(Washington) Donald Trump a reproché mardi à deux juges progressistes de la Cour suprême des États-Unis des prises de position « inappropriées » et les a appelées à se récuser dans les dossiers le concernant.

La plus haute juridiction américaine consacrera le 31 mars une audience aux déclarations d’impôts du président, qu’il refuse de rendre publiques.

À l’approche de cette audience très sensible politiquement, Donald Trump s’en est pris nommément aux juges Ruth Bader Ginsburg et Sonia Sotomayor.

Il reprend encore des théories de Fox News

Dans un tweet lundi, il a repris des accusations formulées par une commentatrice de la chaîne conservatrice Fox, selon laquelle Sonia Sotomayor a accusé ses cinq confrères conservateurs de la Cour suprême d’avoir « un préjugé en faveur de Trump ».

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La juge Sonia Sotomayor durant une allocution dans un musée, en 2017.

« C’est terrible. Essaie-t-elle de leur faire honte pour qu’ils votent comme elle ? Elle n’a jamais critiqué la juge Ginsburg quand elle m’a traité d’“imposteur”. Les deux devraient se récuser… », a-t-il écrit.  

Mardi, lors d’une conférence de presse en Inde, il est revenu à la charge.

La juge Ginsburg « s’était déchaînée pendant la campagne […] Elle a dit des choses très inappropriées », a-t-il dit. Lors d’une interview en 2016, la doyenne de la Cour avait bien qualifié le candidat républicain d’« imposteur ». Elle s’était ensuite excusée.

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La juge Ruth Bader Ginsburg lors d’un panel de discussion sur la constitution américaine, il y a deux semaines.

Donald Trump a reproché à Sonia Sotomayor des commentaires rédigés pour exprimer son désaccord avec ses collègues dans une décision prise à une courte majorité (les cinq conservateurs contre les quatre progressistes) en fin de semaine dernière.

« C’était très inapproprié, une déclaration terrible pour un juge de la Cour suprême », a-t-il assuré. « Je crois qu’elle essayait de faire honte à ceux qui pourraient avoir une opinion différente d’elle ».

La magistrate explique dans ce document de sept pages son « inquiétude » face à la tendance croissante du gouvernement de faire appel à la Cour suprême en urgence, sans attendre que tous les échelons de l’appareil judiciaire se soient prononcés.

Il est difficile de dire ce qui est le plus troublant : que le gouvernement ait recours à cette procédure extraordinaire de manière automatique, ou que la Cour lui accorde raison.

La juge Sonia Sotomayor, dans un jugement critiquant une stratégie judiciaire de la Maison-Blanche

Appui à la juge Sotomayor

Sur Twitter, Steve Vladeck, professeur de droit à l’université du Texas, a volé à son secours. La juge Sotomayor n’accuse pas ses confrères « d’être pro-Trump » et « elle a raison » d’écrire qu’ils « font peser la balance en faveur du gouvernement dans les recours d’urgence ».  

Selon une de ses études, le gouvernement de Donald Trump a introduit 20 recours d’urgence au cours de ses deux premières années et demie au pouvoir, contre huit par les administrations Bush et Obama au cours des seize années précédentes.