(Franklin) Le jeune démocrate Pete Buttigieg est en mission dans le New Hampshire : convaincre les électeurs de ce petit État du nord-est des États-Unis que son programme centriste est le mieux articulé pour battre Donald Trump à la présidentielle de 2020.

« Les gens recherchent généralement l’opposé de ce qu’ils viennent d’avoir, et je dirais que je suis aussi différent de ce président qu’il est possible de l’être », affirme à l’AFP le maire de la petite ville de South Bend, dans l’Indiana.

Mais « Mayor Pete » doit surmonter plusieurs obstacles : sa jeunesse (37 ans), son manque de notoriété, son inexpérience des arcanes du Congrès et du gouvernement fédéral et, selon certains, son homosexualité, qu’il ne cache pas.

S’il est bien placé dans les sondages dans l’Iowa, où sera lancée la primaire démocrate début février, il est à la traîne dans le New Hampshire, qui votera ensuite.

Depuis vendredi et jusqu’à lundi, il sillonne en bus les routes de l’État pour se faire connaître d’un électorat encore très indécis.

Il a prévu pendant quatre jours plusieurs réunions pour présenter un programme qu’il juge pragmatique et réaliste en matière de coûts, notamment sur le climat et l’assurance santé.

« Ramasser les morceaux »

Pete Buttigieg veut surtout mettre fin à la polarisation politique extrême qui marque le mandat de Donald Trump.  

« Je suis candidat pour être le président qui peut marcher sur les décombres du mandat Trump, ramasser les morceaux et nous guider vers un avenir dans lequel nous réglons ces problèmes ensemble », lance-t-il devant une centaine de personnes rassemblées dans une ferme de New Hampton.  

Son discours respire le calme et la raison. Il élève rarement la voix, au contraire de ses principaux adversaires, l’ancien vice-président Joe Biden, la sénatrice progressiste Elizabeth Warren et le sénateur indépendant Bernie Sanders.

Tout en admettant qu’il ne pourra satisfaire tout le monde, ce vétéran de l’Afghanistan veut attirer un large éventail d’électeurs.

Par exemple Paul Elkins, un retraité habitant Moultonborough, qui se dit effrayé par Mme Warren et son projet d’assurance santé universelle.  

« Elle va un peu trop loin à gauche pour moi, Mayor Pete est un candidat beaucoup plus modéré », qui prône une réforme moins coûteuse de la couverture santé, estime cet homme de 62 ans. « Il est important de battre Donald Trump et cela pourrait ne pas arriver avec quelqu’un de trop à gauche ».

Villages pittoresques

Le discours modéré du trentenaire attire aussi Michael McLeod, électeur indécis d’une cinquantaine d’années.

« J’aime le fait qu’il ne soit pas trop à gauche, ni trop à droite », dit-il. « Il est sur une voie médiane concernant l’assurance santé et le changement climatique ».

Pete Buttigieg est sur la même ligne centriste que Joe Biden, qui reste l’un des favoris malgré de mauvaises prestations en meeting et dans les différents débats de la primaire.  

L’âge de l’ancien vice-président de Barack Obama (76 ans), gage selon lui d’expérience et de sagesse, est aussi un handicap face au millennial de 37 ans.

« Je ne suis pas convaincu » par Joe Biden, « il ne me touche pas », avance T. J. Thran, producteur vidéo de 25 ans qui apprécie le discours articulé et rassembleur du jeune maire de l’Indiana.

Mais il s’inquiète que l’homosexualité du candidat détourne les électeurs des États-clés du scrutin, notamment dans le sud et le centre du pays.

« Je crois qu’aimer,  c’est aimer. Et diriger, c’est diriger », lance T. J. Thran à Lebanon, où Pete Buttigieg a attiré vendredi un millier de curieux.

Sur les petites routes de la Nouvelle-Angleterre, il s’arrête aussi dans des villages pittoresques, comme Franklin, à la rencontre des commerçants locaux.

L’un d’eux, Marty Parichand, lui parle d’un projet de parc aquatique et de la difficulté de convaincre la communauté de sa viabilité. « Ça me rappelle chez moi », répond le candidat.