En conférence de presse jeudi, le président des États-Unis, Donald Trump, a de nouveau appelé à la réouverture des écoles, malgré les nombreux cas de COVID-19. Devant l’incertitude, des parents commencent à s’organiser pour offrir l’enseignement à la maison, en petits groupes.

Avec 14 semaines de rencontres scolaires virtuelles, la famille McCabe, du Connecticut, s’est fait des t-shirts de la fictive « McCabe Elementary School », pour rigoler. Mais à l’approche d’une autre année scolaire perturbée par la COVID-19, l’inquiétude a repris le dessus.

« Mon mari et moi sommes en télétravail, explique Katie McCabe, en marketing. J’avais installé une table pliante à côté de moi. J’essayais de faire mes téléconférences tout en supervisant mes enfants dans leurs tâches… » Une conciliation difficile. Sa plus jeune, Amy, a 6 ans et était en maternelle. Adam, 9 ans, doit commencer sa quatrième année.

PHOTO FOURNIE PAR KATIE MCCABE

La famille McCabe

Dans sa région, on ne sait pas encore quelle forme prendra la rentrée. Les cours dispensés en classe, à temps plein ou à temps partiel, sont préconisés. C’est en lisant un article sur les « capsules » scolaires – des pods, en anglais – que les parents ont décidé d’embaucher une enseignante certifiée à la maison.

Microécoles

Ces capsules prévoient de réunir quelques enfants, toujours les mêmes, pour recréer une classe, dans un domicile ou à l’extérieur. Un enseignant ou un tuteur se charge de donner les cours, qui peuvent être à temps plein ou en appoint aux enseignements virtuels et en personne.

Le principe des capsules ou microécoles semble avoir gagné en popularité aux États-Unis. En créant son groupe Facebook Pandemic Pods avec une amie il y a moins d’un mois, Lian Chikako Chang avait sous-estimé la soif d’information sur le sujet : le groupe privé comptait vendredi plus de 31 000 abonnés.

« Les principales questions sont sur la logistique, comment se créer une capsule, s’organiser avec les horaires, les questions légales, ce qui est possible, les questions de santé », résume la femme de San Francisco, qui a vécu plusieurs années à Montréal.

La page ne donne pas d’avis légaux, mais aide les parents à naviguer dans cette nouvelle réalité, complexifiée par les différences entre les États, et à échanger sur leurs solutions et leurs appréhensions.

Si elle se réjouit des nombreux échanges, elle déplore le vide laissé par le gouvernement.

Nous sommes dévastés que notre jeune page Facebook soit le lieu où les gens de partout au pays se retrouvent parce qu’ils ont un besoin urgent de faire des plans pour la prochaine année scolaire.

Lian Chikako Chang

Critiques

L’engouement pour l’enseignement privé à la maison est critiqué ; de nombreuses personnes craignent qu’elles ne renforcent les inégalités entre les plus riches, qui peuvent s’offrir des cours particuliers, et les plus pauvres, forcés d’aller en classe ou de suivre le curriculum seuls, de façon bien imparfaite, en ligne.

Mme Chang dit être consciente de ce risque, mais souligne que « les disparités de richesse et d’accès étaient déjà énormes aux États-Unis avant la COVID-19 ». Elle souhaite d’ailleurs que les discussions du groupe, parfois très critiques de l’idée de capsules, mènent à des « solutions pour plus d’équité ».

Des entreprises spécialisées chargent en effet un prix inaccessible pour bien des familles, confie Katie McCabe, avançant la somme de plus de 50 000 $ US demandée par année pour ses deux enfants.

Finalement, elle a trouvé elle-même une enseignante qualifiée, non rattachée à une école, pour 400 $ par enfant par semaine. Une somme comparable aux camps d’été dans sa ville, fait-elle remarquer.

La famille s’est dite prête à allonger la somme pour le bien des enfants, mais aussi pour des raisons de carrière. « Comme femme, j’avais l’impression que si je me retirais du marché du travail pour quelque temps, le coût à long terme serait plus élevé », dit-elle.

Mme McCabe tente maintenant de trouver un ou deux amis pour chacun de ses enfants pour se joindre à la capsule. « Il faut qu’on s’entende avec les autres parents, que nous nous engagions tous à suivre les mêmes règles : ne pas sortir sans masque, ne pas prendre part à des regroupements, ne pas voyager à l’extérieur de l’État, énumère-t-elle. Ils seront dans notre cercle de confiance, comme des membres de la famille. » Les classes se feront à l’extérieur tant que possible.

Elle n’exclut pas l’idée d’envoyer ses enfants à l’école après Noël, mais craint pour l’instant tout autant les bouleversements que la transmission du virus. « [Les autorités] ont dit que, dès qu’il y aura quelqu’un avec des symptômes de la COVID-19, ils vont fermer pour au moins deux à cinq jours, souligne-t-elle. Avec 1000 élèves, quelles sont les chances qu’aucun n’ait de toux un jour ou un autre ? Il fallait que je trouve une solution plus stable. »

Enseignement à la maison au Québec

Au Québec, la date du 1er juillet est fixée pour que les parents qui désirent faire l’enseignement à la maison puissent transmettre un avis écrit – même si, dans les faits, un enfant peut être retiré de l’école à tout moment durant l’année scolaire, avec un avis dans les 10 jours. En date du 24 juillet 2020, on comptait 5782 enfants déclarés en enseignement à la maison pour l’année scolaire 2020-2021, contre 5964 pour l’année 2019-2020, selon les chiffres fournis par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.