(Washington) Les États-Unis ont annoncé mercredi des sanctions contre des employés du géant chinois des télécommunications Huawei, accentuant encore leur campagne de pression sur la Chine, qui a convoqué l’ambassadeur des États-Unis à Pékin.

Les tensions entre les deux premières économies mondiales se sont aggravées sur de multiples fronts, de l’imposition fin juin par la Chine d’une loi draconienne sur la sécurité nationale à Hong Kong, aux revendications territoriales de Pékin en mer de Chine méridionale, en passant par la répression contre des musulmans ouïghours dans le Xinjiang, dans le nord-ouest chinois.  

Le président Donald Trump a mis fin mardi au régime économique préférentiel accordé par les États-Unis à Hong Kong et signé une loi prévoyant des sanctions contre la répression dans l’ex-colonie britannique.

La Chine a répliqué en menaçant Washington de mesures de représailles et en convoquant l’ambassadeur des États-Unis à Pékin, Terry Branstad.

Mercredi, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a annoncé que les États-Unis allaient imposer des restrictions de visa aux employés des sociétés technologiques chinoises, comme Huawei, s’ils apportaient « un soutien matériel » à des violations des droits humains.

« Les groupes de télécommunication du monde entier peuvent se considérer comme prévenus : s’ils font des affaires avec Huawei, ils font des affaires avec des auteurs de violations des droits humains », a déclaré M. Pompeo au cours d’une conférence de presse.

M. Pompeo s’est aussi félicité de la décision du gouvernement britannique de couper les liens avec Huawei, annonçant qu’il se rendrait au Royaume-Uni et au Danemark la semaine prochaine.

« Voyage rapide »

« Je m’en vais lundi pour un rapide voyage au Royaume-Uni et au Danemark », a-t-il dit. « Je suis sûr que le Parti communiste chinois et les menaces qu’il représente pour les peuples libres autour du monde seront en tête de l’agenda ».

L’administration de Donald Trump fait pression sur les alliés des États-Unis pour qu’ils rejettent Huawei, leader mondial de la 5G, que Washington considère comme un outil d’oppression du régime chinois.

Ils accusent Huawei d’offrir des capacités d’interception sur ses équipements aux services de renseignements chinois, ce que l’équipementier nie farouchement

Ils ont obtenu une victoire mardi avec la décision du premier ministre britannique Boris Johnson d’expurger le réseau 5G du Royaume-Uni de tout équipement produit par Huawei en raison d’un risque pour la sécurité nationale.  

L’achat de nouveaux équipements Huawei sera interdit après le 31 décembre 2020 et les équipements existants devront être retirés d’ici 2027.  

Les sanctions américaines imposées en mai au géant chinois, destinées à couper l’accès de Huawei aux semi-conducteurs fabriqués avec des composants américains, ont pesé dans la décision britannique. Londres s’inquiète d’un recours du groupe à des composants de rechange susceptibles de poser de nouveaux risques en termes de cybersécurité.

Mais M. Pompeo a assuré que la décision de Londres n’était pas due aux pressions américaines.

« Je suis persuadé qu’ils ont fait ça parce que leurs experts en sécurité sont parvenus aux mêmes conclusions que les nôtres », a-t-il dit.

« Les informations qui transitent par ces réseaux d’origine chinoise finiront certainement dans les mains du Parti communiste chinois », a-t-il ajouté.

M. Pompeo accuse Huawei d’avoir commis des atteintes aux droits humains en permettant au régime chinois de surveiller des dissidents et de mettre en place des technologies de surveillance à grande échelle dans le Xinjiang, où selon des groupes de défense des droits humains plus d’un million de Ouïghours et de musulmans sont emprisonnés.

Donald Trump a par ailleurs accusé Pékin d’avoir dissimulé les premiers cas de COVID-19 à Wuhan (sud) à la fin de l’année dernière.