(Washington) Un ressortissant américain incarcéré depuis 2013 en Égypte, Moustapha Kassem, dont le cas avait été soulevé à plusieurs reprises par Washington, est décédé lundi en prison, une mort jugée « inutile, tragique et évitable » par les États-Unis.

« La cause immédiate du décès semble être une défaillance cardiaque », écrivent dans un communiqué les ONG Pretrial Rights International et The Freedom initiative, qui représentent sa famille.

Elles accusent toutefois les autorités égyptiennes de « négligence » dans le suivi médical de Moustapha Kassem, un Égypto-Américain de 54 ans qui souffrait de diabète et de problèmes cardiaques.

Selon la presse égyptienne, M. Kassem avait entamé une grève de la faim depuis une cinquantaine de jours, ne s’alimentant que de liquides. Il a cessé de prendre des liquides la semaine dernière, avant d’être transféré à l’hôpital où il est décédé, selon la même source.

Au Caire mardi, les autorités judiciaires ont annoncé qu’une autopsie serait pratiquée pour déterminer les causes de la mort.

M. Kassem a été placé à l’hôpital de la prison pour y recevoir un traitement pour son diabète, « son état de santé s’est détérioré […] et il est mort le 13 janvier », selon un communiqué du ministère égyptien de l’Intérieur.

Un porte-parole de ce ministère a assuré que « des mesures légales et médicales nécessaires avaient été prises pour l’empêcher de se nuire à lui-même après qu’il eût insisté à mener une grève de la faim ».

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo avait évoqué son cas début décembre avec son homologue égyptien Sameh Choukry.

À l’annonce de sa mort, son adjoint chargé du Moyen-Orient, David Schenker, s’est dit « attristé ».

« Sa mort en détention était inutile, tragique et évitable », a-t-il affirmé devant des journalistes au département d’État, en présentant les condoléances de la diplomatie américaine à la veuve et aux deux enfants de Moustapha Kassem. « Nous continuerons de souligner à chaque occasion nos inquiétudes au sujet des droits humains et des détenus américains ».

Cet Égyptien naturalisé américain après avoir émigré aux États-Unis avait été arrêté à l’été 2013 alors qu’il se trouvait au Caire en vacances. « Il était allé changer de l’argent dans un centre commercial », quand des soldats lui ont demandé ses papiers et l’ont « battu et interpellé » à la vue de son passeport américain, selon les ONG.

Il a été condamné en 2018 à 15 ans de prison pour participation à des manifestations contre le pouvoir, mais sa défense assure qu’aucune preuve le concernant personnellement n’a jamais été présentée à son encontre lors d’un procès visant plus de 700 prévenus.

Washington a récemment haussé le ton à l’égard du gouvernement égyptien, malgré l’amitié régulièrement affichée par le président américain Donald Trump et son homologue Abdel Fattah al-Sissi.

M. Pompeo a ainsi évoqué ces derniers mois ses « inquiétudes » au sujet « de la liberté de la presse et de la situation des droits humains » en Égypte, en réaction à une série d’arrestations de journalistes, intellectuels et militants politiques après de rares manifestations en septembre contre le président al-Sissi.