Les États-Unis veulent que « les gens restent dans leurs pays » a déclaré dimanche à San Salvador le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo à l’issue d’une tournée qui l’a mené auparavant en Argentine en Équateur et a Mexique.

La coopération entre les États-Unis et le Salvador va se renforcer « à tous points de vue » pour lutter contre l’émigration illégale, ont assuré M. Pompeo et le président salvadorien Nayib Bukele lors d’une brève rencontre avec la presse à l’issue d’un peu plus d’une heure d’entretien.

« La pauvreté et les bandes criminelles » sont les principales causes qui poussent les Salvadoriens à émigrer, a souligné M. Pompeo.

Chaque jour, 300 Salvadoriens se lancent sur la route du « rêve américain » pour fuir la misère et la violence des bandes criminelles, selon les estimations officielles.

La lutte contre « les migrations illégales nécessite que nous travaillions ensemble, que nous ayons une plus grande sécurité des frontières », a estimé M. Pompeo.

Quelques heures avant l’arrivée de M. Pompeo, la conférence des évêques catholiques du Salvador a exprimé dimanche son inquiétude en raison de la « très grave situation dans laquelle vivent des centaines de milliers » de Salvadoriens menacés d’expulsion aux États-Unis.

« Nous souffrons (en pensant à) leur souffrance à tous, et plus particulièrement aux pleurs des enfants qui sont dans des centres de détention, séparés de leurs parents », où ils subissent « toute sorte de mauvais traitements », ont déclaré les évêques dans un communiqué.

Les évêques ont évoqué leur « émotion » devant la photo du migrant salvadorien Oscar Martinez, mort à l’âge de 25 ans avec sa petite fille Angie Valeria de moins de deux ans dans les bras, sur la berge du fleuve Rio Bravo (ou Rio Grande) où ils se sont noyés en tentant de gagner la rive américaine.  

Cette image a « plongé le monde dans la consternation et a mis en évidence le drame douloureux de la migration » ont rappelé les évêques en s’élevant contre la « globalisation de l’indifférence ».

Quelque 2,5 millions de Salvadoriens vivent aux États-Unis et leur contribution à l’économie de leur pays, avec des envois d’argent de près de 5,5 milliards de dollars en 2018, pèse pour 16 % du PIB salvadorien.

Avant de quitter le Salvador, M. Pompeo a signé un accord confirmant le maintien de la base aérienne américaine de lutte contre le trafic de drogue près de l’aéroport international Oscar Arnulfo Romero, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale San Salvador.

«Progrès significatifs»

Mike Pompeo a reconnu dimanche « les progrès significatifs » du Mexique dans la lutte contre l’immigration illégale à la frontière sud des États-Unis, a déclaré le ministère mexicain des Affaires étrangères dans un communiqué.

Mike Pompeo a rencontré dimanche au Mexique son homologue Marcelo Ebrard dans le cadre d'une tournée latino-américaine qui l'a conduit notamment en Argentine, en Équateur et au Salvador.

M. Pompeo « a reconnu les progrès significatifs des opérations mexicaines, conformément à l'accord conclu le 7 juin à Washington entre les deux pays », selon le ministère mexicain des Affaires étrangères.

Le ministère des affaires étrangères américain a ensuite ajouté via un communiqué que M. Pompeo avait « remercié » M. Ebrard pour « les efforts supplémentaires » en matière de lutte contre l'immigration dont « les premières indications » montrent qu'ils « réduisent l'afflux de migrants illégaux à la frontière » entre le Mexique et les États-Unis.

En menaçant son voisin de sanctions douanières, le président américain Donald Trump a obtenu récemment que le Mexique renforce ses contrôles à la frontière, ce qui a permis de réduire les arrivées de 28 % en juin. Il a également obtenu que les demandeurs d'asile attendent au Mexique que leur dossier soit traité par les tribunaux américains.

Malgré cette baisse, les postes des garde-frontières et les centres de rétention sont totalement engorgés et les conditions de vie déplorables en leur sein font l'objet de nombreuses critiques.

Tout comme l'Union européenne permet de renvoyer les demandeurs d'asile dans le pays membre par lequel ils sont entrés dans l'UE, les lois américaines prévoient la possibilité de refuser les demandes d'asile des migrants ayant transité par un pays tiers considéré comme « sûr ». Mais elles renvoient la définition des pays « sûrs » à la conclusion d'accords bilatéraux.

Le gouvernement américain presse le Mexique et d'autres pays de signer des accords en ce sens, mais se heurte à de fortes réticences.