(Washington) Le tête-à-tête a enfin eu lieu : le président américain Donald Trump a reçu mercredi le chef de l’opposition vénézuélienne Juan Guaidó, mais sa stratégie suscite des interrogations tant ce pays riche en pétrole reste englué dans la crise.

La rencontre entre les deux hommes, chargée en symboles, a eu lieu dans le bureau Ovale. Au dernier moment, et sans explication, la Maison-Blanche a annoncé que, contrairement à ce qui avait été annoncé, elle ne serait pas ouverte à la presse.

« Merci président Trump. Nous nous battrons jusqu’au bout ! », a simplement tweeté le député trentenaire après le tête-à-tête.

Reconnu par les États-Unis et plus d’une cinquantaine de pays comme président par intérim, Juan Guaidó est à Washington après une tournée de deux semaines visant à relancer son offensive contre le président socialiste du Venezuela, Nicolas Maduro, qu’il qualifie de « dictateur ».

Réélu le 5 janvier président de l’Assemblée nationale, seule institution vénézuélienne tenue par l’opposition, M. Guaidó a ensuite défié l’interdiction de quitter le pays le visant et entrepris cette tournée qui l’a mené en Colombie, en Europe, au Canada et en Floride.

Depuis Miami, il a annoncé ce week-end qu’il rentrerait dans les prochains jours au Venezuela, « malgré les risques ». « Il y a une seule option, ce sont des élections libres », a-t-il martelé, appelant à une grande mobilisation à Caracas.

Sa rencontre avec Donald Trump « sera l’occasion de réaffirmer l’engagement des États-Unis aux côtés du peuple vénézuélien » et de discuter « des moyens de favoriser une transition démocratique », a indiqué l’exécutif américain.

Mardi soir, lors d’un discours devant le Congrès auquel assistait Juan Guaidó, le milliardaire républicain a assuré que la « tyrannie » de Nicolas Maduro, « dirigeant illégitime », prendrait bientôt fin.

Sans surprise, ces propos prononcés lors du traditionnel discours sur l’état de l’Union ont suscité une vive réaction de Caracas.

« Trump […] manque de respect au peuple vénézuélien en proférant de violentes menaces contre son intégrité et son gouvernement constitutionnel, légitime et démocratique », a souligné le chef de la diplomatie vénézuélienne Jorge Arreaza.

« Un bide »

Grand pourfendeur de « l’impérialisme nord-américain », Nicolas Maduro martèle qu’il est « prêt pour la bagarre » et qu’il n’a aucunement l’intention de céder sa place.

À la tête du Venezuela depuis 2013, il a été réélu pour un second mandat en 2018 à l’issue d’un scrutin boycotté par l’opposition qui en a rejeté les résultats, comme une grande partie de la communauté internationale.

Washington tente depuis des mois d’asphyxier son gouvernement avec une série de sanctions économiques.

Dénonçant un président « qui se vante de toutes les choses qu’il fait ou rêve de faire », mais qui agit peu, Chuck Schumer, chef de la minorité démocrate au Sénat, a vu dans sa politique sur le Venezuela l’exemple même d’une approche qui ne produit aucun résultat.

« Il y a une politique. Elle a fait un bide », a-t-il lancé depuis le Sénat au lendemain d’un discours particulièrement triomphant du locataire de la Maison-Blanche.

« Si cette politique avait fonctionné, Juan Guaidó n’aurait pas été dans l’enceinte du Congrès. Il aurait été au Venezuela », a-t-il ajouté. « Il est ici et le président vante sa politique sur le Venezuela ? Ce n’est pas sérieux. Il n’a pas mis fin au régime Maduro ».

Les États-Unis ont été le premier pays à reconnaître Juan Guaidó lorsqu’il s’est proclamé président par intérim du Venezuela en janvier 2019.