(New York) « Danger, danger, danger. » À plusieurs reprises, Jay Sekulow a scandé ces mots durant les derniers moments de la plaidoirie des avocats de Donald Trump au procès en destitution du président.

« La barre pour la destitution ne peut pas être placée si bas », a déclaré mardi l’avocat personnel de Donald Trump en s’adressant aux 100 sénateurs qui décideront du sort de son client.

« Danger, danger, danger. Ces articles [de mise en accusation] doivent être rejetés. La Constitution l’exige. La justice le demande », a-t-il ajouté.

Laissant à d’autres les arguments juridiques les plus fins, Jay Sekulow s’est également livré à une attaque frontale contre le livre à paraître de John Bolton, enjoignant aux sénateurs de ne pas tenir compte de ses allégations explosives sur l’affaire ukrainienne.

« Vous ne pouvez pas destituer un président sur la base d’une allégation inconnue », a-t-il déclaré avant de lire les déclarations de Donald Trump et de membres de son administration niant les accusations de l’ancien conseiller de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale.

Dans des mémoires qui sortiront en librairie le 17 mars, John Bolton affirme que Donald Trump lui a dit qu’il maintiendrait le gel sur une aide militaire de 391 millions de dollars à l’Ukraine jusqu’à ce que le gouvernement de ce pays contribue à des enquêtes impliquant des démocrates, dont Joe Biden.

Cette allégation est au cœur d’un des deux chefs d’accusation retenus contre Donald Trump : abus de pouvoir.

Des allégations « inadmissibles », selon Sekulow

Lundi, il avait fallu attendre plus de huit heures avant qu’un des avocats de Donald Trump, en l’occurrence Alan Dershowitz, n’évoque les révélations de l’ex-conseiller du président.

Abordant la question d’entrée, Jay Sekulow a déclaré que les allégations de John Bolton étaient « inadmissibles ».

PHOTO PATRICK SEMANSKY, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

John Bolton, ancien conseiller à la sécurité nationale des États-Unis

Au moins deux sénateurs républicains ne sont pas du même avis. Depuis la publication d’un article du New York Times sur les révélations de John Bolton, Mitt Romney (Utah) et Susan Collins (Maine) ont indiqué qu’ils souhaitaient la comparution du conservateur moustachu. Il faudrait qu’au moins deux autres sénateurs républicains se joignent à eux pour que leur souhait devienne réalité.

Un vote sur cette question pourrait être tenu vendredi. En attendant, les démocrates ont remercié les avocats du président d’avoir aidé leur cause.

Je ne pense pas, à vrai dire, que nous aurions pu présenter les arguments en faveur du témoignage de John Bolton de façon plus efficace que les propres avocats du président.

Adam Schiff, procureur en chef au procès en destitution de Donald Trump

« Allons-nous avoir un procès équitable, ou non ? Est-ce que le Sénat va pouvoir entendre la version de celui que tous les Américains savent être un témoin clé de la conduite la plus flagrante du président, ou non ? », a déclaré Adam Schiff.

Si Donald Trump et des membres de son administration ont nié les allégations de John Bolton, au moins un ancien haut responsable américain leur a prêté foi.

« Si John Bolton a dit cela dans un livre, je crois John Bolton », a déclaré John Kelly, ancien directeur de cabinet de la Maison-Blanche, lors d’une conférence en Floride lundi.

« Vous aviez raison »

Après les plaidoiries des procureurs démocrates et des avocats de Donald Trump, les sénateurs auront 16 heures, réparties sur deux jours – mercredi et jeudi –, pour poser des questions aux deux parties. Ces questions devront avoir été soumises au préalable par écrit et seront lues par le juge John Roberts, qui préside au procès.

Les sénateurs ont quitté l’hémicycle de la chambre haute mardi après seulement deux heures d’argumentaire. Les avocats de la défense avaient encore une dizaine d’heures à leur disposition, mais ils ont choisi de mettre fin à leur plaidoirie après avoir présenté une série de clips montrant des démocrates, dont les procureurs Jerry Nadler et Zoe Lofgren, en train de dénoncer la procédure de destitution visant Bill Clinton en 1998.

Leurs arguments étaient les mêmes que ceux utilisés aujourd’hui par plusieurs républicains.

« Vous aviez raison », a déclaré Pat Cipollone, conseiller juridique de la Maison-Blanche, en se tournant vers les procureurs démocrates. « Mais je suis désolé de dire que vous étiez aussi prophétiques. »