(Atlanta) Atlanta a été le théâtre d’émeutes au printemps dernier ; aussi se préparait-elle au pire, mardi, plusieurs commerces du centre-ville se placardant en prévision de la soirée électorale et de ses lendemains. La bonne nouvelle, cependant, est que le vote semble se dérouler assez rondement.

Dans les principales artères de la capitale de la Géorgie, on jouait du marteau et de la scie mécanique, mardi.

Autour du Centennial Olympic Park, qui était l’épicentre des rassemblements printaniers en mémoire de George Floyd, plusieurs commerces et édifices publics ont décidé de ne pas courir de risque : on a installé parfois des panneaux de bois, parfois des clôtures de métal.

« On y a déjà goûté, il est hors de question qu’on revive ça », a lancé la gérante d’un café qui a refusé d’être identifiée. Chez CNN, non loin de là, on n’a pas eu à réembaucher des menuisiers : les vitres qui avaient volé en éclats sont encore debout, supportées par des panneaux de contreplaqué.

Au restaurant de la chaîne Waffle House qui est situé directement en face du vaste parc urbain – fermé au public depuis mai dernier – et au pied de la grande roue d’Atlanta, on fait le pari que cette fois, on y échappera. « Ils ont brisé les vitres au printemps. Je croise les doigts pour que ça n’arrive pas ce soir », rigole Sherilyen Moore, qui est en poste mardi soir.

Un peu plus loin, au restaurant Ruth’s Chris Steak House, trois travailleurs s’affairent à poser des panneaux de contreplaqué… qu’ils peignent ensuite en blanc. Pourquoi ? « Je ne sais pas, c’est le propriétaire qui nous l’a demandé. C’est curieux ; de toute façon, ils vont les enlever dans une ou deux semaines », laisse tomber l’un d’entre eux.

Vers la fin de l’après-midi, la présence policière dans les rues de la métropole était très discrète. À part quelques véhicules stationnés çà et là, il n’y avait rien à signaler pour le moment.

Un vote qui se passe bien

Le vote par anticipation a obtenu un succès fou en Géorgie ; avec environ 3,9 millions de voix exprimées sur un potentiel de quelque 7,6 millions, l’État a fracassé un record. En tout, trois semaines avaient été allouées pour permettre à la population d’exercer son droit de vote.

Dans les bureaux de scrutin d’Atlanta visités par La Presse en milieu d’après-midi, il n’y avait d’ailleurs pas foule.

« Je n’ai jamais vu ça ! Ça a été la chose la plus smooth au monde. Je n’ai pas attendu du tout », se réjouit Shaula Chambliss, 49 ans, à sa sortie du local du Ponce City Market, un bâtiment historique reconverti en centre commercial hip. Celle qui se décrit comme une indépendante a voté Joe Biden.

À environ 15 de kilomètres de là, dans un secteur moins cossu et majoritairement Noir, même fluidité. « On a ouvert les portes à 7 h, et c’est le seul moment où il y a eu une file. Et encore là, la personne qui était à la fin a dû attendre 15 minutes, maximum », assure une employée électorale à la porte de la bibliothèque Washington Park, avenue Martin Luther King.

Shantelle Daniels, 30 ans, en sort. Elle vient de voter pour la toute première fois de sa vie. « Je sentais cette fois que j’avais l’obligation, comme Noire, de voter. J’ai voté Biden, sans hésitation. Et je me sens bien », laisse-t-elle tomber sous le regard de sa petite fille Laurianna.

On devrait connaître les résultats de la Géorgie assez rapidement, puisque tous les votes par anticipation ainsi que les votes postaux ont été traités. Les démocrates espèrent réaliser une percée ici pour la première fois depuis 1992, alors que Bill Clinton avait remporté la mise.

Atlanta et d’autres villes comme Savannah ou Augusta votent généralement démocrate, mais autour, dans des zones plus rurales de cet État voisin de la Floride, les républicains obtiennent la faveur de l’électorat. En 2016, Donald Trump l’avait emporté avec 51,3 % des voix contre 45,6 % pour Hillary Clinton.