(New York) La ville américaine de Philadelphie se préparait mardi soir à de nouvelles manifestations après des affrontements la nuit précédente, déclenchés par la mort d’un homme noir abattu par des policiers alors que la métropole est déjà tendue à une semaine de la présidentielle.

Dans la nuit de lundi à mardi, une flambée de violences a secoué le quartier de West Philadelphia après la mort d’un homme identifié comme Walter Wallace Junior, 27 ans, abattu en pleine rue par deux policiers. Ces derniers ne semblaient pas en danger imminent selon une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.  

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Un homme noir de 27 ans a été abattu de plusieurs balles par deux policiers lundi après-midi dans le quartier de West Philadelphia.

Trente policiers ont été blessés, presque tous pour des blessures légères, mais une policière restait hospitalisée mardi, la jambe cassée après avoir été renversée « délibérément » par une camionnette, a précisé la responsable de la police de la ville, Danielle Outlaw.

Au moins 91 personnes ont été arrêtées, dont 76 pour cambriolage, a-t-elle précisé, avec de nombreux distributeurs et magasins endommagés.

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Trente policiers ont été blessés, dont plusieurs qui ont été hospitalisés, a rapporté la police de Philadelphie à l’AFP.

Les deux policiers impliqués — suspendus dans l’attente des résultats d’une enquête menée par la police et le procureur local — étaient arrivés sur les lieux après un appel mentionnant une dispute familiale et parlant d’un homme avec un couteau. Selon un porte-parole de la police, Walter Wallace Jr. a refusé de lâcher son arme malgré les injonctions des agents.

« Nous nous attendons ce soir à de nouveaux troubles, et nous prenons des mesures supplémentaires pour assurer l’ordre », a déclaré Mme Outlaw. « Nous allons renforcer notre présence à des points-clés de la ville », en déployant notamment une unité anti-pillage dans les quartiers commerciaux, a-t-elle ajouté.  

Garde nationale évoquée

Pour maintenir l’ordre dans cette métropole devenue l’un des principaux champs de bataille électoraux entre républicains et démocrates, elle a précisé « explorer toutes les options », sollicitant l’appui de policiers des comtés alentour et n’excluant pas de recourir à la Garde nationale.  

Le maire démocrate, Jim Kenney, s’est lui aussi montré inquiet d’une brutale montée de tension, dans une ville où les manifestations pour « Black Lives Matter » après la mort de George Floyd fin mai avaient été accompagnées de pillages et violences, et d’une hausse de la criminalité.

« Nous espérons qu’il n’y aura pas de répétition de ce que nous avons vu la nuit dernière, et nous prenons toutes les précautions possibles pour avoir le personnel nécessaire », a-t-il souligné.

Il a cependant fait la distinction entre les « manifestants pacifiques, qui étaient là hier soir et seront peut-être là pendant une semaine ou deux », et « vandalisme et pillage qui ne sont pas des formes acceptables de la liberté d’expression ».

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Une voiture de police a été incendiée durant les manifestations.

La Maison-Blanche « surveille de près »

Si les violences se poursuivaient dans les prochains jours, la situation à Philadelphie pourrait devenir un sujet central de cette fin de campagne présidentielle.  

Donald Trump et les républicains ont fait de la montée de la criminalité dans les grandes métropoles — souvent gérées par des démocrates — un argument contre Joe Biden.  

Le président américain cite souvent la Pennsylvanie — Philadelphie en particulier — comme un endroit où le risque de fraude électorale est le plus élevé, même si aucun incident n’est venu étayer cette thèse.

« Nous surveillons la situation de près. Nous nous tenons prêts à déployer des ressources fédérales, si besoin », indiquait mardi matin Alyssa Farah, directrice de la communication de la Maison-Blanche.  

Joe Biden a lui aussi vite réagi : tout en déplorant une nouvelle « injustice » contre la communauté noire — au cœur de son électorat — il a mis en garde contre tout pillage et attaque contre des policiers.  

« Piller n’est pas manifester, c’est un délit », a-t-il souligné. Donald Trump est « incapable » de « rassembler les gens, mais nous y arriverons », a-t-il assuré.   

Les circonstances exactes de la mort de Walter Wallace restent à établir. Danielle Outlaw comme Jim Kenney ont refusé mardi d’identifier les deux policiers, ou de s’engager à rendre publiques les images de leurs caméras vidéo embarquées, dans l’attente des éléments de l’enquête.

Selon le père du jeune homme, interrogé par le journal Philadelphia Inquirer, son fils souffrait de problèmes psychologiques et était sous traitement.  

« Pourquoi n’ont-ils pas utilisé un Taser (pistolet à impulsion électrique) ? », s’est lamenté Walter Wallace Sr. « Sa mère était en train d’essayer de calmer la situation ».