(Washington) L’armée américaine affirme avoir perturbé « avec succès » la propagande en ligne du groupe État islamique (EI) au cours d’une opération de hacking menée à partir de 2016, selon des documents du commandement américain pour l’attaque et la défense informatiques (Cybercom) rendus publics mardi.

Ces documents, jusque-là classés secret défense, indiquent que le Cybercom « a combattu l’EI avec succès dans le domaine de l’information » et affecté les capacités du groupe djihadiste à radicaliser et recruter des combattants « en lui imposant des coûts élevés en temps et en ressources ».

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La propagande de l’ÉI était souvent fondée sur des scènes de grande violence. Le journaliste américain James Foley a été décapité en août 2014 par l’ÉI, qui avait mis en ligne la vidéo de son exécution.

Publiés par l’université George Washington et obtenus en vertu d’une loi sur la transparence dans l’administration, les documents analysent les conditions dans lesquelles a été menée l’opération « Glowing Symphony », la première attaque informatique officiellement admise par le Pentagone.

Réduction significative de la campagne de recrutement

Le Cybercom conclut à une « réduction significative » de la campagne de recrutement de l’EI, mais ajoute que ses efforts ont été ralentis par des procédures administratives « longues et difficiles » pour faire approuver l’opération.

Vu que le Cybercom est destiné à multiplier ce genre d’attaques informatiques, de meilleures procédures devraient être mises en place pour « accélérer le processus », ajoute le commandement militaire américain dans ce qui est lisible de ces documents.

Les États-Unis avaient déjà officiellement reconnu avoir ajouté l’arme informatique à leur arsenal, mais ces nouveaux documents sont les plus détaillés jamais publiés sur l’opération contre l’EI, initialement approuvée pour 30 jours fin 2016 puis prolongée en juillet 2017, selon le site de l’université George Washington.

Opération très complexe

Les documents n’indiquent pas si l’opération a été interrompue, mais ils « révèlent la complexité sans précédent de cette opération, qui a posé des problèmes en termes de coordination et d’évaluation ».

Les États-Unis s’inquiètent de voir les groupes extrémistes comme l’EI utiliser les réseaux sociaux et l’internet pour diffuser leur propagande.

Selon l’université George Washington, ces documents et les déclarations publiques du chef du Cybercom, le général Paul Nakasone, donnent des indices sur la façon dont le commandement opère et sur ce qu’il pourrait faire pour répondre à des attaques contre le processus électoral américain.

Dans une interview accordée l’an dernier, le général Nakasone avait révélé qu’une équipe spéciale avait été mise sur pied pour « répondre rapidement à une attaque » contre la campagne présidentielle de 2020.