(Detroit) La sénatrice Kamala Harris pour l’un, le célèbre militant des droits civiques Jesse Jackson pour l’autre : Joe Biden et Bernie Sanders ont chacun reçu dimanche un soutien de poids à deux jours de leur premier « tête-à-tête » de la primaire démocrate.

Le duel qui s’est dessiné cette semaine entre les deux septuagénaires après le grand renversement du « super mardi » continue à prendre forme à l’approche d’un autre gros mardi électoral.

Alors que six nouveaux États (Dakota du Nord, Idaho, Michigan, Mississippi, Missouri et Washington) se prononceront dans la course à l’investiture démocrate pour la présidentielle, Joe Biden, 77 ans, a reçu le ralliement d’une ancienne rivale, Kamala Harris.

La sénatrice de 55 ans, qui espérait devenir la première présidente afro-américaine des États-Unis, avait fait un début de campagne remarqué, prenant notamment à partie l’ancien vice-président sur la question raciale lors d’un débat télévisé en juin.

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Kamala Harris et Joe Biden lors d'un échange acrimonieux au débat du 31 juillet 2019 à Detroit.

Mais le soufflé est vite retombé pour l’ancienne procureure de Californie, qui a jeté l’éponge en décembre faute de fonds suffisants pour financer sa campagne, et laisse désormais derrière elle ses différends avec Joe Biden.

« Je crois vraiment en Joe, que je connais depuis longtemps. Nous avons aujourd’hui besoin d’un dirigeant qui se préoccupe vraiment des gens et peut donc les rassembler. Et je pense que Joe peut y parvenir », affirme-t-elle dans une vidéo publiée dimanche sur son compte Twitter.

Sur le même réseau, l’intéressé, en campagne dans le Mississippi, l’a remerciée d’avoir « consacré sa carrière à se battre pour les laissés-pour-compte »

« Truqué ? »

Pete Buttigieg, Amy Klobuchar, Beto O’Rourke, Mike Bloomberg… Au nom du « rassemblement » nécessaire pour éviter l’éparpillement des voix, les ralliements à Joe Biden se sont multipliés depuis ses succès en Caroline du Sud et lors du « super mardi ».  

Tous ont estimé qu’il était le mieux placé parmi les modérés pour faire barrage à Bernie Sanders, dont les idées très à gauche pour les États-Unis font peur aux dirigeants démocrates.

L’appareil du parti s’est mis en marche pour mettre hors course le sénateur du Vermont, a encore analysé samedi soir sur Twitter le président républicain Donald Trump.

« Les démocrates ne veulent pas entre parler de Bernie le dingue. Truqué ? », a-t-il écrit, se demandant notamment pourquoi Elizabeth Warren ne s’était pas retirée avant le « super mardi », ce qui aurait pu bénéficier à Bernie Sanders.

La sénatrice progressiste, qui a quitté vendredi la course à la Maison-Blanche après une série de revers cuisants, n’a encore officiellement apporté son soutien à aucun des deux grands candidats encore en lice.  

Vote noir

Dans le duel qui l’oppose désormais à Joe Biden, Bernie Sanders, 78 ans, a lui aussi reçu dimanche un soutien significatif : celui de Jesse Jackson, l’une des figures du combat pour les droits civiques.

Lui-même candidat en 1988 pour l’investiture démocrate à la présidentielle, il avait alors reçu le soutien de l’élu socialiste et s’est dit dimanche heureux de pouvoir lui rendre la pareille.

« Je soutiens Bernie Sanders aujourd’hui car il m’a soutenu », a-t-il déclaré lors d’un rassemblement de campagne à Grand Rapids, dans le Michigan. « Je le soutiens parce qu’il est là pour vous », a-t-il lancé à la foule.

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Bernie Sanders et Jesse Jackson

Figure très respectée au sein de la communauté afro-américaine, le pasteur est une « prise » de choix pour le sénateur, moins populaire que son rival auprès d’un électorat noir traditionnellement crucial dans la primaire démocrate.

Jesse Jackson a contribué à « changer la politique américaine » et à « transformer le pays aux côtés de Martin Luther King », avait-il salué plus tôt lors de sa tournée des émissions politiques dominicales.

Alors que Joe Biden annonçait avoir récolté ces derniers jours 22 millions de dollars supplémentaires pour sa campagne, le sénateur indépendant concentrait ses forces sur le Michigan, dont la gouverneure Gretchen Whitmer a apporté son soutien à son adversaire.

« Joe a été là pour le Michigan quand nous étions dos au mur », a confié cette dernière à l’AFP à l’occasion d’une messe à Detroit, en référence notamment à ses efforts pour sauver l’industrie automobile de la faillite après la crise financière de 2008, lorsqu’il était vice-président de Barack Obama.

« Je pense que l’élection sera serrée dans le Michigan », a prédit la gouverneure de cet État de la « Rust Belt », région industrielle du nord des États-Unis.

Les derniers sondages y donnent 6 points d’avance à Joe Biden.