », ne finissant en tête dans aucun des 14 États en jeu.

« Je suis immensément fier de la campagne que nous avons menée », écrit-il dans le communiqué annonçant son abandon.

« Mini Mike Bloomberg vient de quitter la course à la présidence », a immédiatement réagi sur Twitter Donald Trump. « J’aurais pu lui dire il y a longtemps qu’il ne faisait pas l’affaire, il aurait économisé un milliard de dollars, le vrai coût (de sa campagne) ».

« Il va désormais injecter son argent dans la campagne de Joe l’Endormi, pour sauver la face. Ça ne marchera pas ! », a ajouté le président américain.

Au milieu de la nuit, le multimilliardaire de 78 ans n’était arrivé en tête que dans le petit territoire des îles Samoa américaines et n’avait décroché qu’une dizaine de délégués, sur les 1991 nécessaires pour décrocher l’investiture démocrate en juillet.

Un revers cuisant pour celui qui faisait attendre une entrée en lice en fanfare grâce au montant record dépensé : déjà plus d’un demi-milliard de dollars pris sur sa fortune personnelle pour ses spots publicitaires, sans compter toute l’infrastructure de sa campagne.

Dès le début de soirée, M. Bloomberg, l’une des plus grandes fortunes du monde, avait minimisé les mauvais résultats à venir devant plusieurs centaines de partisans réunis à West Palm Beach, en Floride.

« Peu importe le nombre de délégués que nous gagnerons ce soir, nous avons déjà accompli quelque chose que personne ne pensait possible : en trois mois, nous sommes passés de juste 1 % dans les sondages à être en lice pour l’investiture démocrate pour la présidentielle », avait-il lancé.

« Mon message est simple : je me présente pour battre Donald Trump ».

Des partisans brandissaient des panneaux marqués d’un slogan en espagnol : « Nous gagnons avec Mike ».

Certains se disaient séduits par le parcours d’homme d’affaires du fondateur de l’agence Bloomberg, géante de l’information financière.

« C’est quelqu’un qui est parti de rien pour construire une entreprise qui emploie désormais 20 000 personnes », a expliqué à l’AFP Thomas Reed, un scientifique âgé de 54 ans venu le voir en Floride. Cet État organisera sa primaire le 17 mars.

Sa réunion se déroulait non loin de la célèbre résidence du président républicain, un autre milliardaire new-yorkais qui connaît M. Bloomberg de longue date et prend un plaisir évident à l’éreinter.

« Le plus gros perdant de la soirée, et de loin, c’est Mini Mike Bloomberg », a tweeté Donald Trump en ironisant sur sa petite taille.

Michael Bloomberg a essuyé un résultat particulièrement humiliant en Virginie, où il n’est arrivé que quatrième après avoir investi des millions de dollars dans sa campagne en plus d’avoir largement dépensé en 2019 pour soutenir des démocrates lors d’élections locales.

Ces dernières années, il a aussi investi quelque 10 milliards de dollars pour faire avancer diverses causes souvent chères aux démocrates, comme la lutte contre les armes à feu et le réchauffement climatique.

Affaibli par ses débats

L’ancien maire avait parié sur une stratégie osée – certains disaient arrogante – dans les primaires démocrates : faire l’impasse sur les quatre premiers États qui ont voté en février, pour ne se présenter que lors du « Super mardi ».

Ses investissements avaient au départ semblé payer, le poussant jusqu’à la troisième place des sondages sans avoir affronté le verdict des urnes.

Mais une fois sorti de l’ambiance scriptée de ses publicités, Michael Bloomberg a été affaibli dès février par deux mauvaises performances lors de ses premiers débats.

Et les attaques répétées de ses adversaires ont semblé porter. Ils l’accusent d’avoir « acheté » sa place dans les primaires et lui reprochent d’avoir été républicain, puis indépendant, avant de revenir dans le giron démocrate.

C’est aussi un facteur inattendu qui a pu le faire souffrir : le retour exceptionnel de l’ancien vice-président Joe Biden dans la course.

L’ex-maire de New York avait en effet annoncé sa candidature tardivement, en novembre, parce qu’il estimait que le camp modéré n’avait pas de champion suffisamment fort pour l’emporter face aux représentants de l’aile gauche, Bernie Sanders et Elizabeth Warren.

Or l’ancien bras droit de Barack Obama a surpris en remportant une large victoire en Caroline du Sud samedi, qui a convaincu d’autres candidats centristes de se rallier derrière lui, imposant Joe Biden, et non Michael Bloomberg, en grand candidat modéré juste avant l’avalanche de scrutins du « Super mardi ».