(Washington) Donald Trump a quitté vendredi Washington pour la Floride en mettant en avant de bons chiffres économiques et la création d’une « force de l’Espace » qui, espère-t-il, feront un peu oublier un « impeachment » infamant.

Avant de partir pour deux semaines dans son luxueux club de Mar-a-Lago, en bord de mer, le président américain a signé, depuis la base militaire d’Andrews, dans le Maryland, une grande loi budgétaire qui englobe une myriade de décisions, de la politique familiale aux grandes orientations militaires.

Cette loi inclut en particulier 12 semaines de congé parental rémunéré pour tous les fonctionnaires fédéraux, une hausse de salaires de 3,1 % pour les membres des forces armées (plus forte progression depuis une décennie), la hausse de l’âge légal pour acheter du tabac à 21 ans, ou encore la création de la « force de l’Espace ».

Cette dernière deviendra la sixième branche des forces armées américaines, après l’armée de Terre, l’US Air Force, l’US Navy, le corps des Marines et les garde-côtes. Aucun financement supplémentaire ne lui est cependant accordé pour le moment, le « Commandement de l’Espace » voulu par Donald Trump étant encore au stade de projet.

« C’est une journée historique », a lancé M. Trump, en évoquant cette initiative.

Le texte fourre-tout comporte par ailleurs des sanctions contre les entreprises collaborant à la construction du gazoduc russe Nord Stream 2, accusé par Washington de renforcer l’influence de Moscou en Europe, mais jugé par ses promoteurs stratégique pour l’approvisionnement du Vieux continent.

« Un truc incroyable »

A moins de 11 mois de la prochaine élection présidentielle, l’ancien homme d’affaires de 73 ans semble aussi déterminé à capitaliser sur de bons indicateurs économiques.

« L’économie est EXCELLENTE, forte hausse de la Bourse aujourd’hui », a tweeté le président américain à quelques heures de son départ.  

La croissance, dans sa 11e année,  a été confirmée vendredi à 2,1 % au troisième trimestre, un rythme plutôt soutenu tiré par la consommation des ménages.

Le marché du travail a encore surpris les économistes par sa vitalité en novembre, avec la création de 266 000 emplois et un taux de chômage à nouveau au plus bas depuis un demi-siècle, à 3,5 %.

« Ce que nous avons réalisé est un truc incroyable », a martelé le président mercredi soir lors d’un rassemblement de campagne dans le Michigan, quelques minutes après sa mise en accusation au Congrès.

« Quand je serai en débat face à l’un de ces personnages (candidats démocrates, NDLR) et qu’ils essayeront de dire des trucs négatifs, il me suffira de dire : Eh bien, regardez où nous en sommes ! », a-t-il poursuivi, évoquant la situation des « cols bleus », premiers bénéficiaires selon lui de sa présidence.

AP

Donald Trump lors de son rallye à Battle Creek, mercredi soir.

Mais deux semaines loin de la capitale fédérale, sous le soleil de Floride dans ce qu’il appelle sa « Maison-Blanche d’hiver », ne seront probablement pas suffisantes pour faire oublier à l’Amérique qu’il est devenu le troisième président de l’histoire mis en accusation au Congrès.

La procédure n’est en effet pas terminée. La date et le déroulement de son procès en destitution, qui sera mené par le Sénat à majorité républicaine et devrait lui assurer un acquittement, restent incertains.

Un nouveau bras  de fer politique est en effet engagé pour en fixer les règles. En jeu : la durée et, surtout, le nombre et l’identité des témoins qui seront appelés à s’exprimer sous serment lors d’audiences qui pourraient avoir lieu en janvier.

Dans ce climat d’extrême tension entre les camps démocrates et républicains, quelques traditions demeurent.

Le milliardaire républicain a accepté vendredi l’invitation de Nancy Pelosi, chef des démocrates du Congrès, à prononcer le traditionnel discours sur l’état de l’Union. La date a été fixée au 4 février.

Le discours aura lieu dans la Chambre des représentants, à l’endroit même où Donald Trump a été mis en accusation jeudi pour « abus de pouvoir » et « entrave à la bonne marche du Congrès ».