(Pittsburgh) « Bidon » : Donald Trump a balayé lundi les sondages qui le placent derrière son rival Joe Biden, affichant une confiance inébranlée à la veille d’une élection aux allures de référendum sur sa présidence hors norme.

Après quatre années tumultueuses, les États-Unis « en ont assez du chaos », a martelé son adversaire démocrate, qui dit se battre pour restaurer l’« âme » de l’Amérique.

« Il est temps de se relever et de reprendre le contrôle de notre démocratie », a lancé l’ancien vice-président de Barack Obama à la fin de son discours depuis Pittsburgh. C’est dans cette ville de Pennsylvanie (État remporté sur le fil par Donald Trump en 2016) qu’il avait débuté sa campagne il y a 18 mois.

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Joe Biden a participé à un rassemblement à Philadelphie, dans l’État-clé de la Pennsylvanie, dimanche soir.

Les deux septuagénaires, aussi différents sur la forme que sur le fond, sont engagés dans un sprint final après une campagne abrasive qui a renforcé la fracture entre deux Amériques aux antipodes.

Fragilisé par une recrudescence de la pandémie de COVID-19, Donald Trump se démultiplie pour faire mentir les sondages et créer la surprise, comme il l’avait fait en 2016.

« Demain, nous allons gagner quatre ans de plus à la Maison-Blanche », a-t-il lancé devant des partisans en Caroline du Nord. « Comme ça, on pourra finir le travail entamé », a-t-il ajouté quelques heures plus tard dans le Michigan.

Comme en pied-de-nez, il s’est entre-temps rendu à Scranton, la ville natale de son rival démocrate, qu’il a accusé d’être « endormi », mais aussi « agité », « corrompu », « contrôlé par les grands médias »…   

Vitrines barricadées

Joe Biden continuera sa campagne dans cet État jusqu’à la dernière minute, avec des interventions prévues mardi à Scranton et Philadelphie, une démarche légale mais inhabituelle.

De son côté, Donald Trump a indiqué qu’il se rendrait mardi à son QG de campagne, situé en Virginie.

« Je ne supporterai pas quatre ans de plus avec Trump », a confié à l’AFP une de ses partisanes, Jane Perry, 65 ans, croisée à Pittsburgh, où l’ancien vice-président doit tenir un meeting lundi soir en présence de Lady Gaga.

A l’inverse, Lara Schmidt, 42 ans, espère un « raz-de-marée » en faveur du président, qu’elle a écouté avec ferveur à Scranton. « Mais si les votes par correspondance se font dans l’illégalité, je me mettrai à genoux pour prier », dit-elle, inquiète.  

Près de 100 millions d’Américains ont déjà voté par anticipation, en personne ou par correspondance, pour éviter les bureaux de vote bondés en pleine pandémie. Depuis des semaines, Donald Trump critique cette option, l’accusant sans preuve de favoriser la fraude électorale.

Le président, qui craint de devenir le premier à ne pas être réélu depuis un quart de siècle, entretient le flou sur la position qu’il adoptera en cas de défaite, ce qui suscite l’anxiété dans le pays.

« Dès que l’élection sera terminée, nos avocats seront prêts », a-t-il notamment déclaré dimanche, laissant entrevoir la possibilité d’une longue bataille judiciaire.

Signe de la tension qui règne à l’issue d’une campagne d’une agressivité inouïe, des commerces dans plusieurs villes américaines, dont New York et Washington, se barricadaient par crainte de manifestations violentes.

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« Virer Trump »

Un mois après son infection à la COVID-19, Donald Trump, 74 ans, ne montre aucun signe de fatigue et doit encore se rendre lundi soir à Kenosha, dans le Wisconsin, avant un dernier acte à Grand Rapids (Michigan), comme en 2016.

Joe Biden se concentre essentiellement sur la Pennsylvanie, remportée en 2016 par Donald Trump avec une avance de seulement 44 000 voix.

A 77 ans, le démocrate a mené une campagne discrète, mettant un point d’honneur à respecter scrupuleusement les consignes des autorités sanitaires pour éviter de propager la COVID-19, qui a fait plus de 230 000 morts aux États-Unis.

Il a encore une fois pris lundi le contrepied du président républicain, lequel a laissé entendre qu’il pourrait limoger l’immunologue respecté Anthony Fauci, de plus en plus critique envers la stratégie gouvernementale. « J’ai une meilleure idée », a dit Joe Biden. « Elisez-moi et je vais embaucher le Dr Fauci et virer Donald Trump ! »

« Show télévisé »

Les derniers sondages placent le démocrate confortablement en tête dans plusieurs États décisifs remportés par le républicain en 2016, comme le Wisconsin et le Michigan, mais sa marge est un peu plus étroite en Pennsylvanie et les deux candidats sont au coude-à-coude en Floride.

Les observateurs répètent leurs appels à la prudence, pointant le scrutin de 2016, lors duquel Donald Trump avait créé l’une des plus grandes surprises de l’histoire politique américaine en battant Hillary Clinton.

Singularité du système américain : ce sont les grands électeurs, et non le vote populaire, qui font l’élection. En 2016, Donald Trump avait recueilli près de trois millions de voix de moins qu’Hillary Clinton, mais avait remporté la majorité des 538 grands électeurs.

L’ancien président Barack Obama, très présent dans cette dernière ligne droite, a encore soutenu lundi la candidature de celui qui fut son vice-président pendant huit ans.

Donald Trump « n’a jamais pris au sérieux » sa fonction et a « utilisé la présidence comme un show télévisé pour attirer l’attention sur lui », a-t-il taclé depuis Miami en Floride, appelant une nouvelle fois les électeurs à se rendre aux urnes massivement.  

« On ne peut pas laisser de place au doute », a-t-il estimé.