(Washington) Un débat public sur une possible légalisation de la prostitution dans la capitale américaine a donné lieu jeudi à des échanges tendus au conseil municipal de Washington.

La capitale fédérale deviendrait alors le seul territoire américain à totalement légaliser le sexe tarifé. Actuellement, les maisons closes sont légales dans certaines localités du Nevada.

Le projet de loi vise à décriminaliser les transactions sexuelles entre adultes consentants dans les résidences privées.

Selon ses partisans, le texte va sortir les travailleuses sexuelles de la clandestinité, en les protégeant notamment des proxénètes.

«En supprimant les pénalités judiciaires pour les travailleurs sexuels, nous pouvons sortir ces gens de l’ombre, les aider à vivre une vie plus saine et plus sûre», a expliqué le conseiller municipal David Grosso, admettant que le texte n’était «pas parfait».

Il a souligné que les Noires et les membres de la communauté LGBTQ étaient les principales victimes de la prostitution.

Mais des intervenants s’en sont pris aux «effets pervers» de ce projet de loi qui empêcherait les policiers d’entrer dans les maisons closes et d’alerter les services sociaux en cas de suspicion de prostitution forcée.

«Il est naïf de la part de ce conseil, et c’est un manque de respect à l’égard des victimes de violences, que de soutenir l’idée que la décriminalisation va stopper la violence des clients et des souteneurs», a affirmé l’avocate LaRuby May.

«Allez-vous dire à vos filles qu’être travailleuse du sexe est un choix de carrière?», a-t-elle lancé aux élus.

Janet Rodriguez, prostituée de force pendant neuf ans au Mexique et aux États-Unis, qui assistait à la réunion, a assuré qu’il était «impossible de séparer la prostitution du trafic d’être humain».

Au Mexique, où les travailleuses du sexe sont enregistrées auprès des autorités, «les femmes comme moi devions dire que nous n’étions pas forcées, mais nous l’étions toutes», a-t-elle expliqué.

L’État américain du Rhode Island a décriminalisé la prostitution dans les endroits fermés entre 1980 et 2009.