(Washington) Les parents d’un jeune Britannique tué en Angleterre dans un accident de la route ont regretté mercredi la façon dont ils ont été reçus à la Maison-Blanche par Donald Trump, qui les a incités, en vain, à rencontrer la femme d’un diplomate américain responsable du drame.

Cette réception de Charlotte Charles et Tim Dunn a été « organisée à la va-vite par des imbéciles en roue libre », a dénoncé, en référence aux conseillers de la Maison-Blanche, le porte-parole des deux parents, Radd Seiger.

Harry Dunn, 19 ans, est mort dans la collision de sa moto avec une voiture dans le Northamptonshire, en Angleterre, le 27 août. La conductrice du véhicule, Anne Sacoolas, 42 ans, roulait du mauvais côté de la chaussée. Invoquant une immunité diplomatique, cette mère de trois enfants est repartie aux États-Unis.

Charlotte Charles et Tim Dunn demandent depuis justice et exhortent les États-Unis à lever l’immunité diplomatique de Mme Sacoolas pour qu’elle retourne en Grande-Bretagne afin d’y être jugée.

M. Seiger a accusé M. Trump d’avoir tenté mardi soir une « opération de communication » en invitant les parents endeuillés à la Maison-Blanche sans les prévenir que Mme Sacoolas se trouvait dans la pièce d’à côté, entourée de photographes.  

« Tendu et agressif »

Pressés par M. Trump de rencontrer Mme Sacoolas, les parents d’Harry ont décliné.  

A cette occasion Robert O’Brien, conseiller à la sécurité nationale du président, s’est montré « extrêmement tendu et agressif et il a fait mauvaise impression lors de cette entrevue qui exigeait une approche prudente et de la sensibilité », a affirmé Radd Seiger.

Les deux parents, interviewés mercredi sur la chaîne américaine CBS, ont confirmé avoir été surpris d’abord de voir Donald Trump – ce qui n’était pas prévu – et d’entendre sa proposition de rencontrer la femme responsable de la mort de leur fils.

« Il a présenté ses condoléances. Il semblait chaleureux et il était accueillant, ce qui était appréciable. Mais il ne lui a pas fallu longtemps pour lâcher dans la conversation qu’Anne Sacoolas se trouvait dans le bâtiment », a relaté la mère d’Harry, qui a estimé que la Maison-Blanche n’était « pas le lieu » adapté.  

Désaccord diplomatique

« Nous sommes toujours prêts à la rencontrer, mais cela doit être sur le sol britannique, en présence de psychologues et de médiateurs, et pas simplement pour notre bien mais pour le sien aussi », a ajouté Mme Charles.

Cette affaire qui rencontre un fort écho au Royaume-Uni est source d’un vif désaccord diplomatique entre Londres et Washington.

Les parents d’Harry ont reçu le soutien du gouvernement britannique et jusqu’au premier ministre Boris Johnson, qui est lui-même publiquement monté au créneau.

Interrogé la semaine dernière, Donald Trump avait évoqué un « accident horrible », le mettant sur le compte de la fatalité.  

Mercredi, il a expliqué qu’il était difficile pour un automobiliste américain de s’habituer à la conduite à gauche en Grande-Bretagne.

« Vous allez en Europe et on roule à l’envers. C’est très compliqué si vous êtes originaire des États-Unis, vous décidez de faire un virage à droite alors que vous êtes censé le faire à gauche », a déclaré le locataire de la Maison-Blanche.

« Ma rencontre avec la famille a été… très belle d’une certaine façon. Ils ne voulaient pas rencontrer la personne en question, mais notre entrevue a été très bonne », a-t-il assuré. M. Trump a indiqué s’être entretenu de l’affaire avec Boris Johnson.