(Washington) Donald Trump a menacé mardi d’user d’une « force conséquente » si des manifestants tentaient d’établir une « zone autonome » à Washington, dans un tweet que le réseau social a décidé de masquer.  

De nombreux agents en tenue antiémeute sont restés déployés toute la journée dans les rues de la capitale des États-Unis et ont fait évacuer les alentours de la Maison-Blanche, où des manifestants se relaient depuis des semaines.

« Tant que je serai votre président, il n’y aura pas de “zone autonome” à Washington DC. S’ils essaient, ils feront face à une force conséquente », a tweeté au petit matin le milliardaire républicain.

Twitter, la plateforme préférée du président, a ensuite barré ce message d’une mention signalant un contenu qui « enfreint » ses règles sur « les contenus inappropriés », tout en laissant la possibilité de le lire.

« Notre règlement stipule que nous n’autorisons pas les gens à souhaiter ou espérer nuire à une personne ou à un groupe de personnes », a expliqué à l’AFP le réseau social qui a déjà épinglé à deux reprises des messages de Donald Trump.

La porte-parole de la Maison-Blanche Kayleigh McEnany a immédiatement dénoncé cette décision en utilisant, paradoxalement, le réseau des gazouillis. « Soyons très clairs sur ce qui vient de se passer : Twitter a dit que c’était inapproprié pour le président des États-Unis de dire qu’il va faire respecter la loi », a-t-elle lancé.

« Anarchistes »

Depuis le début des manifestations contre les violences policières et le racisme, le président, en campagne pour sa réélection, martèle un discours de fermeté, affichant son goût pour « la loi et l’ordre ».

Mardi matin, il réagissait à la tentative de quelques manifestants, la veille, d’ériger un campement aux abords de la présidence sur le modèle de la zone « sans police » créée à Seattle il y a deux semaines.

Des militants avaient notamment tagué « BHAZ » pour « Black House Autonomous Zone » (zone autonome de la Maison Noire) sur l’église St. John’s. Mais la police avait rapidement dispersé le petit groupe.

Dans une action distincte, des manifestants avaient tenté de mettre à terre une statue située devant la Maison-Blanche de l’ancien président Andrew Jackson, qui soutenait l’esclavage.

Là encore, la police est intervenue. « Ils ont fait du bon boulot, plein de gens sont en prison aujourd’hui », a déclaré Donald Trump à la presse avant de s’envoler pour une visite de la frontière sud en Arizona.

« Nous envisageons de longues peines de prison pour ces vandales, ces voyous, ces anarchistes et ces agitateurs », a-t-il poursuivi. « Ce sont des gens mauvais qui n’aiment pas le pays », a-t-il encore assené.

Le président a précisé qu’il signerait prochainement un décret sur la protection des monuments américains.  

« Faibles »

La mort de George Floyd, un Afro-Américain asphyxié par un policier blanc à Minneapolis le 25 mai, a encouragé une relecture critique du passé des États-Unis ; plusieurs statues, notamment de généraux confédérés, ont été déboulonnées en marge des manifestations.

De l’autre côté du pays, les autorités de Seattle souhaitent réinvestir la « zone autonome », après des tirs qui ont fait un mort et un blessé dans ce périmètre où la police n’est pas la bienvenue.

« Il est temps que les gens rentrent chez eux », a déclaré la maire Jenny Durkan, afin de « restaurer l’ordre et éliminer la violence dans le quartier de Capitol Hill ».

Les autorités ont opté pour le dialogue avec les organisateurs et n’envisagent pas d’investir les lieux par la force, a-t-elle précisé.

Donald Trump a violemment critiqué la maire de Seattle et le gouverneur de l’État de Washington, Jay Inslee, pour leur gestion de cette zone. « Des terroristes de l’intérieur ont pris Seattle, dirigée par des démocrates de la gauche radicale », avait-il notamment tweeté.  

Ils « sont très faibles », a-t-il encore dit mardi.