(Washington) Joe Biden a été vivement critiqué mercredi par plusieurs de ses adversaires à l’investiture démocrate après ses propos évoquant la « courtoisie » de ses échanges avec deux sénateurs favorables à la ségrégation raciale, à l’époque où lui-même venait d’être élu à la chambre haute américaine.

S’exprimant à New York mardi, l’ancien vice-président de Barack Obama a évoqué une vie politique américaine « abîmée ». Pour corriger le tir, il a jugé indispensable d’arriver à un consensus avec les parlementaires aux positions contraires.      

Et de citer feu James Eastland du Mississippi et feu Herman Talmadge de Géorgie, sénateurs démocrates et ségrégationnistes notoires, du même bord politique que lui lors de son arrivée au Sénat en 1973.  

Eastland, qui a quitté le Sénat en 1978, était connu pour parler des Noirs comme d’une « race inférieure ».  Talmadge s’était lui opposé à l’arrêt de la Cour suprême de 1954 mettant fin à la ségrégation dans les écoles.

Talmadge était « l’un des mecs les plus méchants que j’aie jamais connus », a déclaré Joe Biden, selon une transcription de la réunion.  

« Eh bien devinez quoi ? Au moins, il y avait une forme de courtoisie », a ajouté l’ancien sénateur du Delaware pendant trois décennies.  

« Nous n’étions pas d’accord sur grand-chose », mais « on travaillait », a poursuivi le candidat âgé de 76 ans.  

Ces déclarations ont déclenché un torrent de critiques.

« Les relations du vice-président Biden avec des ségrégationnistes fiers de l’être ne sont pas un modèle pour faire de l’Amérique un endroit plus sûr et plus inclusif pour les Noirs, et pour tous », a déclaré dans un communiqué Cory Booker, sénateur noir du New Jersey.  

Il a appelé, comme le sénateur Bernie Sanders, Joe Biden à présenter ses excuses.  

« Cela m’inquiète profondément », a réagi une autre candidate à l’investiture démocrate, Kamala Harris. « Si ces hommes avaient obtenu ce qu’ils voulaient, je ne ferais pas partie du Sénat », a dit à la presse l’élue de Californie.

Une conseillère de Joe Biden a tenté d’éteindre la polémique, estimant que c’était le président actuel qui était « loué par les suprémacistes blancs ». « Joe Biden est un allié dans le combat pour les droits civiques depuis des années », a tweeté Symone Sanders.

Lindsey Graham, sénateur républicain, a pris la défense de M. Biden.  

« Ce qu’il essayait de dire, c’est : “ j’ai travaillé avec des gens avec lesquels je n’étais pas d’accord pour le bien du pays ” », a dit ce proche du président Trump.