(Washington) Seuls dix candidats à la Maison-Blanche ont été sélectionnés jeudi pour le prochain débat démocrate en septembre, où le favori centriste Joe Biden et la sénatrice progressiste Elizabeth Warren, portée par les sondages, s’affronteront pour la première fois directement.  

Les critères renforcés de sélection ont été fatidiques à une grosse dizaine de prétendants démocrates.  

Privés de cette plateforme médiatique cruciale, quatre ont récemment préféré jeter l’éponge, comme la sénatrice new-yorkaise Kirsten Gillibrand.  

D’autres, dont le maire de New York Bill de Blasio, s’accrochent malgré tout, en espérant que leurs financements dureront assez longtemps pour pouvoir créer la surprise lors des premiers votes des primaires.  

« On commencera à compter les points le 3 février 2020. Rendez-vous dans l’Iowa ! », a ainsi tweeté jeudi le sénateur Michael Bennet, éliminé du troisième débat.  

Sur les 20 candidats toujours en lice, pour décrocher l’investiture démocrate puis se présenter contre le républicain Donald Trump à la présidentielle américaine de novembre 2020, dix débattront le 12 septembre.  

L’ancien bras droit de Barack Obama, Joe Biden, reste largement en tête de la moyenne des sondages établie par RealClear Politics (29 %), suivi dans le trio de tête par le sénateur indépendant Bernie Sanders (17 %) et Elizabeth Warren (16,5 %).

Loin derrière arrivent la sénatrice Kamala Harris (7 %), le jeune maire Pete Buttigieg (4,6 %), l’homme d’affaires Andrew Yang (2,5 %), le sénateur Cory Booker (2,4 %), l’ex-élu de la Chambre des représentants Beto O’Rourke (2,4 %), l’ancien ministre d’Obama Julian Castro (1,1 %) et la sénatrice Amy Klobuchar (0,9 %).  

Alors que, trop nombreux, les candidats avaient été divisés aléatoirement en deux soirées différentes lors des premiers débats, cette fois Elizabeth Warren se retrouvera sur le même plateau que Joe Biden, directement à sa gauche.  

Bernie Sanders se tiendra de l’autre côté de M. Biden, installé au centre des candidats pour respecter l’ordre des sondages, a annoncé la chaîne ABC jeudi.

« On va gagner »

À 70 ans, Elizabeth Warren entrera en scène forte de ses bonnes performances lors des précédents débats et armée d’un programme déjà très précis qui l’ont vue bondir cet été dans les sondages, jusqu’à ravir la deuxième place à Bernie Sanders dans plusieurs études.  

« Voyons loin, luttons dur, on va gagner ! » : aux quatre coins des États-Unis, l’ancienne professeure en droit à Harvard lance son cri de ralliement depuis des mois, devant des foules qui ont grossi.

Plus de 10 000 personnes ont ainsi assisté à deux récents rassemblements, selon son équipe.  

De quoi attirer l’attention des médias et… de Donald Trump, qui se moque régulièrement de la sénatrice en la surnommant « Pocahontas », en référence à une polémique sur ses très lointaines origines amérindiennes longtemps revendiquées.  

Pour Elizabeth Warren, ces foules sont « le signe que les gens sont prêts à voir du changement à Washington ».

Perçue parfois comme trop rigide, trop « professorale », Elizabeth Warren « est plutôt bonne dans la campagne de terrain », analyse Robert Boatright, politologue à l’université Clark dans le Massachusetts, État que la sénatrice représente à Washington.  

« Elle a vraiment travaillé dur pour tisser un réseau de supporteurs », poursuit-il. Et cela pourrait s’avérer décisif lors des premiers votes des primaires, début 2020.  

« Battre Trump »

Bien qu’ils luttent pour le même cœur d’électorat progressif, « elle n’a aucune raison de s’en prendre à Bernie Sanders » lors du prochain débat, car elle risquerait notamment de se mettre à dos les supporteurs fidèles du septuagénaire socialiste, estime Betsy Fischer Martin, responsable de l’institut sur la politique et les femmes de l’American University.  

Elle a plutôt choisi jusqu’ici de se présenter, sans attaque frontale, comme « une alternative plus pragmatique » à Bernie Sanders, 77 ans, remarque M. Boatright.  

En face, le centriste Biden, 76 ans, pourrait d’ailleurs tirer avantage du fait que « Sanders et Warren se battent pour le même groupe d’électeurs ».  

Malgré les gaffes et les questions sur sa forme, l’ancien vice-président est en outre toujours perçu par beaucoup d’électeurs comme ayant le plus de chances de gagner la présidentielle en 2020.  

Pour les « nombreux démocrates inquiets », « le premier critère de sélection d’un candidat est de trouver quelqu’un qui puisse battre Donald Trump », analyse Chris Arterton, professeur à l’université George Washington.

Une préoccupation profonde qui, selon lui, « pousse Joe Biden » dans les sondages.