(Los Angeles) Souvent employés « essentiels » et au contact du public, vivant dans des logements et quartiers parfois densément peuplés, les habitants d’origine latino-américaine du comté de Los Angeles sont en moyenne deux fois plus nombreux à contracter le virus qu’au sein de la population blanche, selon des statistiques officielles récentes.

Vers la mi-novembre, le taux de contamination quotidien était de 274 cas pour 100 000 chez les Latino-Américains et de 125 cas pour 100 000 chez les habitants blancs, selon les données du comté de Los Angeles, corrigées en fonction des catégories d’âge afin de rendre la comparaison plus pertinente.

La situation est d’autant plus préoccupante que sur les quelque dix millions d’habitants du comté, plus de 48 % se déclarent dans les recensements comme d’origine latino-américaine, et seulement 26 % comme blancs d’une autre origine.

La Californie connaît depuis quelques semaines une flambée des cas de COVID-19 avec des records quasi quotidiens, notamment à Los Angeles. Le comté a enregistré dimanche à lui seul plus de 10 000 nouveaux cas en une seule journée.  

« Il est très net et très inquiétant que certains groupes payent encore une fois un prix plus élevé que les autres », déclarait récemment la Dr Barbara Ferrer, directrice de la santé publique du comté.

« L’écart entre les groupes ethniques, que nous avions beaucoup réussi à réduire en septembre, s’est une nouvelle fois agrandi de manière spectaculaire, en particulier pour nos habitants latinos », poursuivait le Dr Ferrer.

Selon les experts, les habitants d’origine latino-américaine sont davantage exposés au coronavirus, car beaucoup occupent des emplois considérés comme « essentiels », qui ne peuvent pas être effectués en télétravail et qui les mettent fréquemment en contact avec le public ou des collègues (supermarchés, commerces divers, usines, emplois agricoles, etc.) Par ailleurs, les familles latino-américaines vivent parfois dans des quartiers populaires et des logements densément peuplés, ce qui favorise la diffusion du virus.

C’est aussi le cas, dans une moindre mesure, de la population noire de la mégalopole californienne.

Les Latino-américains ont près de trois fois plus de risques d’être hospitalisés pour avoir contracté la COVID-19 que la population blanche, et les habitants noirs deux fois plus.

Ces disparités se retrouvaient fin novembre dans le taux de mortalité (là encore corrigé en fonction de l’âge) : 3 morts pour 100 000 chez les Latino-Américains, 1,7 pour la population noire, 1,2 pour les habitants d’origine asiatique et seulement 0,91 pour les résidents blancs.

Des inégalités qui sont étroitement liées au niveau de vie, révèlent les statistiques sanitaires. « La mortalité dans les quartiers ayant les taux de pauvreté les plus élevés est environ trois fois supérieure », relève Barbara Ferrer, et les habitants y ont 65 % fois plus de risque de contracter le coronavirus que dans les quartiers les plus prospères.