(Washington) Entre accusations directes contre Joe Biden et références cinématographiques, Rudy Giuliani s’est livré jeudi à une défense décousue de Donald Trump qui affirme, sans preuves concrètes, que la présidentielle américaine a été truquée par le camp démocrate.

Lors d’une conférence de presse de près de deux heures, aux passages parfois surréalistes, l’avocat personnel du président a évoqué des machines de comptage qui auraient « changé » les votes pour Trump en voix pour l’ancien vice-président de Barack Obama, de votes multiples ou de personnes décédées, d’observateurs républicains empêchés de superviser les opérations.

Il a même fait référence au film de 1992 Mon cousin Vinny qui narre le procès de deux hommes accusés à tort de meurtre, tentant d’imiter l’accent new-yorkais de son acteur principal Joe Pesci.

Rudy Giuliani, dont la campagne devant les tribunaux pour invalider certains suffrages est un échec jusqu’ici, a lu certaines des 220 attestations sur l’honneur concernant des fraudes dans le dépouillement des votes par correspondance, notamment en Pennsylvanie et dans le Michigan, des États-clés remportés par Joe Biden.

« Ce qui est ressorti très vite, c’est qu’il n’y a pas eu fraude électorale dans un seul État, la tendance se répète dans plusieurs États », a-t-il affirmé, suggérant « un plan centralisé » du parti démocrate pour se focaliser sur « les grandes villes contrôlées par les démocrates et celles qui ont un long passé de corruption ».

Le natif de New York s’en est pris à la ville rivale de Philadelphie, en Pennsylvanie, affirmant que des électeurs du New Jersey voisin avaient pu voter sans être contrôlés.  

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Rudy Giuliani

Ces accusations de fraudes massives ont été pourtant démenties par l’agence américaine de cybersécurité et de sécurité, selon qui la présidentielle du 3 novembre a été « la plus sûre de l’histoire des États-Unis ».  

« Combine organisée »

Cette conférence de presse a été « la plus dangereuse » et « sûrement la plus folle » de l’histoire américaine, a réagi sur Twitter l’ancien directeur de l’agence, Chris Krebs, limogé mardi par Donald Trump, qui refuse de reconnaître sa défaite.  

Car Rudy Giuliani est allé plus loin en accusant directement Joe Biden d’être à l’origine de ces fraudes.

C’est « une combine organisée qui vient directement du parti démocrate et elle vient du candidat », a-t-il affirmé.

« C’est pourquoi il n’a peut-être pas eu besoin de sortir et de faire campagne », a-t-il expliqué, alors que Joe Biden a conduit une campagne largement virtuelle à cause de la pandémie de coronavirus.

« Il devait être au courant de ce qu’ils faisaient », a-t-il lancé.

L’ancien maire de New York s’est aussi de nouveau attaqué à la société canadienne Dominion dont le logiciel électoral utilisé dans le Michigan aurait selon lui effacé ou réattribué à son rival des millions de votes destinés au président.  

Il a notamment accusé Dominion d’être détenu par une autre société informatique, Smartmatic, qui aurait des liens avec le régime socialiste vénézuélien et le milliardaire George Soros, cible régulière des adeptes des théories du complot. Les deux sociétés ont rejeté ses allégations.  

Il s’en est aussi pris à la presse nationale qui aurait dressé « un scandaleux rideau de fer de censure » en ignorant ou en discréditant les accusations de fraudes.

« Vous mentez au peuple américain quand vous dites qu’il n’y a pas de preuves », a-t-il répondu à un journaliste qui notait que plusieurs plaintes avaient déjà été rejetées par les tribunaux.

« Mon Dieu, que devons-nous faire pour que vous donniez au peuple la vérité », a-t-il lancé alors que, sous la chaleur des projecteurs, la teinture foncée de ses cheveux lui coulait sur les tempes.