(Washington) Touché, mais pas coulé : Joe Biden a mal commencé la saison des primaires démocrates en arrivant quatrième lundi dans l’Iowa selon des résultats partiels, mais l’ancien vice-président espère rapidement rebondir grâce à son avance dans les sondages nationaux.  

« Je ne vais pas embellir la réalité, on a pris un coup à l’estomac dans l’Iowa, tout le processus en a pris un coup », a admis ce vétéran de la politique américaine mercredi dans le New Hampshire, deuxième État à voter mardi prochain.

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Joe Biden et son épouse, Jill, durant la campagne en Iowa lundi dernier.

Grand favori depuis son entrée dans la course, il avait l’avantage de l’expérience et, avec son image de modéré, semblait le seul à pouvoir rassembler les démocrates pour barrer la route à Donald Trump en quête d’un second mandat.  

Une claque sévère au favori

La claque est donc sévère, à peine atténuée par le chaos ayant entouré la soirée électorale lundi soir, qui se rajoute aux doutes récurrents sur son état de santé, lui qui a 77 ans.

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L'ancien vice-président de Barack Obama est déjà de retour en campagne électorale aujourd'hui à Nashua, au New Hampshire, en prévision des primaires de cet État qui auront lieu mardi prochain.

Avec près des trois quarts des bulletins dépouillés mercredi, il pointe en quatrième position, loin derrière le jeune modéré Pete Buttigieg, le sénateur autoproclamé « socialiste » Bernie Sanders, et la sénatrice progressiste Elizabeth Warren.

Il devance toutefois une autre candidate modérée, la sénatrice du Minnesota Amy Klobuchar.

Joe Biden sillonnait pourtant le petit État du Midwest depuis plusieurs semaines, alors que ses principaux adversaires potentiels -les sénateurs Sanders, Warren et Klobuchar- étaient bloqués à Washington pour cause de procès en destitution de Donald Trump au Sénat.

Mais malgré une avance conséquente dans les sondages au niveau national, sa campagne semblait s’essouffler avec des contributions financières en baisse et un manque d’enthousiasme de ses troupes.

« Nouvelle campagne »

Pour Larry Sabato, professeur de sciences politiques à l’Université de Virginie, il est toutefois trop tôt pour éliminer l’ancien numéro deux de Barack Obama de la course à la nomination.

« C’est une toute nouvelle campagne présidentielle pour lui » après deux précédentes aventures « où il a échoué », dit-il en référence à 1988 et 2008 quand, alors sénateur du Delaware, il avait raté l’investiture démocrate.  

« Il va aussi probablement perdre dans le New Hampshire » où Bernie Sanders fait la course en tête loin devant Joe Biden qui est désormais talonné par Pete Buttigieg, 38 ans.

Et la primaire du Nevada, le 22 février, pourrait aussi rimer avec « démontada » malgré le soutien des syndicats et des ouvriers blancs, qui font partie de sa base électorale.  

Le syndicat des ouvriers électriciens (IBEW), fort de ses 775 000 adhérents en Amérique du Nord, lui a ainsi apporté son soutien mercredi.

Cet appui suit celui de Caroline Kennedy, la fille du président John Kennedy. Mardi, cette ancienne ambassadrice des États-Unis au Japon a affirmé que Biden est le meilleur espoir des démocrates pour reprendre la Maison-Blanche et espérer une majorité dans les deux chambres du Congrès.

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Caroline Kennedy, la fille du président John Kennedy, a donné son appui à Joe Biden mardi. Cette ancienne ambassadrice des États-Unis au Japon estime que Biden est le meilleur espoir des démocrates pour reprendre la Maison-Blanche et espérer une majorité dans les deux chambres du Congrès.

« Les syndicalistes voteront peut-être pour Biden, mais les hispaniques ne semblent pas trop enthousiastes, ils sont plus en faveur de Bernie Sanders », estime M. Sabato.

Même s’il a admis sa contre-performance dans l’Iowa, Joe Biden a affirmé à ses supporteurs qu’au New Hampshire ou ailleurs, le combat est loin d’être fini.

« Rien n’est joué ici, mais je souhaite que vous me propulsiez de façon à garantir que les choses vont bien tourner, d’accord ? », a-t-il lancé mercredi à Concord.

« Parce que si je m’en tire bien ici, vous allez donner le ton de tout le reste de la course », a-t-il expliqué.

Pour l’ancien « VP », la courbe pourrait s’inverser à partir de la fin février. Les primaires auront lieu dans plusieurs États du sud où il compte un large soutien parmi la communauté afro-américaine.

Avec La Presse