(New York) Les projecteurs de la campagne présidentielle de 2020 aux États-Unis sont sur le point de se tourner, du moins temporairement, sur le candidat démocrate Joe Biden.

L’ancien vice-président est largement resté à l’arrière-plan ces derniers mois. Depuis le début de la pandémie, il a passé l’essentiel de son temps chez lui au Delaware, tandis que le président Donald Trump attirait l’attention des médias du monde entier par sa gestion pour le moins chaotique de la crise. Cette dynamique devrait changer lorsque M. Biden annoncera le nom de la candidate qu’il a choisie comme colistière, ce qui devrait probablement se produire cette semaine, avant le début de la convention nationale démocrate le 17 août.

Cette attention offrira à M. Biden plusieurs possibilités de faire des gains ou de perdre du terrain, lui qui a eu du mal à soulever l’enthousiasme des électeurs démocrates et qui est bien connu pour sa propension aux gaffes. Les analystes s’attendent à ce qu’il marque l’histoire en choisissant une femme d’une minorité visible, bien que sa décision reste l’un des secrets les mieux gardés de la politique américaine.

Mis à part les débats télévisés avec Donald Trump, ce pourrait bien être le moment le plus déterminant de sa campagne présidentielle.

Jamais auparavant une femme racisée n’a été choisie comme candidate à la vice-présidence d’un grand parti. Mais rien ne permet de dire avec certitude qu’il a exclu les femmes blanches de sa courte liste de colistières potentielles. Il a rencontré en privé la gouverneure du Michigan Gretchen Whitmer, qui est blanche, la semaine dernière. La sénatrice du Massachusetts Elizabeth Warren, qui est également blanche, est aussi considérée comme l’une des favorites.

Néanmoins, ce serait une surprise si Joe Biden ne choisissait pas une femme noire parmi une liste restreinte qui comprend au moins trois Afro-Américaines de premier plan : la sénatrice californienne Kamala Harris, l’ancienne conseillère à la sécurité nationale Susan Rice et la représentante californienne Karen Bass. La sénatrice de l’Illinois Tammy Duckworth, née à Bangkok, aurait aussi été contactée par l’équipe de M. Biden.

Rallier les femmes et les minorités

Soulignons cependant que les colistiers ont rarement, voire jamais, influencé l’issue d’une élection présidentielle américaine dans l’ère moderne. Mais l’équipe démocrate espère que la nature historique du choix de M. Biden lui permettra de dynamiser deux segments importants de l’électorat démocrate : les femmes et les minorités ethniques. Ce sont deux groupes généralement opposés au président Trump, mais cela ne signifie pas forcément qu’ils voteront pour M. Biden.

Ce choix offre tout de même à Joe Biden une occasion d’unifier un parti encore sous le choc de la victoire de M. Trump en 2016 et de solidifier son propre avenir politique. Il a déjà dit qu’il sélectionnerait une femme. Et comme M. Biden, âgé de 77 ans, ne s’est pas engagé à briguer un deuxième mandat, sa colistière pourrait être en bonne position pour devenir candidate démocrate à la présidence en 2024.

Le sénateur Tim Kaine de Virginie, qui a été le candidat à la vice-présidence d’Hillary Clinton en 2016, croit que le choix de la colistière de M. Biden pourrait être « le plus personnel » de tous les temps.

PHOTO GREG NASH, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le sénateur Tim Kaine a été le colistier d’Hillary Clinton.

« Personne ne connaît mieux ce travail que Joe Biden et personne n’a mieux fait le travail que Biden, donc il va vraiment contrôler [cet aspect de sa campagne] par lui-même », a déclaré M. Kaine en entrevue.

Certaines candidates pressenties ont reçu à la fin de la semaine dernière l’ordre de ne pas quitter Washington, ce qui laisse croire que d’autres entretiens en personne, ou une annonce, sont imminents.

L’équipe de campagne de Donald Trump attend avec impatience l’annonce de la candidate démocrate à la vice-présidence, ce qui permettra de détourner l’attention des difficultés qu’éprouve le président républicain pour contrôler la pandémie de coronavirus, relancer l’économie et unifier le pays. Compte tenu de l’âge avancé de M. Biden, le porte-parole de la campagne Trump, Tim Murtaugh, a prédit que son choix serait beaucoup plus important que celui des précédents candidats démocrates.

« La personne qu’il choisira comme vice-présidente pourrait être considérée comme une sorte de testament politique », a estimé M. Murtaugh.