(Washington) Vingt-et-un militaires saoudiens en formation aux États-Unis vont être renvoyés lundi dans leur pays dans le cadre de l’enquête sur la fusillade survenue en décembre sur une base aéronavale de Floride, a annoncé le procureur général Bill Barr.

Le 6 décembre un aviateur saoudien a fait trois morts et huit blessés avant d’être abattu sur une base militaire de Pensacola. Mohammed al-Shamrani était « motivé par l’idéologie djihadiste », a déclaré Bill Barr lors d’une conférence de presse à Washington. « C’était un acte terroriste. »

PHOTO ANDREW CABALLERO-REYNOLDS, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le procureur général des États-Unis, Bill Barr

Le 11 septembre 2019, il avait publié un message sur l’internet indiquant : « le compte à rebours a commencé ». Il s’était ensuite rendu sur le site des attentats contre les tours jumelles du World Trade Center, puis avait multiplié les messages djihadistes jusqu’à deux heures avant de passer à l’acte, a précisé le procureur général.

Dans le cadre de l’enquête, la police fédérale n’a trouvé « aucune preuve d’une collaboration ou de la connaissance préalable de l’attaque » par d’autres militaires en formation aux États-Unis, a encore dit Bill Barr.

Mais elle a découvert que 21 Saoudiens possédaient « des contenus offensants », a-t-il noté. Dix-sept avaient des profils sur les réseaux sociaux avec du contenu « djihadiste ou anti-américain », mais « sans preuve d’une affiliation ou implication avec un groupe terroriste ».

Quinze (parfois les mêmes) avaient été « en contact avec des contenus pédophiles » : un possédait plusieurs images pédophiles, les autres ayant participé à des discussions où d’autres internautes avaient posté de telles images.

« Indigne »

Les autorités américaines ont déterminé qu’il n’y avait pas matière à ouvrir des poursuites fédérales contre eux. Mais Riyad « a jugé que ces contenus montraient une attitude indigne d’officiers de la Force aérienne saoudienne ou de sa Marine et les 21 cadets ont été retirés de leur formation et seront renvoyés en Arabie saoudite aujourd’hui », a ajouté Bill Barr.

Le procureur général a par ailleurs reproché au géant Californien Apple de ne pas avoir « fourni d’aide significative » à la police, qui cherche à déverrouiller les deux téléphones du tireur.  Celui-ci avait délibérément tiré sur les appareils, mais des agents les ont remis en état sans pouvoir toutefois les débloquer.

Pour Bill Barr, qui réclame fréquemment une meilleure coopération des compagnies technologiques avec les forces de l’ordre, il est essentiel de déterminer avec qui il était en contact « pour empêcher de nouvelles attaques ».

Quelque 5000 militaires de pays étrangers suivent une formation aux États-Unis, parmi lesquels environ 850 Saoudiens. La formation de ces derniers avait été suspendue après le drame.  

« Ces partenariats militaires ont une importance cruciale pour les États-Unis », a estimé lundi M. Barr, en insistant sur l’aide apportée par Riyad à l’enquête du FBI.

La fusillade avait embarrassé le royaume saoudien. Dans un appel au président Donald Trump, le roi Salmane avait condamné un crime « abominable » et assuré que le tireur ne représentait pas son peuple.

Les relations entre les deux pays avaient connu un sérieux revers après les attentats du 11 septembre 2001 : 15 des 19 pilotes qui avaient détourné des avions et provoqué la mort de quelque 3000 personnes étaient des Saoudiens.