(Columbia) Tentant de se relever après ses premiers mauvais résultats, l’ancien vice-président américain Joe Biden espère remporter samedi la Caroline du Sud, une victoire qui pourrait le remettre en selle dans les primaires démocrates et peut-être freiner l’élan de Bernie Sanders.     

La course reste longue jusqu’à l’investiture d’un candidat démocrate pour affronter le républicain Donald Trump lors de la présidentielle de novembre.

Mais la dynamique s’accélère avec l’approche du « Super Tuesday » de mardi, lorsque 14 États voteront.  

« Je suis confiant » : Joe Biden, 77 ans, a martelé cette phrase en sillonnant la Caroline du Sud à la veille de ce vote crucial pour son avenir.

Les sondages lui donnent une large avance dans cet État où les Noirs, chez qui il reste très populaire, représentent plus de la moitié de l’électorat démocrate.

« Les amis, une victoire en Caroline du Sud nous aiderait à gagner un grand élan juste au bon moment », a-t-il tweeté à ses partisans vendredi soir.

L’ancien bras droit de Barack Obama a bien besoin d’une nette victoire, après n’être arrivé que quatrième et cinquième, respectivement, dans l’Iowa et le New Hampshire.

Certes il a grimpé à la deuxième place dans le Nevada, mais il est resté très loin du sénateur indépendant Bernie Sanders, qui l’a désormais clairement remplacé dans le statut de grand favori des primaires démocrates.  

Le « socialiste » autoproclamé fait campagne, à 78 ans, sur un programme très à gauche pour les États-Unis.  

« Ensemble, nous allons […] créer un gouvernement au service de tous », promet-il à ses foules de partisans, en dénonçant un président Trump « raciste », « sexiste », « homophobe », « xénophobe » et « sectaire ».

« L’establishment » contre Sanders

Son ascension inquiète certains démocrates modérés qui craignent que Bernie Sanders ne puisse pas convaincre les électeurs plus centristes, indispensables selon eux pour battre Donald Trump.  

« Pensez-vous que se présenter comme socialiste puisse aider en Géorgie, en Caroline du Nord, en Caroline du Sud, au Texas ? », des États du Sud plus conservateurs, a lancé sur CNN vendredi Joe Biden, qui est soutenu par de nombreuses figures du parti.  

Un argument que Bernie Sanders rejette fermement.  

« L’establishment dit “Bernie ne peut pas battre Trump” », a déclaré le sénateur du Vermont vendredi en Caroline du Sud. « Et bien je vous appelle à étudier les 60 derniers sondages menés dans ce pays, 56 nous donnent devant Trump ! ».  

« Nous remporterons cette campagne parce que notre programme répond aux besoins des classes populaires », a-t-il ajouté.

PHOTO JESSICA HILL, ASSOCIATED PRESS

Bernie Sanders

Lui aussi a multiplié les événements en Caroline du Sud vendredi.  

Venue le voir à Columbia, la capitale, Michele Patterson, 59 ans, disait apprécier sa « compassion, sa cohérence ».

« Je sais que s’il gagne l’investiture démocrate, beaucoup de gens qui ont voté pour Trump la dernière fois (en 2016, NDLR) voteront pour lui, parce que j’en connais », a-t-elle confié à l’AFP.  

Trump s’invite encore

Derrière MM. Sanders et Biden, six autres candidats sont encore en lice pour l’investiture démocrate, dont plusieurs joueront leur survie ces prochains jours.  

En Caroline du Sud, le milliardaire Tom Steyer, 62 ans, s’est hissé à la troisième place des sondages grâce à une intense campagne, qui lui a déjà coûté plus de 20 millions de dollars.

La pression sera grande samedi sur la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, 70 ans, qui avait un temps fait figure de favorite, mais n’a pas percé lors des premiers scrutins.

Après ses bons résultats dans l’Iowa et le New Hampshire, mais un score plus décevant dans le Nevada, l’ex-maire de South Bend Pete Buttigieg, 38 ans, est aussi très attendu.

Il doit absolument démontrer qu’il peut mieux faire auprès des minorités, car c’est un électorat-clé pour tout démocrate voulant remporter la Maison-Blanche.

Le multimilliardaire Michael Bloomberg, 78 ans, passera encore une fois son tour en Caroline du Sud puisqu’il attend le « Super Tuesday » pour entrer dans la course.

Distribuant ses surnoms moqueurs, le républicain Donald Trump a, suivant sa nouvelle habitude, de nouveau nargué les démocrates vendredi soir en organisant un rassemblement sur leur terrain de campagne, en Caroline du Sud.