(Washington) Pressé d’agir après de nouvelles fusillades meurtrières, Donald Trump s’est dit vendredi favorable à des réformes de « bon sens » sur les ventes d’armes, tout en laissant planer le doute sur ses intentions en apportant un soutien sans réserve au puissant lobby NRA.

À El Paso, au Texas, le tireur qui a abattu 22 personnes samedi dans un hypermarché, a admis en garde à vue avoir voulu attaquer des « Mexicains », selon le compte-rendu d’enquête consulté par l’AFP.

Patrick Crusius, un jeune homme blanc de 21 ans, avait roulé pendant une dizaine d’heures depuis la banlieue de Dallas pour arriver dans cette ville située à la frontière avec le Mexique. Avant de passer à l’acte, il avait mis en ligne un manifeste dénonçant une « invasion hispanique du Texas ». Huit Mexicains figurent parmi ses victimes.

Ce bain de sang a été suivi, treize heures plus tard, d’une autre fusillade à Dayton, dans l’Ohio (nord), où un autre jeune homme blanc a semé la mort dans un quartier animé, avant d’être abattu par des policiers en patrouille.

Ses motivations restent incertaines : sa sœur figure parmi les neuf personnes tuées, mais il s’était intéressé à des « idéologies violentes », selon la police locale.

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Donald Trump et le chef de la NRA Wayne LaPierre lors d’une rencontre à la Maison-Blanche en février 2017.

Six jours après ces tueries, Donald Trump a exhorté à tenir les armes à feu hors de portée des « personnes malades mentalement et dérangées ».  

Dans des tweets matinaux, le président républicain a souligné que les leaders du Congrès avaient entamé des « discussions sérieuses » sur une éventuelle réforme des « vérifications des antécédents » des acheteurs d’armes.  

Il y a un « soutien extraordinaire » au Congrès à ce sujet, a-t-il ensuite affirmé à la presse. « Le temps de l’inaction est terminé », a-t-il insisté.

« Pétrifiés »

Donald Trump a toutefois confirmé avoir discuté avec des responsables de la National Rifle Association (NRA), qui s’opposent eux farouchement à toute régulation du marché des armes.

Leurs vues doivent être « respectées », a-t-il estimé, avant de se présenter comme « le plus grand défenseur du Deuxième amendement qu’il puisse y avoir », en référence au droit constitutionnel - sujet à interprétation - de détenir une arme.  

Le chef de la NRA Wayne LaPierre a prévenu jeudi qu’elle était opposée à « toute loi qui empièterait injustement sur les droits des honnêtes citoyens ».

Chaque fusillade de grande ampleur relance le débat sur les armes à feu, responsables de près de 40 000 morts aux États-Unis en 2017, en incluant les suicides.

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Des manifestants à Dayton réclamaient mercredi l’interdiction de la vente de fusils d’assaut.

Après la mort de 17 personnes dans un lycée de Parkland en 2018, Donald Trump avait semblé soutenir l’interdiction des fusils d’assaut, ironisant sur les parlementaires « pétrifiés » face à la puissante NRA.

Il avait ensuite fait marche arrière, affichant un soutien sans faille à l’organisation qui a apporté 30 millions de dollars à sa campagne présidentielle de 2016.

La NRA traverse une période d’incertitudes, marquée par des querelles intestines et des finances en berne mais reste très influente à Washington.

Un autre Walmart

Concrètement, deux réformes différentes sont à l’étude au Congrès.

La Chambre des représentants, à majorité démocrate, a adopté en février des projets de loi pour étendre les contrôles des antécédents judiciaires et psychiatriques des acheteurs à l’ensemble des ventes d’armes, y compris entre particuliers ou lors de foires itinérantes.  

Les textes se sont enlisés, le leader de la majorité républicaine du Sénat Mitch McConnell ayant refusé de les inscrire à l’ordre du jour de la chambre haute.

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Mitch McConnell

Après les nouvelles fusillades, plus de 200 maires républicains et démocrates lui ont demandé de convoquer le Sénat en urgence pour passer au vote.  

Mais Mitch McConnell a exclu d’écourter les vacances parlementaires des sénateurs. « Quand nous rentrerons, j’espère qu’on pourra se mettre d’accord et adopter quelque chose », a-t-il ajouté sans plus de précision.

Des sénateurs républicains ont de leur côté proposé une réforme qui permettrait de confisquer les armes de personnes signalées comme dangereuses par leur entourage.

Une telle mesure aurait peut-être servi à éviter la tuerie du Texas. La mère du tireur, inquiète, avait appelé la police quelques semaines avant le drame en signalant que le jeune homme possédait un fusil d’assaut. Comme il n’y avait rien d’illégal, la conversation s’était rapidement conclue.

Jeudi, un autre jeune homme armé d’un fusil d’assaut et vêtu d’un gilet pare-balles a été arrêté dans un supermarché Walmart du Missouri, dans le centre des États-Unis. Ses intentions restent inconnues.