(DES MOINES, Iowa) Le suspense demeurait entier, en fin de soirée lundi, autour des résultats des caucus démocrates d’Iowa, première étape dans la sélection du candidat présidentiel qui affrontera Donald Trump en novembre prochain.

Les responsables du scrutin ont attribué le retard dans l’annonce de résultats à des « incohérences » entre les trois différentes sortes de données qui devaient être rendues publiques. Ils ont nié que le délai était dû à des problèmes avec une application utilisée pour la transmission des résultats récoltés dans les 1765 sites où se sont déroulés les caucus.

Des rumeurs qui avaient circulé sur les réseaux sociaux attribuaient ces problèmes à un piratage informatique. Des internautes ont également supputé que la sortie chaotique des résultats pourrait favoriser un candidat en particulier.

Les résultats devaient finalement être transmis par téléphone depuis chacun des sites. Ils n’étaient pas connus au moment de publier.

Les responsables démocrates d’Iowa devaient composer avec de nouvelles règles les forçant à annoncer trois types de résultats : les votes totaux du premier tour ; ceux du deuxième tour ; et le nombre de délégués obtenus par les candidats.

Les nouvelles règles avaient été adoptées après les caucus de 2016 pour donner au processus une plus grande transparence. Le fiasco est susceptible de remettre en question le recours aux caucus comme mode de scrutin pour choisir les délégués d’Iowa qui représenteront l’État à la convention démocrate.

La participation des électeurs démocrates aux caucus de lundi soir n’avait pourtant pas été très élevée. Selon les données officielles, quelque 172 000 électeurs se sont rendus sur les sites, très loin du record de 240 000 électeurs enregistré en 2008 lors de la bataille épique entre Barack Obama et Hillary Clinton.

Le contretemps est fâcheux pour le vainqueur ou la gagnante des caucus, qui comptait non seulement sur sa victoire, mais également sur son discours à heure de grande écoute pour donner un élan à sa campagne.

Plusieurs sondages réalisés avant les caucus donnaient l’avantage à Bernie Sanders. À la tête d’un mouvement qui promet de révolutionner la politique américaine, le sénateur du Vermont rêve de perpétuer une tradition vieille de 20 ans.

Depuis 2000, le gagnant des caucus démocrates d’Iowa finit toujours par remporter l’investiture du parti. Le candidat de 78 ans entend ainsi suivre la voie tracée par Al Gore, John Kerry, Barack Obama et Hillary Clinton.

Comme ses principaux adversaires, Bernie Sanders s’est adressé brièvement à ses partisans réunis à Des Moines avant même l’annonce du premier résultat officiel.

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Bernie Sanders

« Quand ces résultats seront annoncés, j’ai le sentiment que nous ferons très, très bien », a-t-il déclaré au cours de son discours.

Joe Biden, Elizabeth Warren et Amy Klobuchar avaient pris la parole avant lui.

« Tout indique que les résultats seront très serrés, a dit l’ancien vice-président. Nous sommes là pour la durée. »

Dans une lettre cinglante aux responsables démocrates d’Iowa, les dirigeants de la campagne de Joe Biden ont réclamé des « explications complètes et des informations pertinentes » sur leurs méthodes pour transmettre et vérifier les résultats.

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Joe Biden

« L’application utilisée pour transmettre les résultats a échoué. Le système téléphonique de secours a également échoué », ont-ils écrit.

Depuis la création des caucus d’Iowa, un seul de ses perdants — Bill Clinton en 1996 — a réussi à remporter l’investiture démocrate.

Les caucus d’Iowa inauguraient la phase électorale de la course à l’investiture démocrate. Celle-ci se poursuivra jusqu’en juin dans tous les États et territoires américains.

Après le rendez-vous d’Iowa, des primaires seront ainsi tenues au New Hampshire (11 février), au Nevada (22 février) et en Caroline du Sud (29 février). Viendra ensuite le « super mardi » — le 3 mars —, journée où pas moins de 1345 des 2268 délégués nécessaires pour remporter l’investiture démocrate seront en jeu dans 14 États et un territoire.

Parmi les États importants qui tiendront des primaires ce jour-là : la Californie, le Texas, le Massachusetts et la Virginie. Chaque État distribuera ses délégués parmi les candidats selon le pourcentage des voix qu’ils auront récoltées.

Une primaire, faut-il le présider, se déroule comme un scrutin normal : les électeurs ont plusieurs heures pour se rendre dans les bureaux de scrutin et déposer leur suffrage en secret.

En nette progression dans les sondages, Michael Bloomberg fera son entrée officielle dans la course à l’occasion du « super mardi ». Un baromètre Morning Consult publié lundi le créditait de 14 % d’intentions de vote, soit autant qu’Elizabeth Warren, derrière Joe Biden (28 %) et Bernie Sanders (24 %).

L’ironie veut que l’ancien maire de New York soit entré dans la course pour empêcher le sénateur du Vermont de remporter l’investiture démocrate. Or, en divisant le vote chez les démocrates modérés, il pourrait aider sa cause.