(Washington) Le département américain de la Justice a ouvert une enquête criminelle sur la façon dont a été lancée l’enquête sur les ingérences de Moscou dans la présidentielle de 2016, qui a empoisonné toute la première partie du mandat de Donald Trump, rapporte le New York Times jeudi.

Une investigation jusqu’ici administrative, supervisée par le secrétaire à la Justice Bill Barr, a été transformée en enquête criminelle, écrit le quotidien en s’appuyant sur deux sources proches du dossier. Ce changement permet notamment au procureur John Durham qui en a la charge de convoquer des témoins et d’émettre des injonctions visant à récupérer des documents.  

Le département de la Justice se trouve ainsi dans la situation inhabituelle d’enquêter sur lui-même, note par ailleurs le New York Times.

Le Wall Street Journal ainsi que NBC News ont également confirmé cette information.  

Elle risque d’attirer les critiques selon lesquelles Donald Trump utilise le département de la Justice comme une arme contre ses adversaires.

Le président américain a maintes fois réclamé une enquête sur les origines de l’enquête russe, selon lui une « chasse aux sorcières » lancée par ses opposants politiques. Il a par le passé déclaré que l’enquête avait commencé « illégalement ».  

Le FBI avait ouvert dès juillet 2016 une enquête sur les ingérences de Moscou dans la campagne présidentielle avant de s’intéresser aux contacts entre l’entourage du candidat républicain et la Russie.

Le procureur spécial Robert Mueller avait été nommé en mai 2017 pour examiner les soupçons pesant sur le président. Au printemps dernier, après 22 mois d’enquête, il a rendu un rapport de près de 450 pages exonérant M. Trump des soupçons de collusion avec Moscou, mais décrivant une dizaine de pressions exercées par le président républicain sur l’enquête.

Peu après la remise de ce rapport, le secrétaire à la Justice Bill Barr révélait qu’il cherchait « à rassembler toutes les informations » disponibles sur « les origines et la conduite des activités de renseignement contre la campagne Trump en 2016 ».

« Je pense que de l’espionnage a eu lieu. La question est de savoir si c’était justifié. Je ne dis pas que cela ne l’était pas, mais je dois vérifier », avait-il déclaré M. Barr lors d’une audition au Sénat début avril.