(New York) Donald Trump a attrapé la COVID-19 : pour beaucoup de New-Yorkais, la nouvelle tombée dans la nuit est avant tout la preuve qu’il n’a pas pris le virus au sérieux. Mais dans un pays ultra-polarisé à l’approche de la présidentielle, certains allant même jusqu’à évoquer « une manœuvre politicienne » pour peser sur la campagne.  

Dans la ville natale du président américain, bastion démocrate qui a enregistré un nombre record de près de 24 000 morts du coronavirus, beaucoup se disaient vendredi matin peu surpris par la nouvelle, tweetée par le président lui-même vers 1 h du matin.  

« C’est un être humain quand même, je lui souhaite le meilleur », mais « j’espère que les gens comprendront que [l’épidémie] est grave et que le masque est vraiment nécessaire », dit Christian Persaud, 19 ans, interrogé dans un quartier particulièrement touché par le virus au printemps, dans le district du Queens où Trump est né.

« Il ne prenait pas le virus au sérieux […] On ne peut pas jouer avec ce virus, il faut porter le masque », dit aussi Alex Flores, 24 ans, employé par une société de nettoyage à proximité de la tour Trump, le gratte-ciel de la 5e Avenue où habitait le magnat de l’immobilier avant d’être élu à la Maison-Blanche en 2016.

Dans cette ville où le port du masque est devenu un réflexe pour beaucoup, certains y voyaient une preuve de plus que le président — qui à 74 ans fait partie des personnes potentiellement plus vulnérables au virus — est un « idiot » et doit être remplacé par Joe Biden, son rival démocrate.

Comme Isiah Pough, 27 ans, qui est certain que « cela va lui nuire » pour la présidentielle. Ou Mark, cadre quinquagénaire dans la finance, qui espère que ceux qui hésitaient encore « vont se dire, “ok, c’est vraiment un idiot” et se rallier à [son rival Joe] Biden ».

Mais même s’ils sont minoritaires et souvent réticents à donner leur nom de famille, New York compte aussi des partisans du président.  

Telle Natacha, qui travaille dans un magasin proche de la tour Trump, qui craint que l’annonce par le président lui-même de son résultat positif dans un tweet en pleine nuit, soit « un coup des démocrates ».  

« Ils font ça tout le temps, ils ont essayé tellement de choses déjà contre lui », dit-elle, soulignant « ne plus faire confiance aux médias depuis longtemps ».

« Une ruse » ?

Côté démocrate, certains n’excluent pas non plus une manœuvre politicienne. « Il est possible que ce soit une ruse […], attendons de voir ce qu’il a dans sa manche, » dit Rhonda Marin, 60 ans, coiffeuse. « Tout est si instable, nous sommes dans une mauvaise situation ».    

PHOTO OLIVIER DOULIERY, AGENCE FRANCE-PRESSE

Joe Biden et Donald Trump lors du premier débat présidentiel organisé à Cleveland, en Ohio, le 29 septembre.

« Nos téléphones, ceux de mes amis et le mien, ont explosé dans la nuit », à cause de la nouvelle, dit Susan Deutsch, 47 ans, qui travaille dans la finance. « On était tous soupçonneux, on s’est dit, “Est-ce une manœuvre, après le débat [entre Joe Biden et Donald Trump mardi soir] qui a été si peu clair, une ruse pour chambouler le processus, pour créer de l’empathie ? Qui sait ? »

Elle a néanmoins tendance à penser qu’à moins que le président soit gravement malade et qu’il meure, « ce que je ne souhaiterais à personne », cela ne changera pas grand-chose à la campagne.  

« Tout le monde est un peu blasé », dit-elle.  

Susan Barder, consultante qui se dit sans appartenance politique mais proche des républicains sur les questions d’avortement, voudrait elle surtout que le président se remette au plus vite, et s’inquiète de savoir ce que prévoit la Constitution américaine « lorsqu’un candidat est malade ».  

Elle espère que l’évènement permettra à tout le monde de prendre « le temps de réfléchir ».

« Il y a tant de choses folles qui se passent en ce moment. On a tous besoin d’un peu de calme », dit-elle.