(Washington) Donald Trump a fait son choix, qu’il va annoncer solennellement samedi : la juge conservatrice Amy Coney Barrett devrait être désignée pour remplacer Ruth Bader Ginsburg à la Cour suprême des États-Unis, dans un climat de divisions extrêmes à 38 jours de la présidentielle.

Le président américain, qui a déjà fait savoir qu’il nommerait une femme, doit s’exprimer à 17 h depuis la roseraie de la Maison-Blanche.

Mais le suspense a été levé dès vendredi soir par les grands médias américains, qui ont rapporté à l’unisson qu’il avait choisi – sauf revirement de dernière minute – Amy Coney Barrett, une catholique pratiquante de 48 ans opposée à l’avortement.

« Nous allons annoncer quelqu’un de fantastique ! », a lancé vendredi soir le milliardaire républicain, en campagne pour sa réélection dans l’État de Virginie, devant une foule enthousiaste. Il avait plus tôt confirmé avoir arrêté son choix, sans donner de nom.

Si ce choix est confirmé, puis validé par le Sénat, Amy Coney Barrett viendra renforcer la majorité conservatrice au sein de cette institution-clé après le décès de la progressiste « RBG », icône féministe emportée la semaine dernière par un cancer.

Appel à attendre

Donald Trump a engagé au pas de course le processus pour ancrer durablement la Cour suprême dans le conservatisme, ses juges étant nommés à vie.

Son adversaire à la présidentielle Joe Biden et tout le camp démocrate sont vent debout, arguant qu’il devrait revenir au vainqueur du 3 novembre de faire un choix si déterminant pour la société américaine, puisque la plus haute juridiction tranche des questions ultrasensibles, comme l’avortement ou le droit de porter des armes.

Si la candidate du président est confirmée, comme attendu, par le Sénat à majorité républicaine, la Cour suprême ne comptera plus que trois juges progressistes sur ses neuf magistrats. Et l’ex-magnat de l’immobilier aura ainsi désigné, fait rare, trois juges suprêmes en un seul mandat.

Malgré le tollé démocrate, la chambre haute pourrait même se prononcer avant la présidentielle.

La puissante organisation de défense des droits civiques ACLU a encore exhorté samedi le Sénat à « reporter le processus de confirmation » jusqu’au lendemain de l’investiture du prochain président, le 20 janvier.

Le sujet sera à coup sûr mardi soir au cœur du premier débat télévisé de la campagne entre Joe Biden, favori dans les sondages, et Donald Trump, qui mise en partie sur cette séquence pour refaire son retard.

Le choix d’Amy Coney Barrett, mère de sept enfants, professeure de droit et magistrate connue pour ses convictions religieuses traditionalistes, pourrait galvaniser l’électorat chrétien conservateur sur lequel Donald Trump s’est largement appuyé lors de son élection-surprise il y a quatre ans.

D’autant que malgré une majorité de juges déjà théoriquement à droite après deux nominations par l’ex-homme d’affaires new-yorkais, la Cour suprême avait infligé au début de l’été une série de revers au camp conservateur, sur l’interruption volontaire de grossesse comme sur les droits des minorités sexuelles et des jeunes migrants sans papiers.

La haute juridiction « crache à la figure des gens fiers de se considérer comme républicains ou conservateurs », avait alors pesté Donald Trump.

Huées

Amy Coney Barrett – « ACB », comme la surnomment certains médias – faisait déjà partie des favoris en 2018 pour la Cour suprême lorsque le président lui avait finalement préféré le juge Brett Kavanaugh.

Cette fois, l’autre favorite, moins connue, était Barbara Lagoa. Née en Floride il y a 52 ans de parents ayant fui le régime communiste de Fidel Castro, elle aurait pu constituer pour Donald Trump un atout politique de poids dans cet État du Sud potentiellement décisif pour la présidentielle.

Une « femme formidable » et « hispanique », avait souligné le républicain, qui a toutefois dit vendredi ne pas l’avoir rencontrée en personne.

Signe des tensions politiques, c’est sous les huées de manifestants que Donald Trump était venu se recueillir jeudi devant la dépouille de Ruth Bader Ginsburg, exposée à l’entrée de la Cour suprême.

Une semaine tout juste après son décès, à 87 ans, « RBG » a reçu vendredi ses derniers hommages solennels au Capitole des États-Unis, en présence de Joe Biden et de sa colistière pour la vice-présidence, Kamala Harris.

« Aujourd’hui, la juge Ginsburg a marqué l’histoire une dernière fois », a tweeté l’ancien vice-président américain.

Elle sera inhumée dans l’intimité la semaine prochaine au cimetière national d’Arlington, près de Washington.