(New York) L’ex-gouverneur du Massachusetts Deval Patrick a fait jeudi une entrée tardive dans la course à la Maison-Blanche, témoignant d’une bataille encore très ouverte pour l’investiture démocrate avec 18 candidats prêts à défier Donald Trump en novembre 2020.

M. Patrick, 63 ans, qui fut l’un des premiers gouverneurs noirs des États-Unis et est proche de Barack Obama, a annoncé sa candidature dans une vidéo publiée sur son compte Twitter.

Il a ensuite enregistré sa candidature dans le New Hampshire, l’un des premiers États à voter en février pour les primaires, où les candidatures seront closes vendredi.

Né dans une famille pauvre de Chicago avant d'intégrer, boursier, les meilleures écoles du pays, jusqu’à Harvard, M. Patrick se présente comme l’incarnation du «rêve américain» qu’il souhaite restaurer, en «plus durable et plus inclusif».

Dans une arène démocrate qui comptait déjà 17 candidats dont deux Noirs - les sénateurs Cory Booker et Kamala Harris - il entend se distinguer par un discours modéré et plein d’espoir.

«On ne peut pas savoir si on peut percer tant qu’on n’a pas essayé», a expliqué M. Patrick sur la chaîne CBS, pour expliquer pourquoi il avait finalement décidé d’être candidat après avoir annoncé en décembre qu’il ne le serait pas.

Beaucoup des démocrates déjà en lice «sont des amis personnels», avec «une grande richesse d’idées et d’expériences», a-t-il assuré, en allusion notamment à Elizabeth Warren, sénatrice du Massachusetts aux propositions beaucoup plus à gauche.  

«Mais aucun candidat, aucun parti ne détient pour l’instant la meilleure idée», a-t-il ajouté.

Fidèle au créneau centriste sur lequel il entend faire campagne, et que domine aujourd’hui l’ex-vice président Joe Biden suivi par le maire Pete Buttigieg, il a indiqué ne pas prôner l’assurance-santé étatique pour tous que défendent Elizabeth Warren et le sénateur du Vermont Bernie Sanders.

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Pete Buttigieg et Joe Biden.

Pour cet avocat qui a travaillé aussi bien pour la cause des droits civiques que pour de grandes entreprises telles que la compagnie pétrolière Texaco, un système public doit être une «option», pas une obligation.  

Et plutôt qu’une lourde imposition des riches en forme de « punition », ce père de deux filles adultes, marié à une avocate en droit du travail, préconise un système fiscal « simplifié », où « la plupart des déductions » seraient éliminées.

Soutien de Barack Obama?

Ce discours rassembleur, tenu à la veille de la clôture des inscriptions pour la primaire démocrate du New Hampshire, prévue en février, peut-il permettre à Deval Patrick de rattraper ses concurrents?

Beaucoup semblent en douter.  

Deval «Patrick est un super politicien, mais s’il se lance il commettra une grave erreur», estimait ainsi en début de semaine Adrian Walker dans le Boston Globe.

Selon le chroniqueur, M. Patrick arrive trop tard, sans équipe constituée prête à le soutenir - on connaît seulement son directeur de campagne, venu de la campagne avortée du Texan Beto O’Rourke - face à des candidats aux organisations déjà rodées.  

Cela va «l’empêcher de mener une campagne de terrain», comme celle qui lui avait permis d’emporter le poste de gouverneur du Massachusetts, selon M. Walker.

D’autant que, contrairement au milliardaire et ex-maire de New York Michael Bloomberg, qui envisage lui aussi de rejoindre tardivement la course, Deval Patrick n’a pas de fortune personnelle pour financer une campagne publicitaire tous azimuts.

Un soutien formel de Barack Obama pourrait-il être son joker?

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President Barack Obama et Deval Patrick dans le bureau Ovale en 2009.

C’est peu probable, même si les deux hommes se sont encore parlés mercredi. «Nous sommes d’avis tous les deux qu’il doit rester neutre», a déclaré M. Patrick sur CBS, chaîne pour laquelle il était commentateur ces dernières années.  

Une chose est sûre : l’entrée de Deval Patrick dans la course, et les hésitations de Michael Bloomberg, risquent de retarder encore l’émergence d’un leader dans une course d’autant plus disputée que le pays est plus que jamais polarisé, sur fond de procédure de destitution contre Donald Trump au Congrès.

Même Hillary Clinton, candidate malheureuse contre M. Trump en 2016, disait mardi être «sous une énorme pression» pour se représenter.  

Les derniers sondages dans le camp démocrate donnent toujours Joe Biden en tête du peloton, mais il est talonné par Elizabeth Warren et Bernie Sanders, avec derrière Pete Buttigieg, qui a le vent en poupe.