(Manchester) En tête des sondages nationaux depuis des mois, Joe Biden est tombé de son piédestal dès le premier vote des primaires démocrates, dans l’Iowa. L’ancien vice-président doit déjà corriger le tir, et vite.  

À 77 ans, ce vieux routier de la politique a fait une concession surprenante depuis le New Hampshire, deuxième État à se prononcer, mardi, dans la course à l’investiture démocrate pour la présidentielle.

« J’ai pris un coup à l’estomac dans l’Iowa, et j’en prendrai probablement un autre ici », a-t-il dit, curieusement fataliste, vendredi en ouverture d’un débat télévisé entre principaux candidats.

De quoi inquiéter ses partisans dans le New Hampshire, où il est loin derrière un autre septuagénaire, le sénateur Bernie Sanders, au programme très ancré à gauche, et le jeune Pete Buttigieg, plus modéré et ancien maire d’une ville de 100 000 habitants de l’Indiana.  

PHOTO JOSEPH PREZIOSO, AGENCE FRANCE-PRESSE

Bernie Sanders

Pour Will Johnson, étudiant en droit de 23 ans, Joe Biden reste « la meilleure chance » démocrate de battre Donald Trump dans les urnes le 3 novembre.

Mais « ce serait mentir de dire que je ne suis pas inquiet », concède le jeune homme. « J’espère que son équipe de campagne va se concerter pour faire en sorte que les gens se rallient vraiment à lui ».  

Sonné par les « caucus » de l’Iowa, l’ancien vice-président de Barack Obama a justement mis l’espace d’un jour, jeudi, sa campagne de terrain entre parenthèses pour faire le point avec ses proches conseillers sur la nouvelle stratégie à adopter.

« Nous savons que la bataille sera rude, mais le fait est que nous sommes toujours dans la course », a insisté l’une d’elles, Symone Sanders, après le débat de vendredi soir.

La démographie des prochains États à voter dans les primaires sera selon elle plus favorable à son candidat, populaire auprès de la communauté afro-américaine, que l’Iowa et le New Hampshire, majoritairement blancs.

Offensive contre Buttigieg

Les yeux donc déjà tournés vers le Nevada (22 février) et la Caroline du Sud (29 février), l’équipe Biden a durci le ton samedi contre Pete Buttigieg, qui chasse sur les mêmes terres centristes que lui, dans une vidéo au ton moqueur.

PHOTO BRENDAN MCDERMID, REUTERS

Pete Buttigieg

Elle dresse un parallèle entre les accomplissements de l’ancien bras droit de Barack Obama et ceux – réfection de la voirie, illuminations des ponts… – de son rival de 38 ans lorsqu’il était maire de South Bend, ville de 100 000 habitants.  

L’expérience dont Joe Biden a fait son principal argument de campagne pourrait cependant ne plus suffire.

« Je l’ai toujours apprécié, mais il doit encore faire ses preuves », estime Mary Aarons, électrice indécise de 61 ans.  

« J’ai l’impression qu’il se repose davantage sur ce qu’il a déjà accompli que sur ce qu’il compte faire à l’avenir », appuie Nicole Clegg, enseignante de 45 ans du New Hampshire, elle aussi encore indécise avant le scrutin de mardi.

Même s’il semble s’y préparer, une nouvelle contre-performance du septuagénaire pourrait menacer sa légitimité même à mener jusqu’au bout la longue bataille des primaires.

« Si certains candidats terminent régulièrement à la troisième ou quatrième place, il est très difficile de trouver la raison, la logique, pour qu’ils restent dans la course », juge l’ancien maire de Chicago Rahm Emanuel, ancien membre, comme Biden, de l’administration Obama.

Le sénateur Chris Coons, qui a apporté son soutien à l’ancien vice-président, en appelle lui à l’histoire pour trouver des motifs d’espoir : le démocrate Bill Clinton « avait perdu 10 des 11 premières primaires » en 1992 avant de finalement conquérir la Maison-Blanche.

« Ce n’est pas fini », veut-il se convaincre. Joe Biden « devra travailler plus dur, se battre avec plus de vigueur et se démarquer plus clairement, mais il est prêt et capable de le faire ».