Au terme d’une soirée électorale où une proportion cruciale des voix n’a pas encore été comptabilisée, les candidats à la présidence étaient à égalité dans le vote populaire, mais aucun ne disposait encore d’assez de votes au collège électoral pour être désigné grand gagnant. Si Joe Biden a dit rester « optimiste » quant à la suite du dépouillement, Donald Trump a clamé une « grande victoire » et a accusé sans la moindre preuve ses opposants « d’essayer de voler l’élection ».

« Franchement, nous avons gagné cette élection », a déclaré Donald Trump, vers 2 h du matin, alors que les résultats d’une demi-douzaine d’États étaient pourtant encore loin d’être confirmés.

À ses côtés, le vice-président, Mike Pence, s’est montré légèrement plus circonspect. « Je crois que nous sommes sur la route de la victoire », a-t-il lancé lors de cette allocution à la Maison-Blanche.

Dans certains États, le dépouillement des votes reprendra mercredi matin après avoir été suspendu pendant la nuit. Le président Donald Trump dispose, dans les États toujours en attente d’un verdict, d’une avance qui pourrait lui donner un second mandat à la Maison-Blanche. Mais le candidat démocrate Joe Biden a fermement averti que la course ne serait pas terminée tant que tous les votes ne seraient pas comptés. « Nous sommes sur la bonne voie », a-t-il lancé à ses partisans rassemblés à Wilmington, au Delaware, peu après minuit.

Au petit matin mercredi, le sort de l’élection reposait essentiellement sur le choix des électeurs de trois États : la Pennsylvanie, le Michigan et le Wisconsin. En début de nuit, le président Trump était en avance sur le candidat démocrate Joe Biden dans les trois États. Mais peu avant 5 h, M. Biden avait repris l’ascendant, par moins de 8000 voix au Wisconsin.

Au lendemain de l’élection, la carte électorale est, à ce stade du dépouillement du vote, exactement la même qu’en 2016, à une exception près : l’Arizona, le seul État jusqu’ici à être en voie de changer d’allégeance, dans ce cas en faveur des démocrates.

Mais ce probable gain démocrate – et ses 11 votes au collège électoral – est loin d’être suffisant pour permettre au parti de Joe Biden d’avoir bon espoir de l’emporter en bout de décompte. Pour atteindre les 270 votes nécessaires au collège électoral, les démocrates doivent également remporter la victoire dans au moins deux des trois États du Nord-Est. Il n’est pas non plus impossible que deux votes liés à la distribution proportionnelle des voix dans les États du Maine et du Nebraska jouent un rôle crucial pour désigner un gagnant de l’élection à la Maison-Blanche.

Le sort de la Floride a été réglé assez tôt en soirée, annonçant du même coup qu’il n’y aurait pas de raz-de-marée démocrate. Après la fermeture des premiers bureaux de vote en Floride à 19 h, les résultats ont rapidement montré que les deux rivaux étaient à égalité dans cet État. En 2016, Donald Trump avait remporté la victoire dans l’État avec 1,2 point d’avance sur Hillary Clinton.

En lui accordant 7 points d’avance, le comté de Miami-Dade, le plus populeux de la Floride, s’est notamment montré moins enthousiaste pour Joe Biden qu’il l’avait été pour Hillary Clinton – en 2016, la candidate y avait remporté plus de 63 % des voix. Les pertes dans Miami-Dade ont grignoté des gains que les démocrates ont pu faire dans d’autres comtés floridiens, comme les Pinellas.

Les espoirs des démocrates au Texas, que ces derniers espéraient faire basculer dans leur camp, se sont évaporés au fil de la soirée – avec 94 % des voix comptabilisées, Donald Trump disposait d’une avance de 6 points sur son rival dans cet État qui désigne 38 grands électeurs.

Quant à la Géorgie, un État traditionnellement républicain qui a fait rêver les démocrates en fin de course, Donald Trump y menait la danse en fin de soirée avec 50,6 % des voix. Mais même si moins de 10 % des voix n’avaient pas été comptabilisées, Joe Biden a assuré que son parti « était toujours dans la course ». « Nous avons manifestement gagné la Géorgie », a affirmé Donald Trump.

Le décompte se poursuit

En s’adressant à ses partisans, Joe Biden a fermement réitéré que son équipe « allait s’assurer que chaque vote serait compté ». Notamment les bulletins de vote par correspondance mis à la poste avant le 3 novembre, et dont le dépouillement, dans certains cas, pourrait prendre quelques jours et changer le portrait final.

C’est le cas, par exemple, du Michigan, relève le politologue Corwin Smidt. « Les premiers résultats comptabilisés seront favorables à Trump », a-t-il prédit, dans un courriel envoyé en fin de soirée. « Mais avec 3 millions d’électeurs qui ont voté par la poste, cela veut dire que beaucoup de votes qui seront comptabilisés à la fin seront favorables à Biden. »

Durant la journée de mardi, le président Donald Trump a déclaré que les Américains étaient « en droit de connaître le vainqueur » le jour de l’élection. Mais il était déjà attendu que le recours accru des électeurs américains au vote par correspondance pourrait retarder le dépouillement des bulletins.

Il faudra que les électeurs soient patients en attendant les résultats des élections cette année. Il est important de reconnaître que ce processus pourra prendre du temps.

Chad Wolf, secrétaire à la Sécurité intérieure, mardi

De leur côté, Facebook et Twitter avaient annoncé une série de mesures pour limiter la diffusion de toute annonce de victoire avant que les résultats définitifs ne soient connus. De fait, la déclaration de victoire de Donald Trump sur Twitter a été immédiatement suivie d’un avis comme quoi l’affirmation pouvait être « trompeuse ».

Biden, davantage populaire

Comme en 2016, les démocrates détenaient, au terme de la soirée électorale, une petite avance du vote populaire en leur faveur. Joe Biden avait reçu la faveur de 49,8 % des électeurs, tandis que 48,6 % avaient choisi Donald Trump.

En 2016, les sondeurs avaient été surpris par la victoire du candidat républicain. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer le décalage, notamment parce que beaucoup d’indécis dans les États-clés, qui s’étaient décidés à la toute dernière minute, ont surtout appuyé Donald Trump. Les sondages nationaux, eux, avaient vu juste : ils ont prédit une victoire du vote populaire d’Hillary Clinton par trois points, elle a gagné par deux points.

Malgré les craintes, et à part quelques incidents isolés, la journée de vote de mardi s’est bien déroulée dans tout le pays. Des tentatives de cyberattaques menées de l’étranger ont été observées dans les dernières semaines de la campagne, mais les autorités estimaient mardi que les infrastructures électorales « résistaient » à ces attaques. « Nous n’avons aucune indication qu’un acteur étranger ait réussi à compromettre ou affecter les votes de ce scrutin », a déclaré le secrétaire Chad Wolf.