(Atlanta) Le suspense se poursuivait en Géorgie, mercredi soir, alors que Joe Biden et Donald Trump étaient toujours au coude-à-coude. L’équipe du président s’est tournée vers les tribunaux pour faire cesser ici aussi le dépouillement des votes, qui devait être bouclé avant la fin de la journée, selon ce qu’avaient promis en milieu de journée les autorités locales.

L’État voisin de la Floride (et ses 16 votes au Collège électoral) est l’un de ceux qui continuent de tenir le pays en haleine au lendemain du jour du vote. Des pépins technologiques – ainsi qu’une rupture de canalisation dans le comté de Fulton, où se trouve la capitale Atlanta – sont à blâmer pour le délai.

Les secteurs qui étaient touchés par ces problèmes sont majoritairement urbains, et concentrés autour de la ville d’Atlanta. Or, dans l’agglomération de la capitale géorgienne, on vote très majoritairement pour le Parti démocrate.

Dans la nuit de mardi à mercredi, Joe Biden accusait un bon retard sur son adversaire, mais il a repris du poil de la bête. L’écart s’est significativement resserré : mercredi, vers 20 h, la différence entre les deux candidats à la présidence était de moins d’un point de pourcentage (49,8 % pour Donald Trump, 49,0 % pour Joe Biden),

En milieu de journée, le secrétaire d’État de la Géorgie, Brad Raffensperger, avait promis que le dépouillement serait terminé avant la fin de la journée dans cet État où Joe Biden et Donald Trump étaient engagés dans un véritable bras de fer.

Les électeurs ici ont voté en grand nombre, en particulier pendant les trois semaines du vote par anticipation : avant le jour du vote, plus de 3,9 millions des quelque 7,6 millions d’électeurs admissibles avaient exercé leur droit de vote.

En conférence de presse au Capitole de l’État, le secrétaire d’État Raffensperger a évalué à environ 200 000 le nombre de bulletins de vote qui restaient à être comptés. Plusieurs fois, il a martelé que « chaque vote légal sera compté » et que « les élections comptent ».

« C’est peut-être la première fois en Géorgie que le jour de l’élection, on a des temps d’attente sous les 10 minutes d’un bout à l’autre de l’État, et nous avons fait cela en fracassant des records de participation », a-t-il déclaré.

Il a par ailleurs affirmé que le succès du processus électoral venait de régler le débat entourant la suppression des votes (voter suppression) qui avait attiré l’attention lors des primaires. Les longues files d’attente – surtout dans les bureaux où la population était majoritairement noire – avaient suscité leur lot de critiques.

Un débat qui, a déploré Brad Raffensperger, a été « alimenté par des gens de notre État, ou de gens d’ailleurs, qui ont voulu semer un doute sur notre système et ceux qui ont erronément affirmé qu’il y avait un problème d’accès au vote ».

L’État de la Géorgie a un poids de 16 votes au Collège électoral. Il est détenu par les républicains depuis 1996. Le dernier bleu à l’avoir emporté est Bill Clinton, en 1992, mais les démocrates avaient bon espoir de le ramener dans leur giron.

Suspense pour les sénatoriales

Il est déjà acquis que l’on devra attendre au 5 janvier prochain avant de connaître le vainqueur de l’une des deux courses au Sénat. Les règles électorales géorgiennes stipulent qu’un candidat doit décrocher la majorité simple (50 % plus une voix) pour l’emporter.

Or, dans la course « spéciale » qui se tenait en raison de la démission prématurée du sénateur républicain Johnny Isakson, personne n’a atteint ce seuil. Le démocrate Raphael Warnock, un pasteur, avait les devants sur la républicaine Kelly Loeffler, avec 32,5 % du vote contre 26,2 %, vers 20 h.

L’autre lutte, celle qui oppose le sénateur républicain David Perdue au candidat démocrate Jon Ossoff, est également serrée. Le premier était en avance mercredi soir avec 50,3 % des voix contre 47,4 %. Les réseaux américains n’ont pas encore tranché le vainqueur.

Si le sénateur Perdue se retrouve sous la barre des 50 % plus une voix, il y aura là aussi une finale au mois de janvier.