(Los Angeles) Le Colorado va devenir le 22e État américain à officiellement abolir la peine de mort : les députés locaux ont adopté mercredi par 38 voix contre 27 une loi qui supprime cette disposition à partir du 1er juillet 2020.

Le texte a été transmis au gouverneur de cet État de l’ouest américain, le démocrate Jared Polis, qui a déjà exprimé son intention de le ratifier et de commuer la peine de trois condamnés à mort en attente d’exécution.

L’abolition de cette mesure très contestée, notamment par l’opposition républicaine, a fait l’objet d’intenses débats. Vraisemblablement à court d’arguments, un représentant républicain, Steve Humphrey, avait lu la Bible pendant près de 45 minutes.

À compter du 1er juillet, la sanction pénale la plus sévère au Colorado deviendra la prison à perpétuité sans possibilité de remise de peine.

« J’ai été impressionné et ému par les témoignages et les débats que nous avons entendus », a déclaré le chef de file de la majorité démocrate, Alec Garnett. « J’ai espoir en une société où l’on dépense des ressources pour la rééducation, pas dans les recours en appel ; dans le traitement des dépendances, et pas dans les injections létales », a-t-il poursuivi dans un communiqué transmis aux médias locaux.

Les élus du Colorado avaient essayé à maintes reprises de supprimer la peine de mort depuis son rétablissement en 1979, en vain jusqu’à présent.

Le seul condamné à mort à avoir été effectivement exécuté dans cet État depuis cette date était Gary Davis, reconnu coupable de viol et meurtre, mort en 1997.

La puissante organisation américaine de défense des droits humains ACLU s’est réjouie de cette décision, qualifiée de « victoire phénoménale pour la justice », dans un communiqué transmis à l’AFP.

« La peine de mort n’a pas de place en Amérique. Près de 50 ans de statistiques sur la peine de mort ont prouvé qu’il n’y a aucun moyen d’exécuter des gens sans biais lié à la race, sans que ce soit arbitraire, coûteux et inhumain », a réagi Cassandra Stubbs, responsable de la campagne d’ACLU contre les exécutions capitales.

« En outre, 167 innocents ont été officiellement blanchis alors qu’ils attendaient leur exécution, depuis 1973. Il n’y a aucune excuse pour qu’un gouvernement qui respecte la justice, l’équité et la dignité humaine continue à exécuter son peuple », conclut-elle.  

L’an dernier, 22 exécutions ont été recensées aux États-Unis, concentrées dans sept États, quasiment tous situés dans le Sud conservateur et religieux du pays, notamment au Texas, où l’on a compté neuf exécutions.