(Washington) À 32 jours de l’élection présidentielle, coup de tonnerre aux États-Unis : Donald Trump, déclaré positif à la COVID-19, présentait vendredi des « symptômes légers » et s’est vu contraint de suspendre sa campagne alors même qu’il était déjà en difficulté face au démocrate Joe Biden.

Les évènements de campagne programmés seront tenus de manière virtuelle ou repoussés, a déclaré vendredi l’équipe de campagne du républicain.

« Tous les évènements de campagne précédemment annoncés et impliquant la participation du président sont actuellement en train d’être transformés en évènements virtuels ou sont temporairement repoussés », a écrit un responsable de la campagne Trump, Bill Stepien, dans un communiqué.

Il a également précisé que les évènements impliquant la famille du président étaient eux aussi « temporairement repoussés », tandis que le vice-président Mike Pence allait lui continuer à faire campagne. Tous les autres évènements seront évalués « au cas par cas ».

Le président de la première puissance mondiale, qui n’a cessé de minimiser la pandémie et a multiplié les rassemblements souvent au mépris des précautions sanitaires, a lui-même annoncé ce nouveau rebondissement dans une campagne tendue à l’extrême dans la nuit de jeudi à vendredi.

« Ce soir, la première dame et moi-même avons été déclarés positifs à la COVID-19 », a écrit dans la nuit de jeudi à vendredi le milliardaire républicain, 74 ans, dans un tweet qui a rapidement battu des records de mention « J'aime ». Il a précisé que Melania Trump et lui entraient en « quarantaine » pour surmonter le coronavirus, qui a fait plus de 207 000 morts aux États-Unis, pays le plus endeuillé au monde.

Son médecin a assuré dans une note officielle que le couple présidentiel allait « bien ». Mais son chef de cabinet Mark Meadows a ensuite précisé dans la matinée que Donald Trump présentait des « symptômes légers » tout en gardant « bon moral ». « Je suis optimiste sur son rétablissement rapide », a-t-il assuré.

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La lettre du Dr Sean Conley

La première dame a aussi dit sur Twitter avoir des « symptômes légers » mais se sentir « globalement bien ».

Leur fils Barron, 14 ans, a été déclaré négatif, a indiqué vendredi la Maison-Blanche.

Aux commandes

Le 45e président des États-Unis reste aux commandes du pays depuis la Maison-Blanche, a tenu à rassurer son entourage, qui a toutefois dû annuler un rassemblement en Floride prévu vendredi.

Car concrètement, le candidat républicain va devoir renoncer aux rassemblements qu’il affectionne – et sur lesquels il semblait compter pour rattraper son retard persistant dans les sondages dans les États-clés susceptibles de faire basculer la victoire dans un camp ou dans l’autre le 3 novembre.

Donald Trump est très critiqué pour sa gestion de l’épidémie, par ses adversaires mais aussi par des scientifiques et certains élus de son propre camp.

Dans son dernier tweet avant cette annonce, Joe Biden accusait une fois de plus le président-candidat de vouloir « faire tout ce qu’il peut pour détourner l’attention » car « à cause de sa réaction calamiteuse à la COVID-19, plus de 200 000 Américains sont morts, 26 millions sont au chômage et une petite entreprise sur six risque de fermer définitivement ».

Vendredi matin, toujours sur Twitter, l’ancien vice-président âgé de 77 ans a adressé ses vœux de « prompt rétablissement » et ses « prières » à Donald et Melania Trump.

Que va faire Biden ?

Que va faire maintenant le candidat démocrate, souvent raillé par le président sortant pour sa campagne en retrait et son respect affiché des règles sanitaires ?

Il n’a pas précisé s’il était lui-même positif ou négatif au virus. Et n’a pas non plus confirmé s’il maintenait son déplacement prévu vendredi dans le Michigan, un autre État très disputé.  

Joe Biden était mardi soir sur le même plateau de télévision que son adversaire républicain pour leur premier débat. L’incertitude pèse désormais sur le prochain duel, prévu le 15 octobre.

Donald Trump est accusé d’avoir manqué de compassion face aux victimes du virus et d’avoir envoyé des signaux contradictoires sur sa gravité, sur les traitements potentiels et sur le port du masque, qu’il n’a finalement recommandé que du bout des lèvres et qu’il n’endosse qu’avec parcimonie après s’y être longtemps refusé.

Une très large majorité d’Américains jugent sévèrement son action sur ce front, ce qui pèse sur ses chances de réélection.

Au-delà de cette campagne à l’arrêt, certains observateurs s’interrogent déjà sur les conséquences institutionnelles d’un empêchement du président : dans ce cas totalement hypothétique à ce stade, le vice-président Mike Pence prendrait les rênes à la fois du pays et de la campagne républicaine.

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Le vice-président Mike Pence était à Lititz, en Pennsylvania, pour assister à la diffusion du premier débat entre Donald Trump et Joe Biden.

La Maison-Blanche a fait savoir que Mike Pence et son épouse avaient, eux, été déclarés négatifs vendredi matin. En revanche, la présidente du parti républicain Ronna McDaniel a été déclarée positive, selon des médias américains.

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Donald Trump et Hope Hicks

La première alerte était venu jeudi soir de l’annonce du test positif de Hope Hicks, proche conseillère de Donald Trump qui a voyagé avec lui ces derniers jours.

La Maison-Blanche a depuis commencé à tracer les cas contacts des personnes qui ont approché le président ces derniers jours, sans expliquer clairement comment l’un des hommes les plus protégés de la planète avait contracté le virus.

Vœux de rétablissement

De nombreux dirigeants mondiaux ont exprimé leurs vœux de « prompt rétablissement » à Donald Trump et son épouse.

Parmi eux, le premier ministre britannique Boris Johnson, lui-même atteint de façon grave il y a quelques mois, la dirigeante allemande Angela Merkel, qui leur souhaite d’être bientôt « complètement rétablis », ou encore le premier ministre indien Narendra Modi.

« Je suis convaincu que votre vitalité naturelle, votre vigueur d’âme et votre optimisme vous aideront à vaincre ce dangereux virus », lui a écrit, plus emphatique, son homologue russe Vladimir Poutine.

Enfin le patron de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) Tedros Adhanom Ghebreyesus, accusé par le président américain d’avoir mal géré la pandémie, lui a également adressé ses « meilleurs vœux de complet et prompt rétablissement ».