(Washington) Menaces d’embargo « total » contre La Havane, mises en garde contre Moscou, révélations sur des négociations secrètes entre cadres du régime vénézuélien et opposition : l’administration Trump a lancé mardi une offensive tous azimuts pour pousser le président Nicolas Maduro à lâcher le pouvoir.

L’un après l’autre, le président Donald Trump, son conseiller à la sécurité nationale John Bolton et le chef de diplomatie Mike Pompeo ont – tweets, points de presse et interviews à l’appui – fait monter la pression au moment où, à Caracas, des militaires se soulevaient, dans une certaine confusion, en faveur de l’opposant Juan Guaidó.

« (Nicolas Maduro) avait un avion sur le tarmac, il était prêt à partir ce matin, d’après nos informations, et les Russes lui ont dit de rester », a lancé M. Pompeo sur CNN, précisant que l’homme fort de Caracas avait l’intention de trouver refuge à Cuba.

Interrogé sur ses sources, il s’est refusé à tout commentaire, soulignant seulement que les États-Unis étaient en contact avec de très nombreuses personnes sur le terrain.

Quelques minutes plus tôt, Donald Trump avait soudainement durci le ton contre La Havane, menaçant l’île située au large de la Floride d’un « embargo total » si « les troupes et les milices cubaines » ne cessaient pas immédiatement leurs opérations militaires au Venezuela.

« Espérons que tous les soldats cubains rentrent rapidement et pacifiquement sur leur île ! », avait-il ajouté.

Autre développement spectaculaire dans une journée à l’issue incertaine, John Bolton a affirmé que des « figures-clés » du régime vénézuélien avaient mené, en secret, des discussions avec l’opposition ces dernières semaines en vue d’un changement de régime, leur lançant du même coup un ultimatum.

« Votre heure a sonné. C’est votre dernière chance », a-t-il tweeté à l’adresse du ministre de la Défense Vladimir Padrino, du chef de la garde présidentielle Ivan Hernandez et du président de la Cour suprême Maikel Moreno.

Le Venezuela compte de fait, depuis fin janvier, deux « présidents » : le député de centre droit Juan Guaidó, reconnu par une cinquantaine de pays, dont les États-Unis, et le chef de l’État en exercice, le socialiste Nicolas Maduro, soutenu par la Chine et la Russie.

Ce dernier a été réélu en juillet 2017 à l’issue d’un scrutin qui n’a été reconnu ni par l’Union européenne ni par les États-Unis.

Transition pacifique « encore possible »

Le président Trump « veut une transition pacifique du pouvoir de Maduro à Guaidó », a martelé John Bolton lors d’un bref échange avec des journalistes. « Cela est encore possible si un nombre suffisant de cadres du régime décident de soutenir l’opposition », a poursuivi l’homme à la célèbre moustache, évoquant des contacts entre ces derniers au cours des trois mois écoulés.

Interrogé sur ce point, Elliott Abrams, représentant spécial américain pour la crise au Venezuela, a évoqué des « négociations intéressantes » avec l’opposition ayant impliqué les trois hommes cités par M. Bolton.

Ces derniers « ont négocié sur les moyens de restaurer la démocratie, mais, à ce jour, ils n’ont pas tenu les engagements qu’ils avaient pris », a-t-il relevé, tout en ajoutant, énigmatique, que des choses pouvaient encore se passer d’ici la fin de la journée.

Soutiens indéfectibles de Juan Guaidó depuis trois mois, les États-Unis estiment que le soulèvement militaire en cours ne peut être qualifié de coup d’État.

« Ce n’est clairement pas un coup d’État […] Le fait que Juan Guaidó prenne le contrôle de l’armée vénézuélienne n’est pas un coup d’État », a déclaré M. Bolton.

Alors qu’une certaine confusion régnait sur le terrain, où le gouvernement Maduro assurait avoir la situation sous contrôle, Washington a une nouvelle fois appelé Moscou à se tenir à l’écart du Venezuela.

« Les Russes ont joué un rôle contre-productif », a déclaré M. Abrams, espérant que le Kremlin lance un appel contre la violence.

Le ton monte depuis plusieurs semaines entre Washington, qui réclame le départ de Nicolas Maduro, et Moscou, qui accuse les États-Unis d’essayer d’organiser un « coup d’État » dans ce pays aux immenses réserves pétrolières.