Les démocrates semblaient en bonne position mardi pour conserver, voire consolider, leur majorité à la Chambre des représentants. Le sort du Sénat, contrôlé par les républicains depuis l’élection de Donald Trump en 2016, demeurait cependant incertain.

Une bataille serrée au Sénat

Le camp démocrate, qui devait réaliser un gain net de quatre sièges pour s’assurer de reprendre le contrôle du Sénat, était loin du compte vers minuit dans la nuit de mardi à mercredi.

Selon l’Associated Press, le parti de l’ex-vice-président Joe Biden avait alors réussi à soutirer un seul siège aux républicains, soit celui de Cory Gardner au Colorado, qui a été remporté par l’ex-gouverneur démocrate de l’État John Hickenlooper.

Cette victoire était contrebalancée par la défaite en Alabama du sénateur démocrate Doug Jones, qui avait réussi à s’imposer lors des élections de 2018 dans ce bastion républicain. Un ancien entraîneur de football, Tommy Tuberville, l’a délogé.

Le parti de Donald Trump disposait de 53 sièges avant le scrutin de mardi, contre 47 pour les démocrates, dont deux indépendants qui les appuient.

Le Cook Political Report avait indiqué, en prévision de l’élection, que la formation démocrate était en position de remporter de deux à sept sièges de plus.

Gains de sièges

Avec un gain net de trois sièges, les démocrates seraient en mesure de contrôler le Sénat si Joe Biden remporte l’élection, puisque sa colistière, Kamala Harris, aurait, à titre de vice-présidente, la voix décisive s’il y a égalité 50-50 lors d’un vote.

Un quatrième siège serait cependant requis si Donald Trump est reconduit à son poste et que le vice-président Mike Pence conserve le vote décisif à la chambre haute du Congrès.

Les républicains avaient 23 sièges en jeu dans le scrutin de mardi, comparativement à 12 pour les démocrates, un tiers du Sénat étant en jeu tous les deux ans.

Une dizaine de sièges n’avaient toujours pas été attribués vers minuit, les autres ayant été remportés par les sénateurs sortants, sauf au Colorado et en Alabama.

Le leader de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, qui a été réélu mardi par une marge confortable au Kentucky, avait déclaré avant le scrutin que son parti se retrouvait « très exposé », témoignant de l’appréhension du camp républicain.

Si la course demeure serrée, le contrôle du Sénat pourrait se décider seulement en janvier, puisqu’au moins un des deux postes de sénateur en jeu en Géorgie devra être décidé lors d’un second tour en janvier, les candidats en lice n’étant pas en position d’atteindre le seuil de 50 % des votes requis pour l’emporter d’emblée.

La Chambre aux démocrates

Les démocrates conserveront leur majorité à la Chambre des représentants, où ils devraient faire de légers gains à l’issue des élections.

Au moment d’écrire ces lignes, vers 23 h 30 mardi soir, les démocrates étaient en voie de remporter environ 240 sièges, soit 5 sièges de plus que lors des dernières élections législatives en 2018, selon les prévisions des chaînes ABC et Fox News. Les républicains étaient en voie de recueillir environ 195 sièges.

Il faut 218 sièges pour obtenir une majorité à la Chambre, l’une des deux assemblées législatives du Congrès, qui compte 435 membres élus tous les deux ans. Les démocrates ont pris le contrôle de la Chambre aux élections de mi-mandat en 2018, après huit ans de majorité républicaine. Les démocrates détenaient 232 sièges à la Chambre avant le déclenchement des élections de 2020.

Si la tendance se maintient, les démocrates devraient ravir quatre ou cinq sièges aux républicains, selon les chaînes ABC et Fox News. Pour l’instant, les démocrates ont officiellement ravi deux sièges aux républicains en Caroline du Nord, alors que les républicains ont pris deux sièges aux démocrates en Floride.

Pelosi et Ocasio-Cortez

La présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, qui siège à la Chambre depuis 1987, devrait normalement être réélue en Californie. Chez les démocrates, la sensation de la gauche progressiste, Alexandria Ocasio-Cortez, 31 ans, a été réélue à New York. Nouvelle recrue des démocrates, l’Afro-Américaine Nikema Williams a été élue dans l’ancien district de John Lewis, pionnier du mouvement des droits civiques qui a marché avec Martin Luther King dans les années 60 et qui a siégé au Congrès de 1986 jusqu’à sa mort, l’été dernier.

