(Concord) L’ancien vice-président américain Joe Biden s’est montré confiant vendredi après l’annonce que le milliardaire Michael Bloomberg envisageait de se lancer dans la primaire démocrate, ouvrant un possible duel au centre du parti entre les deux septuagénaires pour défier Donald Trump en 2020.

Si elle était confirmée, la candidature de l’ex-maire de New York serait pourtant périlleuse pour Joe Biden, toujours favori de la primaire démocrate mais en perte de vitesse à trois mois du premier scrutin.

«Il est le bienvenu. Michael est un type bien», a déclaré l’ex-bras droit de Barack Obama depuis Concord, dans le New Hampshire, où il venait de déposer sa candidature officielle pour la primaire de cet État influent, car il sera parmi les premiers à voter en février.

AFP

Joe Biden rencontre des partisans à Concord après avoir officiellement déposé sa candidature.

Jurant n’avoir «aucun problème» avec l’éventuelle entrée en piste de Michael Bloomberg, M. Biden s’est présenté en meilleur rempart pour empêcher le président républicain de décrocher un second mandat en novembre 2020.  

«J’étais bien en avance dans les derniers sondages que j’ai regardés», notamment dans les États clés pour remporter la Maison-Blanche, aussi «bien face à Trump» que face aux nombreux candidats à l’investiture démocrate, a-t-il souligné.  

Lui aussi milliardaire et septuagénaire, Donald Trump a réagi avec dédain à une possible candidature de Michael Bloomberg.  

«Le petit Michael échouera», a-t-il assuré en référence à la taille du milliardaire, environ 1,70 mètre. «Je pense qu’il va en fait nuire à Biden», a-t-il ajouté.  

M. Bloomberg, 77 ans, avait justement annoncé en mars qu’il renonçait à se présenter pour, entre autres, ne pas saper les chances de M. Biden, 76 ans. Son revirement apparaîtrait donc comme un signal clair qu’il doute sérieusement des chances de Joe Biden.  

Il «craint de plus en plus que le groupe actuel de candidats ne soit pas en bonne position pour y arriver», a indiqué Howard Wolfson, conseiller de M. Bloomberg.  

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Michael Bloomberg

L’une des dix plus grandes fortunes du monde, avec plus de 50 milliards de dollars selon le magazine Forbes, M. Bloomberg serait prêt «à dépenser ce qu’il faudra pour battre Donald Trump», a indiqué vendredi le site Axios.

M. Bloomberg rassemble présentement des signatures pour déposer sa candidature avant la date butoir de ce vendredi pour la primaire de l’Alabama, qui figure parmi les premiers États à clore les dossiers.  

Les informations sur une candidature Bloomberg sont à prendre avec prudence, le milliardaire ayant déjà plusieurs fois par le passé laissé entendre qu’il pourrait viser la Maison-Blanche, avant de renoncer.  

Biden «plus aussi solide»

Entré en campagne directement en tête des sondages en avril, M. Biden reste le favori parmi les 17 candidats en lice pour la primaire démocrate, mais il a vu son avance largement entamée par la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, qui inquiète Wall Street.  

Elle est suivie dans les sondages par le sénateur indépendant Bernie Sanders puis, en quatrième place, par le centriste Pete Buttigieg qui pourrait aussi voir ses chances perturbées par une entrée en lice de M. Bloomberg.  

C’est justement parce qu’il est inquiet de voir que la course à l’investiture démocrate pourrait mettre le cap trop à gauche avec Warren et Sanders que Bloomberg (ré) envisagerait de se présenter.

AP

Bernie Sanders et Elizabeth Warren.

«La candidature de M. Biden n’est plus aussi solide qu’au début et si M. Bloomberg s’attire le soutien des centristes du parti démocrate, cela sera [it] un fort signal pour M. Biden que le parti ne pense pas non plus qu’il est le bon candidat», analyse Jason Mollica, professeur en communication à l’American University.  

M. Bloomberg doit encore «démontrer qu’il peut véritablement s’attirer assez de soutien pour nuire à Biden, ou à tout autre», nuance Kyle Kondik, politologue à l’université de Virginie.  

Maire de New York pendant 12 ans, Michael Bloomberg a fait fortune grâce à l’agence d’informations financières qui porte son nom.

Très actif dans la lutte contre le changement climatique, il a dépensé des millions pour soutenir des candidats démocrates lors d’élections locales.

Mais alors qu’il s’est par le passé revendiqué indépendant et républicain, ce modéré pourrait avoir du mal à rallier les suffrages des électeurs progressistes.