(Washington et Bagdad) L’armée américaine a annoncé mercredi une nouvelle réduction de ses effectifs en Irak, une décision conforme aux promesses électorales du président Donald Trump qui brigue un deuxième mandat en novembre.

« Les États-Unis ont décidé de réduire leur présence militaire en Irak d’environ 5200 à 3000 militaires durant le mois de septembre », a déclaré le général Kenneth McKenzie, chef du commandement militaire américain au Moyen-Orient.

Dans un discours prononcé à Bagdad à l’occasion de la prise de fonction d’un nouveau commandant de la coalition anti-EI, le général McKenzie a souligné que les États-Unis continueraient à épauler l’armée irakienne dans sa lutte contre les derniers éléments du groupe État islamique (EI) encore actifs dans le pays, et qu’ils maintiendraient une présence limitée en Syrie.

« Nous devons poursuivre notre coopération contre l’EI avec nos partenaires en Irak et Syrie », a-t-il dit, soulignant la confiance de Washington dans la « capacité des forces irakiennes à opérer de façon indépendante ».

La Maison-Blanche avait fait savoir mardi qu’une annonce était proche sur une nouvelle réduction des troupes américaines en Irak, où les soldats américains qui pourchassent les cellules dormantes djihadistes sont confrontés aux attaques croissantes de factions pro-iraniennes.

Un haut responsable de l’administration Trump a également indiqué aux journalistes que le président américain annoncerait prochainement un retrait d’Afghanistan où les États-Unis disposent de 8600 militaires et où le Pentagone a annoncé le mois dernier qu’il souhaitait passer sous les 5000 soldats d’ici la fin novembre.  

Donald Trump souhaite depuis son arrivée au pouvoir désengager les États-Unis des « guerres sans fin », a rappelé mercredi sa porte-parole, Kayleigh McEnany.  

« Le président Trump a mis fin à une lignée de présidents américains qui pendant 39 ans ont soit déclaré une guerre soit impliqué les États-Unis dans un conflit international armé », a-t-elle indiqué au cours de son point de presse quotidien.

« Nous pensons que c’est maintenant un bon moment pour réduire nos troupes et maintenir la stabilité du pays, grâce à la formation donnée par nos soldats » à l’armée irakienne, a-t-elle ajouté.

Attaques régulières

Bien que le Pentagone ne publie jamais le nombre exact de ses soldats déployés sur les théâtres de guerre, l’armée américaine évaluait fin 2019 à 5200 le nombre de ses militaires en Irak, où ils représentent la majorité des 7500 soldats de la coalition internationale antidjihadiste.

Mais depuis un an, des dizaines d’attaques à la roquette, attribuées à des groupes pro-iraniens, ont pris pour cible les forces américaines, ainsi que l’ambassade des États-Unis dans la zone ultra sécurisée de Bagdad, tuant au moins trois Américains.

Encore mardi, un convoi se dirigeant vers une base irakienne accueillant des troupes américaines a été visé par une bombe, faisant un mort parmi les forces irakiennes.  

Les tensions entre Washington et Téhéran sont montées d’un cran en janvier quand l’armée américaine a éliminé à Bagdad le puissant général iranien Qassem Soleimani.

Cette opération avait fait redouter un conflit ouvert entre l’Iran et les États-Unis, les deux grands alliés de l’Irak sur son sol. Et dans la foulée, les députés chiites irakiens avaient voté l’expulsion des soldats étrangers du pays, y compris américains.

En recevant en août à Washington le premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi, M. Trump avait évoqué un nouveau retrait militaire d’Irak, mais il était resté vague sur son ampleur.

L’armée américaine a renforcé sa présence ces derniers mois dans d’autres pays de la région où elle dispose de bases militaires, comme l’Arabie saoudite ou le Koweït, afin de maintenir sa pression sur l’Iran.  

À Bagdad, certains se montraient sceptiques, soulignant que trois ans après le retrait des forces américaines d’Irak décidé en 2011 par Barack Obama, elles étaient revenues dans le pays pour combattre l’EI.

D’autres insistaient sur un retrait total des forces étrangères d’Irak. « Nous ne voulons pas couper complètement les liens avec l’Amérique », a indiqué Ali Suleiman, employé administratif du Hachd al-Chaabi, une coalition de paramilitaires pro-Iran. « Mais s’ils ne se retirent pas complètement, nous les combattrons ».

M. Trump dit souvent jouir d’un fort soutien au sein de l’armée, vantant par exemple l’augmentation des fonds alloués au Pentagone.

Mais son mandat a aussi été marqué par de fréquents désaccords avec les dirigeants du ministère de la Défense. L’ex-ministre Jim Mattis a ainsi claqué la porte en décembre 2018 en critiquant notamment la stratégie diplomatique de Donald Trump, et l’actuel titulaire du poste, Mark Esper, ainsi que le chef d’état-major Mark Milley, ont eu des différends avec le président sur des questions de politique.