(Washington) Le New York Times a annoncé dimanche soir qu’il soutenait deux candidates dans la primaire démocrate pour l’élection présidentielle aux États-Unis, les sénatrices Elizabeth Warren et Amy Klobuchar, étant pour la première fois incapable de se prononcer en faveur d’un seul nom.

Pour justifier cette ambivalence, le prestigieux quotidien explique que les deux approches en compétition parmi les nombreux candidats-celle, « radicale », représentée par Elizabeth Warren ou celle, « réaliste », portée par Amy Klobuchar-ont des avantages et des inconvénients face au républicain Donald Trump, qui briguera un second mandat en novembre.

« Un débat essentiel a lieu en ce moment entre deux visions qui pourraient déterminer l’avenir du parti et peut-être du pays », lit-on dans un éditorial, à deux semaines du premier vote des primaires, dans l’État de l’Iowa.

« Certains à l’intérieur du parti voient le président Trump comme une aberration et croient qu’un retour à une Amérique plus sensée est possible. Et puis il y a ceux qui pensent que le président Trump a été le produit de systèmes politique et économique si corrompus qu’ils doivent être remplacés », ajoute-t-il.

« Aussi bien le modèle radical que le réaliste méritent un examen sérieux. C’est pourquoi nous soutenons les candidates les plus efficaces pour chacune de ces approches. Ce sont Elizabeth Warren et Amy Klobuchar. »

« Que la meilleure gagne »

Mme Warren, 70 ans, qui représente l’aile gauche du parti démocrate, est assez bien placée dans les sondages pour la primaire démocrate, en troisième position au niveau national derrière l’ancien vice-président Joe Biden et un rival très à gauche, Bernie Sanders.

Si le New York Times s’inquiète des difficultés qu’elle aurait, si elle accédait à la Maison-Blanche, à mettre en œuvre certaines réformes radicales, il constate que les idées progressistes sont plus que jamais « dans l’air du temps ». Et estime qu’elle en est une meilleure avocate que Bernie Sanders, 79 ans, jugé trop âgé et trop rigide.

« La voie à suivre vers la nomination pour Mme Warren est semée d’embûches, mais pas difficile à imaginer », estime le quotidien.

Si Mme Klobuchar, 59 ans, modérée dans ses prises de position, est plus loin dans les intentions de vote, le journal loue ses qualités.

Sa longue expérience au Sénat « et sa capacité prouvée à rassembler les deux camps feraient d’elle une experte des compromis » et « une figure qui unirait les deux ailes du parti – et peut-être la Nation », d’après le quotidien.

« Que la meilleure gagne », lance-t-il.

Le New York Times fait ainsi le choix de ne pas soutenir celui qui est depuis des mois le favori des sondages au niveau national, Joe Biden, en invoquant ses 77 ans et son intention de « revenir au statu quo » d’avant l’ère Trump. « Cela ne suffira pas à l’Amérique pour être la société qu’elle doit devenir », estime le journal, appelant Joe Biden à « passer le flambeau à une nouvelle génération ».

Pour autant, il ne soutient pas non plus le benjamin de la course, Pete Buttigieg, ancien maire d’une ville de l’Indiana quasi inconnu il y a encore un an et principale révélation de la campagne. A 38 ans et sans expérience au niveau fédéral, le quotidien semble penser que son heure n’est pas encore venue.

Pour la première fois, le journal a montré de manière transparente, dans une émission de télévision, le processus de désignation de son candidat préféré. Il comprenait des entretiens avec neuf candidats.