Chez les républicains, le leader de la minorité républicaine, Kevin McCarthy, devrait aussi être réélu en Californie, tandis que la candidate républicaine controversée Marjorie Taylor-Greene, proche du mouvement complotiste QAnon, a été élue dans un district en Géorgie.

Au moment d’écrire ces lignes, mardi soir, 113 démocrates étaient officiellement élus à la Chambre, contre 137 républicains. Mais les résultats de l’Ouest américain, où les démocrates sont très populaires, n’étaient pas encore comptabilisés – ce qui fait en sorte qu’on prévoit au bout du compte une majorité démocrate avec environ 240 sièges pour les démocrates.

Juste assez

Les deux tiers des sièges au Sénat mis en jeu mardi appartenaient à des républicains. Ce n’est donc pas étonnant qu’ils aient été plus nombreux à être perçus comme risquant d’être éjectés. Au moment de publier, le parti de Donald Trump semblait en faire juste assez pour s’accrocher à la chambre haute.

Maine

Susan Collins

PHOTO ALEX EDELMAN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Susan Collins

L’élection de Donald Trump a compliqué la tâche de celle qui représente un État « bleuté ». Elle s’est rangée avec les démocrates pour quelques votes cruciaux, notamment sur l’Obamacare. Ses contorsions pour ménager la chèvre et le chou ont fait fondre l’avance de 37 % avec laquelle elle l’avait emporté en 2014. Au moment d’écrire ces lignes, elle semblait en voie de préserver son siège et d’être élue pour la cinquième fois de suite.

Caroline du Sud

Lindsey Graham

PHOTO GREG NASH, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Lindsey Graham

L’un des plus fidèles exécutants de Donald Trump aura eu chaud. Le processus de nomination à la Cour suprême d’Amy Coney Barrett, qu’il a permis d’accélérer en tant que président de la commission judiciaire du Sénat, a fait remplir les coffres de son adversaire démocrate et multiplier les publicités où on le voyait se contredire par rapport à 2016, alors qu’il était l’un des plus farouches critiques du candidat Trump.

Caroline du Nord

Thom Tillis

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Thom Tillis

Quand les comptes seront terminés, la course opposant ce sénateur sortant au démocrate Cal Cunningham pourrait avoir été la plus chère de l’histoire. Tillis est l’un des républicains victimes de la COVID-19 dans la foulée de Donald Trump. Son adversaire lui a toutefois ouvert la porte en s’embrouillant dans une histoire de messages textes à caractère sexuel. Il avait un peu moins de 2 % d’avance au moment de publier.

Arizona

Martha McSally

PHOTO ROB SCHUMACHER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Martha McSally

L’ancienne pilote militaire semblait en voie d’échouer pour la deuxième fois à se faire élire au Sénat. Elle y siège néanmoins depuis 2019, nommée dans le siège de feu John McCain. Son rival, l’ancien astronaute Mark Kelly, est aussi connu comme étant le mari de Gabby Giffords, membre de la Chambre des représentants victime d’une tentative d’assassinat en 2011. L’Arizona, dont les deux sénateurs étaient républicains depuis 1995, est en voie d’élire un deuxième démocrate depuis 2018.

Colorado

Cory Gardner

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Cory Gardner

Considéré comme peut-être le plus fragile des républicains au Sénat, Cory Gardner n’a pas réussi à obtenir un deuxième mandat. Sa marge victorieuse d’à peine 2 % en 2014 n’a pas résisté aux assauts de John Hickenlooper, maire de Denver et gouverneur du Colorado pendant huit ans dans les deux cas. En plus d’une forte compétition, il faisait face à un virage bleu du Colorado perceptible à tous les paliers depuis déjà quelques années.

Alabama

Doug Jones

PHOTO ALEX EDELMAN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Doug Jones

Le mirage n’aura pas tenu. Dans un État rouge comme le sang, la victoire du démocrate Doug Jones lors d’une élection partielle en 2017 avait étonné. Le résultat de mardi confirme qu’elle était davantage attribuable aux problèmes de son rival, victime d’allégations d’agressions sexuelles sur des mineures, qu’à une vague bleue. Son rival de 2020, le populaire ancien entraîneur de football collégial Tommy Tuberville, ne lui a pas laissé cette chance et l’a emporté haut la main.