(Washington) Donald Trump retrouve mercredi les estrades de campagne, déterminé à poursuivre ses attaques contre les démocrates qui «détestent» l’Amérique au lendemain de la dénonciation par le Congrès de ses tweets racistes.

«Grand rallye ce soir à Greenville, en Caroline du Nord», a tweeté le président américain après trois jours d’une violente polémique liée à ses tweets conseillant à quatre élues démocrates issues de minorités de «retourner» dans leur pays d’origine, «ces endroits infestés par la criminalité».

«Je parlerai des gens qui aiment notre pays, et de ceux qui le détestent», a-t-il ajouté dans son tweet mercredi, semble-t-il désireux de poursuivre sur le même ton. Un ton qui a suscité une vague d’indignation, aux États-Unis et au-delà.  

Le milliardaire républicain de 73 ans, qui visera en novembre 2020 un deuxième mandat de quatre ans, fait un pari risqué.  

En alimentant les tensions raciales et idéologiques et en creusant les lignes de fracture qui divisent l’Amérique, il renonce clairement à se poser en rassembleur et mise plus que jamais sur la mobilisation de l’électorat blanc.

Les quatre femmes, que le locataire de la Maison-Blanche qualifie désormais de «méchantes jeunes élues socialistes», sont Alexandria Ocasio-Cortez (New York), Ilhan Omar (Minnesota), Ayanna Pressley (Massachusetts) et Rashida Tlaib (Michigan). Trois d’entre elles sont nées aux États-Unis.

«Diversion»

Pour elles, interrogées ensemble sur CBS, tout ceci est d’abord une manœuvre politique de la part du président américain.

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Rashida Tlaib, Ilhan Omar, Alexandria Ocasio-Cortez et Ayanna Pressley.

«C’est une manière de faire diversion […] pour ne pas parler des questions qui préoccupent véritablement les Américains», a souligné Ayanna Pressley.

«Il n’incarne pas les principes, la responsabilité et l’intégrité d’un véritable président», a-t-elle ajouté.

La Chambre des représentants, à majorité démocrate, a adopté mardi soir une motion condamnant des propos «racistes» du président américain.

Le texte «condamnait les mots du président, pas le président lui-même», a dit mercredi Nancy Pelosi, présidente de la Chambre, qui a invoqué un discours de Ronald Reagan dans lequel le président républicain mettait en garde contre la tentation de «fermer la porte à de nouveaux Américains».

Si le vote avait une portée symbolique forte, M. Trump sait qu’il peut compter sur le soutien des ténors républicains du Congrès.

Car si, ici et là, des élus du Grand Old Party ont dénoncé les tweets présidentiels, ils sont dans l’ensemble très prudents dans leurs critiques envers celui qui sera – sauf énorme surprise – leur candidat en 2020. Et seuls quatre élus républicains à la Chambre des représentants ont voté pour le texte de la majorité démocrate.

«Ouvertement raciste»

Mitch McConnell, chef de la majorité républicaine au Sénat, s’en est tenu à une déclaration très générale. «Nous avons tous une responsabilité […], nos mots sont importants», a-t-il simplement affirmé, avant d’ajouter, en réponse à une question, que le président n’était, à ses yeux, «pas un raciste».

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Kevin McCarthy

Pour Kevin McCarthy, chef de la minorité républicaine à la Chambre, toute la polémique «n’est qu’une histoire politique».

Ces déclarations ne semblent pas nuire à la popularité de M. Trump chez les électeurs républicains : son taux d’approbation chez eux a même gagné cinq points, à 72%, selon un sondage Reuters/Ipsos réalisé lundi et mardi.  

Par rapport à la semaine dernière, sa cote de popularité dans l’ensemble de la population est restée stable, à 41%.

Pour Joe Biden, vice-président sous Barack Obama et candidat à l’investiture démocrate pour 2020, aucun président dans l’histoire américaine «n’a été aussi ouvertement raciste que cet homme».

«Pouvez-vous imaginer un président conservateur comme George W. Bush faire de telles déclarations racistes?», a lancé Bernie Sanders, qui espère lui aussi porter les couleurs démocrates lors de la prochaine présidentielle.