(Washington) Stephen Miller, un des conseillers les plus radicaux de Donald Trump, est connu pour être le défenseur décomplexé d’une politique résolument anti-immigration. Une récente fuite de courriels le montre aussi puisant dans les idées du suprémacisme blanc, ce qui a poussé 25 parlementaires juifs à exiger son départ.

« En tant que membres juifs du Congrès, nous vous demandons de relever immédiatement Stephen Miller de ses fonctions », ont écrit dans une lettre adressée ce week-end au président américain ces élus démocrates parmi lesquels figure Adam Schiff, qui a supervisé l’enquête en destitution contre le milliardaire républicain.

« Son soutien bien documenté aux leitmotivs du nationalisme blanc et violemment anti-migrant est absolument inacceptable », ont-ils poursuivi.

Plus de 100 membres démocrates du Congrès avaient déjà lancé un appel semblable après la publication en novembre des courriers électroniques en question par une organisation surveillant les groupes extrémistes aux États-Unis, le Southern Poverty Law Center. Il y en a plus de 900, envoyés en 2015 et 2016 par M. Miller, 34 ans aujourd’hui, à des rédacteurs en chef du site d’information d’extrême droite Breitbart.

Dans ces messages, dont le conseiller de M. Trump n’a pas démenti l’authenticité, il partage notamment des liens vers des sites d’extrême droite et lie l’immigration à la violence.

Il recommande aussi de faire mention du Camp des Saints, roman du Français Jean Raspail populaire dans les milieux d’extrême droite, qui narre l’arrivée massive de migrants sur la Côte d’Azur et rappelle la théorie dite du « grand remplacement ».  

« J’ai été horrifiée par ces courriels et leur contenu mais malheureusement, je n’ai pas été surprise », a dit dimanche à la radio NPR Kim Schrier, l’une des 25 parlementaires de confession juive à avoir signé la lettre au président Trump.

« Je pense qu’aucun d’entre nous ne s’est étonné de voir qu’une si grande partie de la rhétorique émanant de Stephen Miller […] était enracinée dans une rhétorique antisémite et liée au nationalisme blanc », a-t-elle affirmé.

« Fier d’être Américain »

Et le fait que M. Miller soit lui-même juif ne change rien, a-t-elle insisté.

« C’est un discours de haine et c’est inacceptable, quelle que soit la personne dont cela émane », a-t-elle dit.

M. Miller a notamment été l’un des architectes du décret présidentiel interdisant l’entrée sur le territoire américain aux ressortissants de plusieurs pays à majorité musulmane, l’un des épisodes les plus controversés de la présidence Trump.

Donald Trump a lui-même par le passé été accusé d’alimenter le racisme et le suprémacisme blanc, ce qu’il nie catégoriquement.

Stephen Miller n’a pas semblé déstabilisé par la dernière polémique. Sur Fox News, il a jugé que ses écrits étaient tout simplement la preuve de son patriotisme.

« Il n’y a rien de problématique dans mes courriels […], à moins qu’être fier d’être Américain et se battre pour les citoyens américains ne soit un crime », a-t-il lancé.

L’opposition démocrate n’est pas la seule à dénoncer la politique défendue par M. Miller. L’an dernier, Neil Comess-Daniels, le rabbin d’une synagogue de Californie fréquentée à un moment par la famille du conseiller de M. Trump, avait ainsi vertement critiqué la séparation des enfants migrants de leur famille à la frontière sud.

« Vue d’une perspective juive, la relation parent-enfant est sacro-sainte. La perturber est cruel. M. Miller, la politique que vous avez aidé à concevoir et mettre en application est cruelle », avait-il lancé dans un sermon cité par les médias américains.

Katie McHugh, l’ancienne responsable de Breitbart qui a fourni les courriels de M. Miller, va encore plus loin. Pour elle, qui s’est décrite dans une interview sur CNN comme une adepte repentie du nationalisme blanc, Stephen Miller est clairement « un suprémaciste blanc » parce que « son idéologie est celle de la domination et du contrôle des personnes de couleur ».

L’exécutif américain avait, après la publication des courriels en novembre, défendu M. Miller.

Un porte-parole de la Maison-Blanche, Hogan Gidley, s’était notamment demandé « pourquoi tant de personnes à gauche persistaient à attaquer des membres juifs de cette administration ».